Une éventuelle implication du groupe russe de sécurité privée Wagner au Mali serait inacceptable, ont affirmé les responsables de la Défense de 13 pays européens réunis vendredi à Stockholm, sans toutefois brandir officiellement la menace d’un retrait de leurs troupes.
"Nous voulons envoyer un message clair: nous ne sommes pas prêts à accepter l’entrée du groupe Wagner sur le théâtre malien", a dit lors d’une conférence le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist, hôte de cette réunion de l’Initiative européenne d’intervention, dont font notamment partie la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. "C’est une évolution que nous ne sommes absolument pas prêts à voir. Des initiatives vont également être prises par plusieurs pays pour exprimer cela au gouvernement malien", a-t-il affirmé. Le groupe Wagner, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d’équipements militaires et de formation mais est également accusé de mercenariat et suspecté d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine. Plusieurs pays et l’ONU ont fait part de leur inquiétude après des informations sur des discussions entre Bamako et le groupe russe controversé, déjà présent ailleurs en Afrique, pour l’envoi de 1.000 paramilitaires au Mali. Evoquant les efforts notamment militaires consentis par la France et plusieurs pays européens pour combattre le jihadisme au Mali, la ministre française de la Défense Florence Parly a souligné que ceux-ci ne devaient pas être "mis en danger". Est-ce qu’une arrivée de Wagner impliquerait un départ des forces françaises et d’autres troupes européennes présentes dans le pays? "La priorité absolue est d’éviter la situation que vous venez de décrire", a répondu la ministre française aux journalistes. "C’est ce dont nous avons discuté de façon approfondie, ce que nous pouvions faire pour l’éviter", a-t-elle poursuivi. Le gouvernement malien de transition, dirigé par des militaires depuis un 2e coup d’Etat en moins d’un an en mai, a affirmé dimanche qu’il lui appartenait de "décider quels partenaires il peut solliciter ou pas", concernant l’hypothèse d’une arrivée de Wagner. L’Estonie, également présente vendredi, a cette semaine averti qu’un tel accord entraînerait le départ de ses troupes. Outre les pays déjà cités, l’Initiative européenne d’intervention inclut également la Belgique, le Danemark, le Portugal, les Pays-Bas, la Norvège et la Finlande. Elle vise à faire émerger des capacités européennes d’intervention militaire.