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Jean-Pierre Lacroix : « Il faut un engagement plus fort des autorités maliennes »
Publié le dimanche 5 septembre 2021  |  Jeune Afrique
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© Autre presse par DR
Le Président de la Transition, Bah NDAW, reçoit en audience Jean-Pierre LACROIX
Bamako, le 21 Janvier 2021, le Président de la Transition, Bah NDAW, a reçu en audience Jean-Pierre LACROIX accompagné de Mahamat Saleh ANNADIF, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali.
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Transition délicate au Mali, fin de l’opération Barkhane, liens avec les mercenaires russes en Centrafrique… Le secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU livre son analyse sur ces crises.

Alors que les casques bleus onusiens sont engagés tant au Mali qu’en Centrafrique, Jean-Pierre Lacroix, le secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU, a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique sur les crises que traversent ces pays. Recrudescence de la violence au Sahel, prise du pouvoir par les militaires à Bamako, défiance des populations envers les forces de sécurité, ou encore concurrence des mercenaires russes sur le continent… nous l’avons rencontré lors de son passage à Paris.

Jeune Afrique : Dans une note, la Minusma souligne que l’insécurité a fortement augmenté dans le nord et le centre du Mali. Étant donné l’importance du dispositif sécuritaire déployé, comment expliquez-vous cette recrudescence de la violence ?

Jean-Pierre Lacroix : Outre les attaques jihadistes, nous faisons face à des affrontements entre les milices peuls, la katiba Macina ou encore les dogons dans le centre du Mali. L’affaiblissement de la présence de l’État, le dérèglement climatique et le manque de ressources expliquent en partie ces violences. Pour y faire face, la solution la plus efficace n’est pas militaire mais politique. Bien sûr, il faut relancer le volet sécuritaire de l’accord de paix de 2015 en favorisant le déploiement de l’armée reconstituée mais il faut aussi favoriser le retour de l’administration dans toutes les régions du pays.

Les casques bleus de la Minusma restent engagés sur le terrain pour sécuriser les zones qu’ils peuvent. Mais nous avons besoin d’un engagement plus fort de la part des autorités maliennes de transition.

LA FORCE FRANÇAISE SE RÉORGANISE AU SAHEL, MAIS ELLE NE PART PAS
Est-ce vraiment le bon moment pour retirer des troupes, comme va le faire la France, notamment à Tessalit, à Tombouctou ou encore à Mopti ?

Le « Barkhane autrement » aura forcément un impact pour nous, surtout dans les zones où nous opérons ensemble. Actuellement, nous travaillons de concert avec les autorités françaises pour que les conditions de cette nouvelle articulation soient clarifiées. Cela dit, la force française se réorganise, mais elle ne part pas. Et Paris n’est pas le seul partenaire dans la région, nous travaillons également avec la force européenne Takuba et les pays du G5 Sahel.

Après la prise de Kaboul par les Talibans, conséquence du retrait des soldats américains, la France ne devrait-elle pas revenir sur sa décision?

Je n’ai pas de conseils à donner aux autorités françaises. Ce qu’il faut désormais c’est que le G5 Sahel monte en puissance, avec de plus importantes ressources financières. La réponse sécuritaire viendra avant tout des pays de la région.

La Minusma va-t-elle se renforcer ?

Cela est nécessaire. Le secrétaire général de l’ONU a donc proposé un accroissement de ses effectifs aux membres du conseil de sécurité. Les discussions sont en cours…

IL EST INDISPENSABLE QUE LA TRANSITION MALIENNE ABOUTISSE RAPIDEMENT À DES ÉLECTIONS
Depuis votre dernière visite à Bamako en janvier dernier, lors de laquelle vous aviez rencontré Bah N’Daw et Moctar Ouane, les militaires ont renversé les autorités. C’était le deuxième coup d’État en moins d’un an. Êtes-vous inquiet?

Des élections présidentielle et législatives doivent se tenir dans cinq mois, ce qui devrait ramener de la stabilité. Le gouvernement doit respecter cet engagement.

Mais croyez-vous que ce calendrier sera tenu ?

C’est possible, mais il faut que le processus avance. La Cédéao et l’Union africaine y travaillent. L’insécurité est galopante, il y a urgence. Il est indispensable que cette transition aboutisse rapidement à ces élections.

Lors de sa visite à Alger, Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, n’a pas fermé la porté à un dialogue avec les « groupes radicaux » . Êtes-vous favorable à un dialogue avec les jihadistes ?

C’est aux autorités maliennes d’en décider. Mais il y a des éléments d’appréciation à prendre en compte : les jihadistes sont-ils prêts au dialogue ? Quel en serait l’objectif ? Si on n’a pas un minimum de réponses à ces questions, il est difficile d’engager ce type d’initiative.

En visite au Mali fin août, Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, a annoncé vouloir peser davantage sur le cours des évènements dans la sous-région. L’Algérie peut-elle endosser ce rôle ?

L’Algérie a un rôle important à jouer dans la région et le ministre Lamrama a une connaissance intime du dossier. Il veut redonner une impulsion à l’accord de paix de 2015. Cela va dans le bon sens.
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