Le 31 août 2021, les Etats Unis d’Amérique tournaient définitivement le dos, devant le monde entier, à l’Afghanistan après de très longues années de protection, suite à l’invasion de pays par les rebelles talibans. L’écho de cet échec retentissant de l’une des plus grandes armées du monde, si ce n’est la plus grande, face à l’ennemi Taliban, fait trembler pas mal de pays africains qui se trouvent dans la même configuration et plus particulièrement le Mali dont la nature de la faillite de la coopération militaire et de l’Etat a des analogies avec celle de l’Afghanistan. Dans l’optique d’éluder un probable scénario similaire au cas afghan, les autorités maliennes semblent vouloir cheminer vers une diversification légitime en termes de partenariat militaire. Il n’en fallait pas autant pour effaroucher la France, partenaire privilégié. En effet, depuis les premières rumeurs sur cet accord, putatif jusqu’à preuve du contraire, entre le Mali et la société paramilitaire privée russe « Wagner », la France, par la voix de son ministre des affaires étrangères, qui n’a que trop considéré le Mali de haut, tient des menaces saugrenues à l’endroit d’un pays qui traverse une crise tout simplement existentielle. Selon toute vraisemblance, la France veut mystérieusement être l’Alpha et l’Omega de la crise malienne, exerçant ainsi une intense pression de musèlement et d’inaction sur un État logé entre marteau et enclume. La meilleure façon d’estomper la frilosité d’un irrésolu, c’est un bon coup de tonus et cela le peuple malien l’a bien compris. Avec un grand plébiscite, avant même confirmation, d’un prétendu accord entre le Mali et la société privée Wagner, il faut reconnaître que l’écrasante majorité des maliens ne voient aucune alternative à un tel compromis préjugé salvateur. Par ailleurs avec l’option de la France pour une réduction de troupes ainsi que son souhait d’engager un déploiement plus léger au Mali en juin 2021 – suivi dans la foulée par le retrait définitif des troupes américaines d’un Afghanistan abandonné à son triste sort -, les Maliens semblent être suffisamment avertis sur les limites des grandes puissances mais également de leurs intentions inavouées et tartuffes. D’où l’utilité indéniable d’une diversification intelligente de partenariat, surtout que celui en vue semble être de loin le plus fructueux. Et ce n’est pas la Syrie de Bachar Al Assad ni la Centrafrique de Faustin-Archange Touadera qui nous diront le contraire. D’autre part, le Mali fait face à un véritable choix cornélien entre sous-traiter sa sécurité avec des mercenaires de la société paramilitaire privée russe « Wagner » – faisant ainsi volteface à la communauté internationale et une France qui sera sans doute revancharde – ou continuer avec une coopération militaire qui a révélé montré toutes ses limites. En tout cas, le peuple malien est indigné de voir que la France s’insurger contre une situation dont elle est pourtant l’instigatrice et ce n’est pas la tête de quelques leaders djihadistes renommés qui changera l’actuelle donne. En définitive, le Mali est sur une pente plus que glissante, il convient cependant de ne pas se leurrer au point de croire qu’il y’a un partenariat militaire gagnant-gagnant avec les puissances étrangères. Alors faisons ce qui est convenable en sachant que chaque pas dans cet infernal labyrinthe peut être fatal.