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Institutions de microfinance du Mali : Perte de 2,9 milliards de Fcfa en 2020 – 2 blâmes et 1 avertissement
Publié le samedi 11 septembre 2021  |  Aujourd`hui
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Selon les données statistiques de l’année 2020 publiées par la Commission bancaire de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), les institutions de microfinance de la zone monétaire ont affiché un total de bilan de 2 561,0 milliards Fcfa, en progression de 9,1% par rapport à fin 2019. Leurs emplois nets se sont accrus de 6,4%, pour atteindre 1 786,0 milliards Fcfa à fin 2020. Quant aux ressources, elles ont augmenté de 8,7% pour se fixer à 1 932,8 milliards Fcfa. Les taux, brut et net de dégradation du portefeuille se sont établis, respectivement, à 9,2% et 8,1% à fin 2020, en hausse de 5,3 points et 5,0 points de pourcentage par rapport à 2019. Les 17 systèmes financiers décentralisés (SFD) du Mali qui ont un total bilan représentant seulement 8,7% du total bilan de l’Umoa, ont enregistré des pertes de 2,9 milliards de Fcfa.
Sur la base des données comptables reçues par la Commission bancaire de l’Umoa au titre des deux derniers exercices, à savoir 2018 et 2019, le nombre de SFD relevant de l’article 44 a augmenté de quatorze (14) unités pour s’établir à cent quatre vingt huit (188) institutions.



Il faut préciser que, selon les dispositions de l’article 44 de la Loi portant réglementation des Systèmes financiers décentralisés et celles de l’Instruction n° 007-06-2010 de la Bcéao relative aux modalités de contrôle et de sanction des Sfd par la Bcéao et la Commission bancaire de l’Umoa, la Banque centrale et la Commission bancaire procèdent, après information du Ministre, au contrôle de tout système financier décentralisé, dont le niveau d’activités atteint un seuil de deux (2) milliards de Fcfa d’encours de dépôts ou de crédits au terme de deux (2) exercices consécutifs.

Le paysage des Sfd relevant de l’article 44 est composé de quatre-vingt-quatre (84) réseaux et institutions unitaires et cent quatre (104) caisses de base affiliées à un réseau. Les réseaux et institutions unitaires englobent des sociétés, des associations, des réseaux et des Institutions mutualistes ou Coopératives d’épargne et de crédit (Imcec) non affiliées. Le ratio moyen de capitalisation des SFD de l’Umoa est ressorti à 22,9% en 2020 contre 22,6% en 2019, pour une norme minimale de 15%.

Total bilan des SFD du Mali : 8,7% de celui de l’Umoa

Les données financières et statistiques analysées par la Commission bancaire concernent cent quatre vingt deux (182) SFD, soit 96,8% des institutions de grande taille. Pour le Mali, il s’agit de 17 SFD, répartis comme suit : dix (10) réseaux et institutions unitaires (trois (3) sociétés, deux (2) associations et cinq (5) réseaux). S’y ajoutent dix (10) caisses de base affiliées à un réseau. Leur total bilan pèse seulement 8,7% du total bilan de l’ensemble des SFD de l’Umoa, aussi bien en 2020 qu’en 2021.

A fin 2020, ces établissements de l’Umoa ont affiché un total de bilan de 2 561 milliards de Fcfa, en augmentation de 9,1% par rapport à fin 2019, en liaison avec l’évolution des actifs en Côte d’Ivoire (+16,4%), au Burkina (+14,3%), au Niger (+12,5%), au Mali (+9,1%), au Benin (+6,3%), au Togo (+5,7%) et au Sénégal (+4,5%).

Les crédits à la clientèle se sont consolidés de 5,6%, en rythme annuel, pour s’établir à 1 447,9 milliards de Fcfa à fin 2020. Ils sont composés des crédits à court terme, des crédits à moyen terme, des crédits à long terme, des créances en souffrance et des opérations de crédit bail.Les crédits à court terme chiffrés à 634,2 milliards de Fcfa, soit 43,8% du total des crédits, ont enregistré une baisse annuelle de 0,5%. Quant aux crédits à moyen terme, ils s’élèvent à 393,8 milliards de Fcfa à fin 2020. Totalisant 27,2% des crédits, ils ont accusé un repli annuel de 7,9%. Les crédits à long terme sont évalués à 301,5 milliards à fin 2020, soit 20,8% de l’ensemble des crédits. Ils ont connu un accroissement de 14,6% en rythme annuel.

