Le magistrat Cherif Koné, c’est de lui qu’il s’agit, ne lâche pas prise après son limogeage comme avocat-général près la Cour suprême. Après un brûlot tonitruant qui dépèce la distribution de la justice au Mali et la met à nu aux yeux de l’international, le président de Référence Syndicale des Magistrat et de l’Association des Procureurs et Poursuivants est derechef sorti pour prendre en défaut la plus haute juridiction du Mali sur d’autres bévues administratives. Une autre correspondance, la semaine dernière, vient en effet mettre sous les projecteurs le président de cette institution. Ce dernier a commis l’indélicatesse de notifier à l’avocat – général sa révocation par le chef de l’Etat, en s’y prenant par la plus mauvaise des démarches. En plus de lui faire transmettre la correspondance par un coursier, la version du décret de révocation parvenue au destinataire ne semble pas exploitable puisqu’il s’agit d’une photocopie. Or l’intéressé a besoin de l’original du décret pour engager la procédure judiciaire qu’il envisage d’opposer à la mesure présidentielle. Faute de quoi, la spoliation aura été poussée jusqu’à son droit inaliénable au recours.
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Corruption et le favoritisme, deux chefs d’inculpation inopérants
Le public malien aura droit peut-être au tout premier procès sur la corruption au Mali, si le dossier dit des équipements militaires était enrôlé avec des justiciables de la Haute Cour de Justice. En effet, c’est la première fois que le terme «corruption» apparaît dans les chefs d’accusation pour des personnes mis en cause dans les rapports du Vérificateur Général. Ces derniers sont le plus souvent consacrés aux délinquances financières et c’est d’autant moins fortuit que la corruption a toujours paru un terrain glissant que le ministère public évitait, à cause des difficultés à mettre en exergue les éléments constitutifs s’y rapportant, tant pour le corrompu, le corrupteur que pour l’instrument de la corruption. Pourrait paraître tout aussi inopérant, dans le jugement du dossier dit des équipements militaires, le chef d’accusation de favoritisme qui semble plus impliquer un acteur absent du lot des personnalités interpellées et mises sous mandat de dépôt. Et pour cause, si «favoritisme» il y a, l’action judiciaire ne saurait passer sous silence le rôle joué par le chef de l’Etat de l’époque, IBK. Il est l’instigateur d’une correspondance désignant le financier de sa campagne électorale de 2013, Mamadou Kagnassy, comme intermédiaire incontournable dans la négociation des prix.