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De la crise institutionnelle au diktat de la CEDEAO : Quelles propositions pour une transition réussie ?
Publié le jeudi 16 septembre 2021  |  le pelican
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Au Mali, 2018 et 2020, sont deux années charnières dans la vie socio-politique du pays, marquées respectivement, par l’organisation des élections présidentielles et législatives dans le double contexte sécuritaire (menaces djihadistes) et sanitaire du fait du COVID-19. En 2018, IBK sera réélu Président de la République, à l’issue du deuxième tour. Pendant des mois, les résultats de cette élection seront contestés par l’opposition regroupée au sein du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), dans certaines localités du pays où de nombreuses irrégularités avaient été signalées.
Comme si cela ne suffisait pas, les législatives de 2020 vont plonger le pays dans une profonde crise socio-politique du fait également, de leur manque de sincérité (nombreuses irrégularités, fraudes massives, bourrages d’urnes, etc.), Les résultats seront contestés par les partis politiques de l’opposition et les organisations de la société civile regroupés au sein d’une plateforme dénommée M5-RFP (Mouvement du 5 juin du Rassemblement des Forces Patriotiques du 5 juin). Ils vont demander l’annulation de ce scrutin dans certains villages et villes des régions du Nord et dans les régions de Mopti, Sikasso et Kayes. Des manifestations de rues y seront organisées et vont s’installer dans la durée.



C’est le début d’une longue série de crises face auxquelles, le pouvoir durcit le ton en procédant à des intimidations, à des arrestations extra-judiciaires, et à des répressions violentes contre les manifestants aux mains nues. Pour le M5RFP, le point de non-retour était atteint quand les 10, 11 et 12 juillet 2020, plusieurs de ses militants sont tués devant la mosquée de l’imam Mahamoud Dicko à Badalabougou. L’anarchie et le chaos s’installent partout dans le pays.

C’est dans cette situation tumultueuse qu’intervient le 18 août 2020, un coup d’Etat militaire dirigé par le Colonel-Major Assimi Goïta. L’opération minutieusement menée sans heurt, clôt provisoirement une période de tensions politico-sociales aiguës. Un Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), est mis en place pour diriger une période de transition. Au lendemain du 18 août, les condamnations extrêmement fermes, pleuvent de partout. La communauté internationale dont la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) par la voix des chefs d’Etat, condamne le coup de force par des sanctions fortes (suspension du Mali de toutes les instances de l’institution sous-régionale, embargo sur l’ensemble des transactions économiques, commerciales et financières, etc.).

Des mesures drastiques qui en réalité, étaient destinées à déstabiliser davantage, un pays déjà exsangue et dont l’existence est menacée par sept années de gouvernance catastrophique d’IBK et de son Gouvernement. Premier diktat de la CEADEAO ! Le 22 août, une délégation de la CEDEAO conduite par l’ancien Président du Nigéria Goodluck Jonathan, arrive à Bamako. Après des jours d’âpres discussions avec la junte militaire, la classe politique, le M5RFP et la société civile, il a été convenu les mesures suivantes : mise en place d’un Président civil, d’un Vice-président militaire, d’un Premier Ministre civil et d’une durée de 18 mois pour la transition. Ce qui apparaissait aux yeux de la plupart des maliens, encore comme un diktat, le second ! Pendant ce temps, la mauvaise gouvernance fait son chemin, le pays bascule dans l’insécurité permanente et généralisée, perpétrée par les djihadistes qui attaquent des camps militaires, tuent en masse civils et militaires, détruisent des villages et des greniers, attaquent les symboles de l’Etat (absence du personnel de commandement, destruction des bâtiments administratifs, etc.) dans le Nord et le Centre du pays.

Ce triste bilan exaspéré par les conflits intra-communautaires dans le Centre du pays, aboutit à la déliquescence de l’Etat qui s’enfonce davantage dans une atmosphère de crispation, de défiance et de manque de confiance entre les autorités de la Transition et les acteurs politiques de l’ancienne majorité présidentielle ; ceux-ci accusant les premières de vouloir s’éterniser au pouvoir. Cette situation si grave soit-elle, n’a à aucune occasion, fait l’objet de discussions entre les autorités politiques et militaires du pays et la délégation de la CEDEAO qui a superbement ignoré les vraies souffrances du Peuple malien.

Du 05 au 07 septembre 2021, le principal médiateur Goodluck Jonathan de la CEDEAO arrive une fois de plus, à Bamako. Au cours de cette visite, la délégation rencontre les autorités de la Transition dont le Premier Ministre Choguel K. Maïga à qui, les mesures suivantes sont soumises : le respect scrupuleux du calendrier électoral assorti d’un chronogramme, la fin sans condition de la durée de la transition à 18 mois, le refus d’une révision constitutionnelle. Ce comportement de la délégation apparait comme une épée de Damoclès que la CEDEAO fait peser sur la tête du Peuple souverain du Mali, troisième diktat.