Recul des immobilisations financières de 4,5% dans l’Umoa

Les créances en souffrance nettes, établies à 118,3 milliards de Fcfa contre 42,9 milliards de Fcfa un an plus tôt, enregistrent une variation annuelle de 175,9%. Les titres de placement sont évalués à 8,8 milliards de Fcfa à fin 2020, en hausse de 36,1% par rapport à l’exercice précédent.

Les immobilisations financières ont reculé de 4,5% sur une année, pour ressortir à 39,8 milliards de Fcfa. Les autres immobilisations ont progressé de 6,4%, en glissement annuel, pour se situer à 124,4 milliards de Fcfa en 2020.

Quant aux divers emplois (créances rattachées, comptes de stocks, débiteurs divers, comptes d’ordre et divers, etc.), leur niveau a atteint 152,2 milliards de Fcfa en 2020, se consolidant de 6,4% par rapport à 2019.

Les ressources mobilisées par les Sfd relevant de l’article 44 ont progressé de 8,7%, en glissement annuel, pour atteindre 1 933,5 milliards de Fcfa au 31 décembre 2020. Elles sont composées des dépôts et emprunts (62,4%), des fonds propres nets (30,4%) et des autres ressources (7,2%).

Les dépôts et emprunts ont affiché une hausse, en rythme annuel, de 8% à fin 2020, pour ressortir à 1 206,8 milliards de Fcfa. Ils sont constitués des dépôts à vue et à terme, dans des proportions respectives de 55,4% et 44,6%.

Les fonds propres nets des Sfd relevant de l’article 44 ont augmenté de 10,7% pour s’établir à 586,9 milliards de Fcfa contre 530,0 milliards Fcfa à fin 2019.

Quant aux autres ressources (dettes rattachées, versements à effectuer sur titres et immobilisations financières, comptes d’ordre et divers, provisions pour risques et charges), elles ont augmenté de 6,9% pour se fixer à 139,8 milliards de Fcfa à fin décembre 2020.

Marge bénéficiaire en croissance de 0,6%, en rythme annuel dans l’Umoa

La trésorerie des Sfd relevant de l’article 44 est demeurée excédentaire, en s’affichant à 160,4 milliards de Fcfa à fin 2020 contre 99,4 milliards un an plus tôt, soit une amélioration de 61,4%. Cette tendance résulte d’une progression des ressources (+8,7%) plus importante que celle des emplois (+6,4%).

Au 31 décembre 2020, le Produit net financier (PNF) des Sfd relevant de l’article 44 s’est établi à 257,4 milliards de Fcfa, en croissance de 0,6%, en rythme annuel.

Notons que la marge bénéficiaire, qui mesure la part du résultat d’exploitation dégagée sur le montant total des produits d’exploitation, a affiché une baisse de 3,9 points de pourcentage entre 2019 et 2020, en passant de 7,7% à 3,8%, pour une norme minimale de 20%.

Les bénéfices se répartissent, par ordre d’importance, entre le Sénégal (8,5 milliards de Fcfa), le Burkina (5,4 milliards de Fcfa), la Côte d’Ivoire (4,2 milliards de Fcfa), le Bénin (3,2 milliards de Fcfa) et le Togo (1,8 milliard de Fcfa). Le Mali et le Niger ont enregistré des pertes respectives de 2,9 milliards de Fcfa et 1,4 milliard de Fcfa.

Sanctions disciplinaires

Relevons qu’en vertu des dispositions des articles 31 et 32 de l’Annexe à la Convention régissant la Commission bancaire, l’Autorité de contrôle a pris, après avoir dûment convoqué et entendu les dirigeants d’établissements de Sfd installés dans l’Umoa, des sanctions disciplinaires, à savoir six (6) blâmes et un (1) avertissement. Notamment des blâmes à l’encontre de quatre (4) établissements de crédit : au Bénin (1), au Burkina (1) et au Sénégal (2) ; blâme à l’encontre d’un Sfd installé au Mali (1) ; blâme à l’encontre d’un dirigeant d’un Sfd du Mali (1) et un avertissement à l’encontre d’un (1) dirigeant d’un Sfd du Mali. Comme on le voit donc, sur les sept mesures disciplinaires annoncées, trois (3) concernent le Mali.

Amadou Bamba NIANG
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