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Affaire Commandant de la Forsat : Les autorités de la transition courbent l’échine
Publié le lundi 6 septembre 2021  |  Le Républicain
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie sortie de la 27è promotion de l`Ecole Nationale de Police
Bamako, le 08 juillet 2021, le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le Colonel-Major Daoud Aly MOHAMMEDINE a présidé à l’Ecole Nationale de Police Amadou TOURÉ dit Ghandi, la cérémonie de sortie de la 27ème promotion des Sous-Officiers de ladite Ecole.
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L’affaire du Commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, fait couler beaucoup d’encres et de salives au Mali. Incarcéré le matin du vendredi 3 septembre 2021 après son inculpation dans les tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako, le commandant de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT) a recouvré la liberté dans la soirée suite à une « démonstration de force » des policiers devant la prison centrale de Bamako. L’acte a été qualifié de « rébellion », de « chantage » et d’ « intimidation » par les syndicats des magistrats du Mali. Et pour l’AMDH, c’est une atteinte grave à la Démocratie et à l’État de droit au Mali.
Les autorités de la transition ont dû courber l’échine devant une horde de policiers en colère, le vendredi 3 septembre dernier. Le scenario est rocambolesque. Le Commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, commandant de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT), mis sous mandat de dépôt dans la matinée du vendredi 3 septembre 2021 dans l’affaire dite des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako (14 manifestants, dont deux enfants, ont été tués à Bamako par les forces de l’ordre au cours de ces journées de manifestation), a été libéré quelques heures plus tard. Arrêté par le juge Dembo Macina du cabinet d’instruction du tribunal de Grande Instance de la commune III de Bamako, l’ancien commandant de la Force Spéciale antiterroriste «FORSAT», avait été déféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako.



Il a été libéré, quelques heures plus tard, par des policiers en colère et armés qui ont pris d’assaut la Maison d’arrêt de Bamako après son arrestation. Selon le sergent de police, Boubacar Arama, porte-parole de la synergie des syndicats de la police, la libération du Commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, est une démonstration de force. « Cette démonstration de force était nécessaire, légitime et motivée. Il fallait une véritable démonstration de force. Trop, c’est trop ! La police a vraiment subi ces derniers temps. Nous sommes restés observateurs de la loi. On ne va plus l’accepter. À l’heure actuelle, la situation pour laquelle nous nous sommes rassemblés est d’ores et déjà réglée. Nous sommes les acteurs de la sécurité, c’est la police qui protège les institutions de l’État », a soutenu le porte-parole de la police, Boubacar Arama.

Rébellion », « chantage » et « intimidation »

Une journée après les évènements, le samedi 4 septembre, des syndicats des magistrats et l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) ont haussé le ton en condamnant « la rébellion d’un groupe d’agents de sécurité lourdement armé ayant orchestré, vendredi, l’ « évasion » de la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako du Commissaire Divisionnaire Oumar Samaké, commandant de la Force Spéciale Anti-Terroriste (FORSAT). » Selon le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM), le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA), la mission constitutionnelle d’exécution des lois ainsi que des décisions de justice est du seul ressort du pouvoir exécutif. « Toute carence dans l’accomplissement de ce devoir met à mal, inopportunément, l’autorité de l’État qui devrait pourtant demeurer intacte », précise, dans leur communiqué, les deux syndicats de la magistrature. Ils ajouteront : « Le pouvoir judiciaire qui est prêt, engagé et déterminé à combattre le crime sous ses multiples formes ne cédera ni au chantage ni à l’intimidation encore moins à une quelconque forme de manipulation. Il exige que ses décisions soient exécutées par le Gouvernement et que force demeure à la loi et à elle seule.» Pour les deux syndicats de la magistrature, « faute d’actions rigoureuses et vérifiables dans les meilleurs délais contre les auteurs et complices de cette rébellion, les syndicats de magistrats en tireront les conséquences par des actions syndicales dissuasives pour vaincre toute forme d’atteinte à l’autorité et à l’indépendance du pouvoir judiciaire .»

Pour l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), cette situation déplorable constitue une atteinte grave à la Démocratie et à l’Etat de droit au Mali. Elle a demandé aux « plus hautes autorités à s’assumer. » L’AMDH a, dans son communiqué, fustigé « cette obstruction au travail de la Justice par des agents chargés de l’application de la loi et les encourage à la retenue et au respect des règles de la déontologie et des principes républicains. » « L’AMDH s’étonne de l’attitude des plus hautes autorités face à la situation et les exhorte à prendre des mesures à la hauteur de la situation en restaurant la décision de la justice et en prenant des sanctions exemplaires contre des personnes impliquées», précise-t-elle. Selon l’AMDH, la lutte contre l’impunité doit se poursuivre sans discrimination aucune et elle craint que cette situation sape des efforts en cours en matière de la lutte contre l’impunité et risque de ternir l’image de la justice si des mesures idoines et rapides ne sont pas prises pour restaurer l’autorité de l’État et l’indépendance de la justice.

Madiassa Kaba Diakité
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