Alors même que les chronogrammes des élections, tant réclamées, n’ont pas été dévoilés, des ambitions présidentielles sont affichées publiquement. Les communiqués faits par certains partis réclamant le respect scrupuleux du délai fixé pour la Transition, sont suivis par certaines annonces de candidatures de part et d’autre.
L’Offre Publique d’achat (OPA) lancée par L’ex-PM sur l’URD fait jaser. Le dauphin de l’ex-président de la République, l’ennemi politique juré de feu Soumaila Cissé, a réussi à créer une discorde entre les cadres du parti, tête de fil de l’opposition. En mal de trouver un digne remplaçant du numéro 10 et peut-être même pour des raisons d’ordre financier, le parti connaît des difficultés d’ordre structurel. En effet, on assiste, surpris, à la création de deux pôles malgré les efforts fournis par la direction pour unifier Le parti serait-il à vendre ? Malgré les appels à la raison du Professeur Salikou, l’URD semble naviguer entre deux eaux. La place de l’ancien champion est convoitée et cette discordance au sein du parti pourrait bien le fragiliser et lui faire perdre sa position de tête de fil.
Le candidat à l’achat, le Dr Boubou Cissé, pourrait bien parvenir à s’imposer. Mais il n’en tirera pas tous les bénéfices attendus. Sa côte de popularité pourrait être entachée par la défiance que voue une majorité du peuple à l’ancien régime dont il fut le bras droit et l’homme de confiance. Il ferait bien de laisser passer ce tour et s’engager au sein du parti afin d’accroître sa légitimité. L’homme ne manque pas de qualité et d’expérience professionnelle, mais la récente volte-face ne lui permettra pas d’obtenir le pôle position. Et cela d’autant plus vrai que, en dépit de la présomption d’innocence, son nom n’est pas totalement blanchi des sombres affaires toujours à l’ordre du jour de la transition.
En effet, d’autres candidats présidentiables, notamment Cheick Modibo Diarra (CMD) et Mara pourraient créer une surprise aux prochaines élections. En tête, CMD, notamment parce qu’il pourrait bien incarner une certaine autorité dont le pays a grand besoin, demeure un candidat plus crédible. Stable dans ses postures, il avait su fédéré autour de lui un certain nombre de personnalités dans sa coalition en 2017. S’il décidait de se représenter, en promettant le poste de PM à Mara, ensemble ils changeront la donne. Mara, quoi que demeurant un élément de très grande valeur, s’étant illustré par son talent et des engagements patriotiques, peinera, s’il décidait de faire cavalier seul, à mobiliser le peuple dans sa majorité. L’actuel PM, écarté du jeu en raison de sa participation à la transition, ne peut qu’espérer une prorogation et la conservation de son poste.
D’autres candidats, tapis dans l’ombre pour le moment, Tiéman Huber ou Maître Tapo, peuvent jouer les trouble-fêtes. Mais à moins de s’allier à d’autres candidats, ils ne réaliseront qu’un score faible. Enfin, si SBM sort victorieux du combat judiciaire dans lequel il a été contraint, il n’influencera que faiblement l’issue des concertations. Et cela est d’autant plus vrai qu’il ne semble pas avoir la bénédiction des autorités religieuses, faiseurs de roi.
Cependant, la démocratie Malienne étant très particulière, il est hasardeux de faire un pronostic fiable. L’achat de conscience, le trucage des élections et autres vices peuvent orienter radicalement l’issue des élections. On n’est donc pas à l’abri de nouvelles contestations. Elles inciteront une intervention armée, les coups d’État devenant une pratique « démocratique » à l’échelon de la sous-région.