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Lutte contre le terrorisme : Paris perd du terrain au Mali, Parly arrive en catastrophe à Bamako
Publié le mardi 21 septembre 2021  |  L'Alerte
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© aBamako.com par AS
La ministre Florence Parly reçue en audience à Koulouba
Bamako, le 02 novembre 2020. En visite à Bamako dans le cadre d`une tournée au Sahel, la ministre française des Armées, Florence Parly, a été reçue en audience à Koulouba par le président Bah N`Daw.
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Suite à la petite musique qui se jouait entre Bamako et Paris au sujet de la présence des éléments de la société russe, Wagner, le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga est sorti de sa réserve pour dire sa part de vérité. L’occasion saisie par le Chef du gouvernement est l’audience accordée à la Fondation Forum de Bamako et la plateforme VIP Africa le jeudi 16 septembre 2021. Et l’ancien Premier ministre, Dominique De Vilpin adresse aussi une critique amère à l’ancienne Métropole. La ministre des Armées ne s’est pas limitée aux épithètes et attributs pour qualifier la décision des autorités maliennes. Toutes affaires cessantes, de Niamey, elle a improvisé une visite sur Bamako. De son entretien avec son homologue malien, rien n’a filtré pour le moment.




Après avoir eu vent de la protestation des autorités françaises contre une imminente présence des éléments de la société russe, Wagner, Dr Choguel n’a pas voulu partir par mille chemins. Au cours de sa rencontre avec ces deux organisations de la société civile malienne, il a craché sa pastille valda. Le bonbon a un goût amer pour la France qui ne dort plus que d’un œil. Et pour cause, en plus des forces françaises et la Minusma, le Mali se tourne vers le pays de Staline.

Pourquoi Wagner doit venir ?

Depuis 2012, le Mali fait face à cette crise multidimensionnelle. Les forces françaises en l’occurrence les 5000 hommes de Barkhane, la Mission des Nations-Unies pour la stabilité du Mali (Minusma) et les 1500 soldats allemands sont venus au Mali pour assurer la sécurité des Maliens de leurs biens.

Pensant qu’elles sont des forces d’interposition entre les populations et les groupes terroristes dans le Sahel, les militaires venus de l’étranger ont souvent dormi sur leurs lauriers. Pendant ce temps, les terroristes n’ont pas chômé pas dans leur entreprise. Ils ont semé la désolation partout où ils sont passés au Nord et au Centre, tuant des militaires, la population civile, brûlant des villages tout entiers et enlevant les autorités coutumières, religieuses et administratives. Sans oublier des ravages en vie humaine dans la zone des trois frontières.

A Ogossagou, les assaillants ont tué plus de 100 personnes. A deux kilomètres de là, ils sont allés à Wélingara et tué les habitants sur place. En plus, le Mali se souvient encore du massacre de Kologon où une attaque djihadiste a fait plus de 100 morts. Le Camp militaire de Dioura a été attaqué le 17 mars 2019. Le bilan humain est de 26 morts et 17 blessés. Les 9 et 10 juin de la même année, 101 personnes sont tombées sous les balles à Sobane Da.

C’est au regard de ce qui précède que les autorités de la transition ont pris leur courage à deux mains pour signer un contrat hardi avec la société russe. Ce, parce que chaque jour que Dieu fait, le Mali compte ses morts avant de les enterrer. Et cela a duré huit bonnes années.

Choguel n’a pas raté sa sortie dans la mesure où les Maliens attendent les autorités de la transition sur le chantier de la sécurité. Donc elles le feront peu importe le fonds que cela engendrera et advienne que pourra. Sur la question sécuritaire, Choguel mentionne que le Mali a énormément de difficultés aujourd’hui. Selon lui, cette décision est née de la volonté de la France de retirer ses troupes de la lutte contre les terroristes. « Les partenaires ont changé un peu leur politique. Ils ont décidé de quitter le Mali suite au changement du 18 août. Ils ont décidé de se replier sur d’autres pays. Il y a des zones qui sont abandonnées qu’il faut occuper pour ne pas laisser le vide. Nous sommes obligés aujourd’hui de nous interroger. Si les partenaires décident de partir, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’il ne faut pas avoir un plan B ? », a-t-il posé comme interrogations.

Pour le chef du gouvernement, Cette situation conduit aujourd’hui à des débats et, dit-il, on nous accuse de vouloir changer de stratégie. A entendre Choguel, certains comportements inacceptables avaient été dévoilés à la Cedeao par le président Assimi Goïta. « Il a fait savoir à la Cedeao que lorsqu’il y a une attaque quelque part et qu’on décide de lever un hélicoptère, on l’interdit au motif que la zone est celle d’entrainement d’autres forces. C’était par le passé mais aujourd’hui on ne peut pas continuer dans cela », dit-il. Partant, il balance sa vérité à la face de ceux qui accusent le Mali de faire recours à d’autres forces. « On ne peut pas nous interdire d’acheter des armes avec un pays si on a un accord parce qu’un autre ne veut pas. On ne peut pas nous interdire d’envoyer des gens dans un pays pour être formés parce qu’un autre ne veut pas », laisse-t-il entendre.

