Le dictionnaire Robert définit la loi comme : « la règle ou ensemble de règles obligatoires établies par l’autorité souveraine d’une société et sanctionnées par la force publique ». Afin de de maintenir l’ordre public, la loi doit s’appliquer indistinctement à tous les sujets de droit afin d’assurer la stabilité de la société et celle des institutions. Au Mali, ce sont la Police, la Gendarmerie et la Garde Nationale qui constituent les Forces de Sécurité, en charge du maintien de l’ordre. Leurs éléments sont des justiciables qui doivent, en cas de fautes professionnelles avérées, répondre de leurs actes.
L’inculpation et le placement sous mandat de dépôt, le vendredi 03 septembre, à la Maison Centrale d’Arrêt ( MCA) de Bamako Coura par le premier cabinet du Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, dans l’affaire dite “des évènements des 10, 11 et 12 juillet 2020”, intervenue lors des manifestations organisées par le M5-RFP, du commissaire divisionnaire Oumar Samaké, chef de la FORSAT de l’unité de police, intervenait certainement pour que celui-ci s’explique devant la Justice pour les faits à lui reprochés. Mais un groupe d’agents de police lourdement armés, sous la houlette de leurs syndicats, ont préféré s’insurger pour l’en extraire. Il a heureusement fallu la retenue des gardiens de la MCA pour éviter un conflit meurtrier entre les deux corps armés.
Ce gravissime acte posé par des éléments de la Police nationale a évidemment provoqué l’ire de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) ainsi que des syndicats de magistrats (SAM et SYLIMA). Ces derniers, le qualifiant de « rébellion », de « chantage » et d’ « intimidation », ont, à juste titre, réclamé le retour en détention du commandant exfiltré et des sanctions exemplaires contre les auteurs des troubles ayant occasionné son évasion. Le peuple malien, aussi indigné par l’attitude des limiers, réclame que la justice soit distribuée dans cette affaire de rébellion, conformément aux lois de la république.
Même si le Commissaire Samaké s’est finalement rendu, ce lundi 06 courant, au camp N°1 pour se reconstituer prisonnier, le pouvoir exécutif doit davantage s’assumer en infligeant de lourdes sanctions aux principaux commanditaires de cette insurrection. Or le Communiqué publié par le Gouvernement Choguel, au lendemain de l’insurrection armée des policiers, caresse plutôt les policiers. Il ne se borne qu’à une simple condamnation de leur acte de rébellion. Pire, en omettant de nommer explicitement la police qu’il « exhorte à remplir sa mission régalienne dans le dévouement », l’exécutif affiche une impression d’impuissance notoire. Il ne rassure point.
Toutefois, dans l’intérêt de l’Etat de Droit et de la bonne marche du système démocratique dans notre pays, il faut forcement que le Gouvernement de Transition œuvre instamment à asseoir l’autorité judiciaire. Qu’il fasse aussi et surtout preuve de rigueur dans la gestion de cette rébellion, sans précédent, des policiers contre l’autorité judiciaire afin qu’elle ne se reproduise plus jamais dans notre pays. Il y va de sa crédibilité au plan national et international !