Ceci nous pousse à nous poser quelques interrogations sur cette institution sous-régionale. A-t-elle été créée pour résoudre des problèmes ou pour en ajouter en imposant son diktat aux pays Etats membres, chaque fois qu’une rupture de l’ordre constitutionnel intervient ? Qu’a-t-elle fait depuis sa création en 1975, pour intervenir au Libéria et en Sierra-Leone quand dans les années 80, ces pays étaient déchirés par d’atroces guerres civiles, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, frappés par le terrorisme depuis 2015 ? Et ce, malgré la mise en place par la CEDEAO en 1999, d’une force d’intervention dénommée l’ECOMOG, dont les principales missions sont : l’observation, la supervision des cessez-le-feu, le maintien de la paix, l’intervention humanitaire, le déploiement préventif, la construction de la paix, le désarmement et la démobilisation.

Qu’a-t-elle pu faire face à la mauvaise gouvernance dans les Etats membres, et encore quand en Côte d’ivoire et en Guinée, Alassane Ouattara et Alpha Condé, ont tripatouillé la constitution de leurs pays pour s’offrir un troisième mandat ? La CEDEAO, j’allais dire, le Club des Chefs d’Etat, a pour toutes ces questions, brillé par son immobilisme, son incompétence, son manque de vision, de pragmatisme et d’anticipation. Au Mali, on sait désormais qu’elle bénéficie du soutien discret de certains hommes politiques qui passent tout leur temps dans les salons feutrés de Bamako et des capitales occidentales, à vilipender, calomnier et accuser les autorités de la Transition de vouloir prolonger la durée de la transition. Cette CEDEAO, a toujours fait une mauvaise lecture du problème malien, en le ramenant à la seule question électorale pendant que le pays est menacé dans son existence.

Transition et Prorogation, parlons-en ! Au Mali, depuis la mise en place des Organes de Transition, les acteurs politiques sont divisés autour de la question de la prorogation ou non de la Transition et du calendrier électoral. La plupart d’entre eux, sont aveuglés par la haine et la vengeance et continuent de jouer à la fanfaronnade, à la démagogie et à l’hypocrisie. Ces politiciens mythomanes et dont la langue est pire que l’épée de Zorro, ont trahi la République qu’ils ont livrée à une certaine communauté internationale qui impose sa loi comme dans une jungle. Pendant ce temps, le pays est menacé par les djihadistes qui massacrent presque tous les jours, détruisent des villages et des greniers et imposent une charia contraire aux prescriptions du Coran et en totale contradiction avec les lois de la République laïque du Mali. Le pays, bien que faibli par une série de crises, résiste tant bien que mal. Face à ce tableau apocalyptique, la prolongation de la Transition devient aujourd’hui, plus qu’une nécessité, un impératif afin de sauver la République en péril. Pour ce faire, nous avons le devoir de soutenir les actions des Autorités de la Transition 2, dans leur volonté de refondation de l’Etat et dans leur lutte contre la mauvaise gouvernance. Déjà en moins de 4 mois, elles ont enregistré quelques résultats encourageants : arrestations de quelques personnalités accusées dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, de l’équipement militaire, actions sociales de solidarité du Président de la Transition par des dons de forages aux communautés les plus nécessiteuses, rénovation des milliers de salles de classes à travers le pays, reprise des travaux du futur bâtiment du service de cardiologie du Point G, arrivée et installation d’un nouveau scanner de dernière génération pour le compte du même hôpital, etc.).

Notre soutien également, à notre Justice animée aujourd’hui, par une nouvelle génération de Magistrats patriotes, honnêtes et dévoués, fortement engagés dans la lutte implacable contre la corruption, la gabegie financière et l’impunité. C’est quand « l’écurie » aura été suffisamment nettoyée des fossoyeurs de la République, la sécurité dans les villes et villages aura été assurée au maximum, et la justice rendue au nom du Peuple, que nous pouvons organiser dans la confiance retrouvée et la sérénité, des élections inclusives, crédibles et transparentes sur toute l’étendue du territoire national. Pour le succès d’une transition prolongée et apaisée, nos prières et nos bénédictions seront très utiles, pour accompagner la République, en vue de l’émergence d’un Mali uni, fort et prospère !

Dr. Allaye GARANGO, Enseignant-chercheur ENSup – Bamako
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