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Crise politique : Le choix difficile de la République
Publié le mardi 26 juin 2012   |  Le Républicain




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Tout ce qui devait être dit sur la question malienne l’a été. Tous les analystes et autres spécialistes de questions tant de gouvernance que de respect et de consolidation des institutions de la République, mise à terre, se sont exprimés. Ceux de l’intérieur comme ceux de l’extérieur. Chacun y est allé de son expertise et de son commentaire les uns et les autres contradictoires à souhait, au gré des impératifs du moment, du jeu politique et parfois des intérêts individuels ou de groupe.

S’ils sont contradictoires, ils le sont surtout au détriment du pays, au détriment d’une Nation dont le cap a disparu, dont les repères tous les jours s’effacent peu à peu. Et d’effacement en effacement, à tous les niveaux, dans tous les domaines on en est arrivé au dernier repli stratégique. Maintenant le Mali doit s’arrêter, se regarder, s’auto- évaluer et se dire, à soi, la vérité, pour espérer avancer.

En effet, peut-on avancer quand la résolution du problème numéro un, le Nord, auquel le pays est confronté, est devenu, malheureusement, aux yeux de nombreux Maliens, secondaire car attendant que soit réglée définitivement, à la satisfaction de tous, la crise institutionnelle du Sud ? La chose étant mathématiquement impossible il se posera alors, dans pas longtemps si ce n’est déjà fait, l’équation du risque que l’autorité, le pouvoir, d’une manière ou d’une autre, se laisse distancer, dans la reconquête de l’honneur bafouée, par des forces extérieures. Peu importe d’où elles viendront, qui les mandateront et quelle en sera la composition. Mais si la poussée que commande l’auto- conservation des pays du champs et la nécessité militaire et politique de l’anticipation, donc d’un engagement armé dans les régions du nord occupées on voit arriver, en premier lieu, des forces autres que nationales , alors s’en sera fini , au plan moral, de beaucoup de choses…La chose est d’autant plus plausible que l’instinct de survie supplantera le droit international en cette matière.

Dès lors, et il faut le savoir, l’armée malienne n’a pas, n’a plus, hélas, le temps du réarmement moral, de la recomposition, de la reconstruction. Il lui faut aller très vite et sur plusieurs fronts en même temps s’il espère garder la main et cueillir les lauriers d’une victoire sur l’occupant. Et pour cette raison les populations ne doivent pas voir arriver d’autres sauveurs, en premier en lieu et place des leurs. Au nom de la République.

Quels que soient ses plans, sa stratégie et ses calculs tactiques, il faudra, pour qu’elle soit perçue comme la libératrice de la patrie, qu’elle soit en première ligne d’une guerre que le dialogue appelée par tous, souhaitée par tous n’aura pas pu éviter. C’est impératif dans l’œuvre de reconquête de la fierté entamée, dans la réappropriation de son pays injustement et traitreusement occupée.

C’est ce même choix de la République qu’il faudra reconduire sur le terrain politique. Là également ou on fait l’histoire ou en devient l’instrument. Le gouvernement actuel doit être dans le premier cas, lui qui traine deux handicaps : son incapacité à se faire accepter de la classe politique de la société civile et du Malien ordinaire, quel que soit le bord où ils se situent, et en deuxième lieu son incapacité notoire à faire avancer les dossiers relatifs à l’apaisement politique, au respect de l’Etat de droit et la restauration de l’autorité publique. Toutes choses indispensables au redécollage d’un pays à l’arrêt et à l’organisation d’élections à même de le ramener dans le giron international

Sur le premier point, à la suite des composantes du macrocosme politique national les partenaires, parmi les plus importants, et les observateurs internationaux ont affirmé, en des termes peu voilés, ne pas se reconnaitre dans l’équipe dirigeante actuelle et ont appelé à un gouvernement d’union, tel qu’annoncé dès le lendemain de la rupture constitutionnelle. En lieu et place, on a assisté à une forme larvaire d’une restauration Udépemiste à la sauce familiale servie par des « vacanciers » plus ou moins en perte de repères et sachant peu quel levier actionner pour seulement espérer sortir des méandres des problèmes urgents et multiformes d’une République en danger.

Des préoccupations d’autant plus urgents que les plus grands bailleurs du Mali font de la recomposition gouvernementale, un vrai changement qui concernerait jusqu’aux bastions, la condition sine qua non de la reprise d’une coopération, autant dire une assistance à grand corps malade, sans laquelle le pays s’effondrerait tout simplement.

Ils appellent à une feuille de route consensuelle, concertée, réaliste. Au retour effectif à la légitimité et à la démocratie, au droit, à l’autorité de l’Etat pour espérer le progrès. Et ce frémissement catalyseur, le premier ministre Cheikh Modibo peut l’impulser en se convaincant que quels que soient ses positions et son agenda, il ne peut gouverner sans les politiques, sans la société civile, sans les Maliens ou avec une partie des Maliens contre d’autres, sans les partenaires au développement , sans la communauté internationale.

Dès lors le maître mot : c’est le choix difficile de la République. Une République qui s’impose à lui comme à d’autres : sur le nord, sur la médiation en cours, sur la conduite des affaires, sur le choix des impératifs, sur le choix des hommes, sur la vision du lendemain.

Le peuple attentif les regarde tous et attend de voir comment sera gérée l’agression sur le président de la République, sur la crise économique, sur le retour des refugiés, sur la crise alimentaire exacerbée par la menace acridienne, sur l’insécurité ambiante et depuis hier, révélé par la presse, des soupçons de faux diplômes de…personnalités gouvernementales.

S. Elkounta

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