Opposé farouchement à la décision de l’Avocat général près la Cour suprême, de mettre sous mandat de dépôt, l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et la ministre des finances Mme Bouaré Fily Sissoko, dans l’affaire dite ‘’de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires en 2014’’, le premier Avocat général près la Cour suprême, Cheick Mohamed Cherif Koné, est renvoyé de son poste. Son décret de nomination a été abrogé le 08 septembre dernier.
La surprise fut générale ! L’opinion publique est abasourdie devant un tel acte sur la personne d’un magistrat de classe exceptionnelle, ayant servi son pays plus de trente-cinq ans.
En effet, le décret d’abrogation de la nomination du premier Avocat général près la Cour suprême est un coup dur pour la liberté d’expression. Cheick Mohamed Cherif Koné paye donc pour n’avoir pas gardé sa langue. L’acte posé par les autorités de la transition est diversement apprécié. Certains estiment que le gouvernement ne devrait pas lui remercier de la sorte, vu son parcours professionnel au service de l’Etat. D’autres par contre trouvent qu’il s’est trop affiché, à la limite comme un défenseur des mis en cause.
Dans sa lettre de dix pages adressée au président de la transition Assimi Goita, avec ampliation à des institutions et organismes nationaux et internationaux, Cheick Mohamed Cherif Koné ne mâche pas ses mots. Il explique les raisons qui l’opposent à la décision d’arrestation des présumés coupables dans l’affaire dite de ‘’l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires’’, alors que, seule la Haute Cour de Justice y était habilitée.
« Certes, les populations sont exaspérées par les scandales de détournement de deniers publics, reconnait Cheick Mohamed Cherif Koné. Toutefois, cela ne saurait justifier qu’une Cour suprême tombe aussi bas dans le populisme pour transgresser la Constitution et les lois de la République d’une part, et d’autre part pour poser des actes attentatoires aux droits fondamentaux d’une catégorie de citoyens présentés sous un angle négatif et sans raison par la rue et les réseaux sociaux, voire des adversaires politiques, comme des ‘’intouchables’’, estime-t-il ».
Déterminé à mener le combat de sa réhabilitation, de son honneur, il a dit dans sa lettre ceci : ‘’les instances internationales habilitées que j’ai décidé de saisir, sauront me mettre dans mes droits et dans tous mes droits, nonobstant le recours que j’entends exercer contre ce décret pour qu’il soit retiré définitivement de notre ordonnancement juridique comme étant une humiliation pour la République, la démocratie et l’Etat de droit’’.
« Je ne laisserai pas un gouvernement de transition, me vilipender à tort et à travers », a-t-il conclue.
En somme, il faut dire que la liberté d’expression est en danger dans notre pays. Ce qui prouve qu’il y a péril en la demeure.