Zoumana Sangaré, Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi, Mourtada Seydou Sanogo, Nènè Touré, Ibrahim Konaté, Djénèba Keïta et David Dembélé étaient devant les jurés, le mercredi 15 septembre 2021, pour connaitre leur sort. En fin de compte certains ont été acquittés et d’autres condamnés.
Il ressort de l’information les faits suivants : le 15 mai 2017, après plusieurs mois de surveillance pour ses activités suspectes, les éléments de la Direction générale de la sécurité d’Etat (Dgse) ont interpellé le sieur Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi. Il tentait d’embarquer à l’aéroport International président Modibo Keïta de Bamako Sénou 11 personnes venant de 4 pays différents, sur un vol à destination du Koweït. Par ses activités, le nommé Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi a assuré régulièrement l’entrée illégale, dans certains pays du Golfe, de personnes qui ne sont ni ressortissants ni résidents desdits Etats et cela en contrepartie d’avantages financiers. Pour parvenir à ses fins, le susnommé s’est affilié aux réseaux de groupes criminels organisés opérant en Côte d’Ivoire, au Burkina-Faso, en Guinée-Conakry, au Mali (pays de départ) et au Koweït ou en Arabie Saoudite, voire au Qatar (pays de destination). Ces groupes procédaient régulièrement au recrutement de candidats à l’émigration à partir des pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso, la Guinée-Conakry et au Mali, à destination de l’Arabie Saoudite, voire du Qatar, tout en leur promettant la gratuité du voyage et la garantie d’un emploi décent et bien rémunéré dans les pays d’accueil.
Saisie de l’affaire, la Brigade d’investigations spécialisées du pôle judiciaire spécialisé a ouvert une enquête et a mené des investigations plus approfondies qui ont permis de déterminer la participation de plusieurs autres personnes auxdites activités criminelles dont certaines ont été interpellées, notamment Zoumana Sangaré, Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi, Mourtada Seydou Sanogo, Nènè Touré, Ibrahim Konaté, Djénèba Keïta et David Dembélé. Ils ont tous été poursuivis puis inculpés devant le magistrat instructeur pour les infractions d’association de malfaiteurs, de traite de personnes et complicité et de faux en écriture.
Sur la requalification et la mise en accusation, tant à l’enquête préliminaire qu’à l’information, les inculpés Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi, Zoumana Sangaré, Mahamadou Kébé et Fatoumata Yattara ont reconnu sans ambages les faits qui leur sont reprochés. Au soutien de leurs déclarations, l’inculpé Abou Chadi expose que depuis l’année 2012, onze (11) personnes l’aident à faire partir les candidats à l’émigration à destination des pays du Golfe. Pour ce faire, il a bénéficié du partenariat de certains individus ressortissants ou résidents permanents dans les pays de destination, notamment Harouna Togola, Youssouf Hamed, Nouhoum Dicko, Aly Touré et Mah Touré (sans autres précisions) et demeurant au Koweït ainsi que Moussa Ganamé, Mohamed Moustapha Sy de la Côte d’Ivoire, dames Dicko Issa Touré, Fatoumata Yattara et Nènè Touré du Mali. Leur mode opératoire consistait à recruter ou recevoir les candidats au voyage dans les pays de départ par l’intermédiaire des partenaires suscités, les réunir à Bamako d’où ils se chargeaient de rassembler ou fabriquer tout ou une partie de leurs documents nécessaires pour assurer leur entrée dans les pays de destination.
Les candidats des pays étrangers tels que la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso et la Guinée-Conakry, voire le Bénin, rejoignaient le Mali par route ou par air pour y être hébergés dans un domicile, avant leur départ sur des Vols à destination des pays d’accueil.
En outre, a-t-il révélé, ses partenaires du Golfe lui envoyaient les billets d’avion et devaient accueillir les candidats à l’arrivée en les conduisant chez leurs futurs employeurs qui devaient confisquer leurs documents de voyage pour les empêcher de fuir ou de disparaître.
