A l’hôtel des finances, tout le monde retient son souffle. Le maître des lieux avec son calme olympien d’un banquier bombardé à la tête du département souverain de l’Economie et des Finances gère à sa guise les affaires. Quoi de plus normal, sauf que tous les observateurs et partenaires économiques de notre pays ne voient aucune lisibilité, encore moins de visibilité dans ses actions.
Le ministre Alousséni Sanou rame au sens contraire, dans un bateau où il mène le président de la transition et tout le Gouvernement avec.
Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, lors de sa rencontre la semaine passée avec les ambassadeurs et partenaires financiers de notre pays a justifié le processus vigoureux de lutte contre l’impunité et la corruption pour donner un sens au changement souhaité et effectué par la majorité des Maliens. C’est pourquoi la réouverture de certains dossiers, tels l’achat de l’avion présidentiel, le marché des équipements militaires a été saluée des mains et des pieds par une frange importante de la population. Mais au moment où le Premier ministre et son ministre de la Justice sont engagés sur ce chantier important de la bonne gouvernance, certains membres du Gouvernement, dont l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, sont en train de couper l’herbe sous leurs pieds au vu et au su de tout le monde. C’est pourquoi sur de nombreux forums sur les réseaux sociaux et les débats des médias, les Maliens exigent d’abord à la transition de balayer devant sa porte avant de vouloir monter sur l’arbre de la transparence.
Agé de 56 ans, ancien directeur financier et comptable de la Bnda, le ministre Sanou n’a aucune expérience de la gestion des finances publiques et ne veut s’accommoder avec aucun collaborateur ayant une réputation en ce sens. C’est pourquoi, comme une chasse à la sorcière, jouissant des accointances de la junte, il est en train de briser la carrière de nombreux cadres valables, autant au sein du ministère de l’Economie et de Finances que des services et directions rattachés. Cela, sans se soucier des conséquences fâcheuses que cela pourra avoir sur la mobilisation des recettes publiques, la conduite transparente des affaires et le devoir de résultat auquel le régime de la transition doit faire montre à la fin de l’exercice budgétaire afin de convaincre les partenaires financiers sur le sérieux du régime de la transition.
Ce qui est plus grave, au moment où cet ancien cadre des banques fait sauter des honnêtes commis d’Etat, il est aussi en train de bombarder ses proches à des postes stratégiques afin de mieux se la couler douce. Le cas le plus flagrant a été la nomination de son chef de cabinet comme Directeur général du PMU-Mali. Et à la surprise générale, sans aucun motif valable, lors du dernier conseil des ministres, il a remplacé la Directrice des Finances et du Matériel de son ministère, à savoir Mme Sissao Yakaré Tounkara. Cette décision a suscité de l’émoi et de la stupéfaction chez tous les travailleurs de l’hôtel des finances, au regard de l’exemplarité et de la transparence dont cette bonne dame a fait preuve en tant que DFM.
La question que tout le monde se pose est de savoir si le Président de la transition et le Premier ministre accepteront de ramer dans le même sens que le ministre Alousséni Sanou ? En tout état de cause, comme il n’y a jamais de fumée sans feu, en acceptant cette bavure d’un ministre ‘’commerçant’’ le colonel Assimi et le PM Choguel seront traduits devant le tribunal de l’histoire au même titre que lui. Lequel, qui par chacun de ses actes posés depuis sa nomination donne raison à l’ancien PM Moctar Ouane qui ne voulait pas le reconduire dans son Gouvernement. Cela, pour des raisons bien objectives et à cause des casseroles bien sales que cet ancien cadre des banques traine déjà.
Pour la petite histoire, c’est la bagatelle somme de 101 millions de francs qui a été débloquée pour la rénovation de sa résidence, près du Grand hôtel de Bamako. Ce n’est pas tout, car comme un éléphant dans un magasin de porcelaines, ce nouveau patron de l’hôtel des finances est en train de casser tout sur son passage. Ce, en complicité avec certains fournisseurs qui clament haut et fort leur superpuissance dans les couloirs du ministère de l’Economie et des Finances.
Affaire à suivre.
Source : le journal L’Alerte
N.D