Le code pénal et les lois d’amnistie sont de retour dans la procédure législative. Il s’agit de deux textes aux antipodes du moins par la motivation qui les sous-tend. Et pour cause, pendant que l’un vise à réprimer d’anciens dignitaires pour leurs acquis matériels, l’autre est conçu pour blanchir les nouveaux pour des crimes. L’un a ainsi trait à lutte contre la délinquance financière et son corollaire d’enrichissement illicite. La nouvelle doctrine en la matière va consister désormais à frapper sur les biens accaparés par les présumés coupables. Pour ce faire, le code pénal vient d’effectuer un brusque retour dans la procédure législative pour les besoins d’adaptation aux objectifs nouveaux. Il est question, selon nos sources, d’y introduire de nouvelles dispositions tendant à soumettre les inculpés à des mesures conservatoires comme la possibilité de gel de leurs avoirs, de saisie de leurs biens, entre autres. Bonjour donc la guerre aux biens et patrimoines acquis par d’anciens dignitaires. À l’opposé, aucun effort n’est ménagé pour préserver les nouveaux tenants du pouvoir contre d’éventuels ennuis judiciaires en rapport avec leurs indélicatesses. C’est dans ce dessein que la loi d’amnistie, après un premier retrait spectaculaire de la procédure législative, vient de faire un retour tout aussi spectaculaire au Conseil National de Transition pour son extension à d’autres forfaitures de même nature. Il ne s’agit plus seulement d’exonérer le colonel Goïta et compagnie de la responsabilité d’avoir renversé IBK, mais aussi de les exempter de toute poursuite dans un autre crime imprescriptible : le deuxième putsch contre Bah N’Daw qui vient d’être libéré de sa détention extrajudiciaire avec son Premier ministre Moctar Ouane.
Le Pont de Bandiagara vole à nouveau en éclats
Il s’agit d’un équipement très stratégique et vital dont l’importance se mesure au rôle qu’il joue dans l’activité socio-économique de la nouvelle région de Bandiagara. La semaine dernière, précisément jeudi, les colonnes djihadistes y ont effectué deux passages dont le dernier aura été très fatal. Et pour cause, leur expédition s’est soldée par une explosion du pont et son endommagement tel que les habitants de Bandiagara pourraient demeurer longtemps coupés du reste du pays. Et pour cause, il s’agit de l’unique cordon d’accès à Sevaré et par conséquent au autres régions du Mali. Le pont de Bandiagara essuie ainsi sa deuxième expédition destructrice, qui intervient un an jour pour jour après une première explosion tout aussi dévastatrice. Le passage des djihadistes au même moment de l’année, selon les explications fournies par nos sources, participe d’une stratégie de guerre qui consiste à entraver les possibilités de circulation des populations et de mobilité des forces armées pendant le contrôle de certains endroits ciblés par des opérations annuelles ponctuelles.
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Dicko 1 et Dicko 2
Mahmoud Dicko
Mahmoud Dicko
C’est un terme très répandu dans le milieu des agents de sécurité, lesquels l’utilisent pour désigner les deux familles du célèbre Imam Mahmoud Dicko. En effet, pour ceux qui ne le savent pas, l’ancienne autorité morale est à cheval entre deux demeures : L’une bien connue à Badalabougou et l’autre peu connue à Baco Djikoroni. Une situation qui oblige beaucoup d’agents affectés à sa protection à faire la navette entre «Dicko1 et Dicko2». Au fait, le président d’honneur de la CMAS bénéficie des privilèges d’une garde personnelle à domicile, qui lui a été affectée depuis que les protestations populaires contre IBK et son régime ont pris certaines proportions. La partie est terminée après le renversement d’IBK, mais pas pour Mahmoud Dicko qui continue à jouir des mêmes avantages qu’une haute personnalité étatique. En tout cas, les agents de sécurité, qui en supportent le calvaire, s’interrogent sans cesse sur les motifs pour lesquels il continue à jouir de tels privilèges. L’ancien président du Haut conseil islamique n’est certes pas la seule personnalité jouissant de tels avantages indus, mais il est le seul qui en profite de manière disproportionnée à son rang dans le système protocolaire de la République.