En contrepartie de ses prestations, il exigeait des candidats ou de leurs parents le paiement de 250 000 à 300 000Fcfa par individu en guise de rémunération. L’inculpé Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi poursuit en indiquant son interaction avec les susnommés qui exercent les mêmes activités de trafic de migrants envers les pays du golfe.Il reconnait avoir envoyé plus d’une quarantaine de candidats du début de son activité à son interpellation en mai 2017, lorsqu’il s’apprêtait à faire embarquer sept (7) jeunes dames sur un vol à l’aéroport international Président Modibo Keïta Bamako Sénou à destination du Koweït.
S’agissant de l’accusé Zoumana Sangaré promoteur d’un bureau de placement dénommé ” Agence malienne de placement et de tourisme dans le monde “, il utilisait le même mode opératoire que l’inculpé Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko pour arriver à dessein.En effet, il profitait de ses activités professionnelles pour recruter, recevoir et héberger des candidats à l’émigration avant de les faire transporter par vols à destination des pays du Golfe en contrepartie de 300 000 Fcfa chacun, pour prestation rendue. Il affirme avoir collaboré à cet effet avec les nommés Mourtada Seydou Sanogo, Ibrahim Konaté, Mahamadou Kébé et Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko qui lui apportaient la clientèle à titre de partenaires pour certains et d’associés pour d’autres.
Les inculpés Mahamadou Kébé et Fatoumata Yattara confirment les agissements ci-dessus décrits ainsi que leur participation à l’entreprise criminelle. Mahamadou Kébé déclare lors de son interrogatoire de première comparution avoir agi en contrepartie de 150 000 Fcfa par candidat proposé.Par ailleurs, les inculpés Mourtada Seydou Sanogo, Nènè Touré, Ibrahim Konaté, Djénèba Keïta et David Dembélé ont nié les faits qui leur sont reprochés au motif qu’ils ont voulu aider de bonne foi des proches pour qu’ils puissent trouver du travail bien rémunéré dans les pays du Golfe, notamment au Koweït.
Cependant, il ressort des pièces du dossier que ces derniers en ont fait une habitude en recrutant des candidats au profit de Abou Chadi et Zoumana Sangaré chargés de les envoyer illicitement au Koweït, avec souvent de faux documents officiels et qu’ils ne pouvaient nullement ignorer. “Chacun avait son réseau. Moi je recevais des documents qui venaient des connaissances de ceux qui veulent voyager. Je finalisais tout et les intéressés venaient récupérer et continuer leur chemin” déclare-t-il.
Le président de la Cour demande à Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi, le cerveau de la bande, pourquoi on a retrouvé dans son ordinateur un certificat de nationalité et un casier judiciaire, il répond : “C’est une erreur de ma part”.
Tous les membres de la Cour ont demandé en vain comment se fait-il que les candidats se procurent un passeport et un visa chez eux et venir ici encore au Mali, il répond : “Je ne peux pas répondre à cette question”. Après 10h de débats, de 9h à 19h, la Cour a tranché l’affaire comme suit : Nènè Touré et Djénèba Keïta, les deux dames qui ont comparu, ont été acquittées de n’avoir pas joué de rôle dans ces infractions.
Zoumana Sangaré, Mourtada Seydou Sanogo et David Dembélé ont été condamnés à 3 ans d’emprisonnement chacun. Ibrahim Konaté a pris juste un an avec sursis.
Quant à Dicko Issa Touré et Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi, ils doivent rembourser 2 400 000 Fcfa à la partie civile, Mouga Habibatou Diarra. Et Mohamed Ibrahim Moussa dit Dicko alias Abou Chadi, le maître coranique et le cerveau de la bande, a été condamné à 5 ans de prison ferme.
Mahamadou Kébé, Dicko Issa Touré et Fatoumata Yattara ont été condamnés par contumace à 20 ans d’emprisonnement chacun, pour n’avoir pas comparu à cette audience.