Pour lui, l’intervention des forces étrangères était justifiée par trois raisons. Premièrement, dit-il, il s’agit de détruire les terroristes. Deuxièmement, selon lui, elles doivent aider l’Etat malien à étendre son autorité et sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national. Troisièmement, elles ont comme devoir d’appliquer les résolutions des Nations-Unies.

Aux dires de Choguel, rien n’y fit. Ecoutons-le : «Le terrorisme s’est étendu, l’autorité et la souveraineté de l’Etat ne sont pas restaurées partout, les résolutions des Nations-Unies changent chaque année », dit le Premier ministre qui ajoutera que le Mali a refusé l’augmentation du contingent de la Minusma parce que la décision a été prise sans eux. Pour cela, explique-t-il, il a été instruit à l’ambassadeur de s’opposer. « On ne peut pas augmenter le nombre d’éléments de la Minusma sans savoir pourquoi et ce qu’ils vont faire. Il faut qu’on discute. C’est ce qu’on a fait durant 9 ans », a-t-il martelé avant de dire que le Mali va vers d’autres horizons pour élargir les possibilités de coopération afin de maîtriser la défense nationale. Le PM malien ne trouve point cette démarche-là compliquée.

Faut-il le rappeler, la société Wagner s’est illustrée en Syrie et Centre-Afrique. Après avoir entretenu les forces étrangères durant huit années, le Mali ne doit ménager aucun effort économique pour sécuriser sa population. Barkhane gagne 2000 milliards par an et la société n’a besoin que de 72 milliards par an. C’est aux Maliens de choisir entre la double mort (physique et économique) et une possibilité d’avoir la paix.

Si le Mali arrive à récupérer les 1230 milliards de la Loi de programmation militaire et les 50 milliards du fonds de la Covid-19, rien ne l’empêchera d’entretenir son nouveau partenariat militaire pour assurer sa sécurité.

« La France dans un piège », dixit Dominique De Villepin

L’ancien Premier ministre de la France a fait savoir qu’ils sont dans un piège au Mali. Pour lui, il y a à la fois le rejet d’une grande partie de la population et le principe de la résistance nationale contre les troupes étrangères est aussi vieux que le monde. Napoléon, argumente-il, l’a constaté en Espagne, en Russie, nous l’avons vécu en Jun Fan Gung Fu et en Algérie. Selon lui, il y a un rejet des gouvernements qui voudraient eux-mêmes négocier avec les rebelles.

Il déplore le manque de stratégie politique de la France dans la lutte anti-terroriste au Mali. « Et nous Français disons lutter contre le terrorisme sans stratégie politique. Nous n’avons pas la volonté de reconstruire les Etats défaillants. On adapte nos dispositifs à la réalité de ces pays. Nous aurions mieux fait d’envoyer une force pour empêcher la colonne qui voulait venir à Bamako sans venir dans ce pays », estime-t-il.

Il n’a pas manqué d’évoquer la corruption qui entre en jeu. A ses dires, il y a un élément nouveau qui fait la différence, c’est la corruption. « Nous nous introduisons dans ces Etats défaillants ; nous importons une manne financière qui est détournée par des Etats qui n’assurent pas leur responsabilité. L’armée malienne est incapable d’y aller. Tout cela est prévisible, tout cela se répète et nous ne voulons pas voir », martèle l’ancien PM français.

Le pré-carré ne glisse-t-il pas entre les doigts de la France ?

L’on se rappelle, dès l’annonce de l’avènement des éléments de la société Wagner, la France ne sait plus sur quel pied danser. Elle menace de nouveau de retirer ses troupes du Mali si l’information s’avère. De façon ridicule, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian a affirmé que la société privée russe, Wagner au Mali serait incompatible avec le maintien d’une force française. La ministre française des Armées, Florence Parly a réagi en ces termes : « Si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant, contradictoire et incohérent avec l’action de la France au Sahel ».

Avec la situation qui prévaut au Mali, en Guinée, au Tchad et en Centre-Afrique, la France n’est-elle pas en train de perdre progressivement la mainmise sur son pré-carré en Afrique?

Florence Parly arrive à Bamako pour un chantage des autorités de la transition. L’objectif de sa visite improvisée serait de pousser les autorités maliennes à clarifier leur position. « Mon objectif est de parvenir à clarifier la position des autorités maliennes et de réitérer des messages », a expliqué Mme Parly avant de rencontrer lundi son homologue malien, le colonel Sadio_Camara. «On ne va pas pouvoir cohabiter avec des mercenaires », a-t-elle prévenu.

Cela ne surprend point. Elle montre que l’habitude est une seconde nature car Macron a convoqué les présidents du G-5 Sahel pour une clarification de position en prélude au sommet de Pau.

Bazoumana KANE

Source : L’Alerte
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