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Moussa Cissé : Je soutiens la transition
Publié le dimanche 26 septembre 2021  |  Aujourd`hui
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Je soutiens la Transition non pas pour plaire à ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir encore moins pour saquer ceux qui s’y opposent. Je ne suis pas dans la querelle de positionnement n’étant moi ni un homme politique ni moins un militant d’aucun clan. Je soutiens la Transition pour l’opportunité qu’elle offre à mon pays de prendre une nouvelle direction après trois décennies de démocratie en dents de scie. En 1991, ce sont des milliers de Maliens qui sont sortis de partout pour réclamer la démocratie et l’obtenir au prix du sang. 30 ans plus tard, les morts se retournent dans leurs tombes et se désolent de ce que nous avons fait de leur sacrifice.
l n’est nullement besoin que l’on soit tous d’accord, ce n’est pas le sens de la démocratie mais dans la vie il y a un temps pour tout. Les querelles politiciennes durant trente années nous ont conduits hélas au précipice. Le Mali, vitrine hier, est devenu aujourd’hui la risée et se muant peu à peu à un non man’s land.



A défaut d’un mea-culpa, les acteurs doivent avoir la décence de faire une pause pour tirer le bilan de leur action trentenaire. C’est ce temps de pause pour s’interroger qu’offre la Transition. S’interroger sur ce qui nous arrive, les raisons qui ont conduit à la Bérézina, les pistes de solution pour s’en sortir ; voilà le postulat censé et décent que doivent prendre les acteurs politiques face au peuple.

Au lieu de cela, c’est encore les pugilats, la guerre d’égo, les rancunes qui sont servies comme menu à la faim d’un peuple volontairement affamé par la nature dépravée d’une gouvernance elle-même corrompue 30 années durant.

On se concerte, on se fait des amitiés circonstancielles et tout sauf sincères, tout comme on en a fait durant 30 ans comme si de rien n’était. Le Mali devient un jeu d’échec où on place les points au gré des opportunités ; sans égard pour le peuple meurtri. C’est pourtant au nom de ce peuple que ce jeu est censé être mené ! Comble d’ironie.

Qu’a eu le peuple malien de trente ans d’effort ? Rien que ses yeux pour pleurer ses milliards détournés, servant à l’insolent confort de ces prévaricateurs qui voudraient encore concourir à son suffrage universel sans honte ni dignité. Pas de route à Bamako, on eut dit une bourgade implantée au cœur du 21e siècle narguant le temps.

Et pourtant que de milliards sortis des caisses du pays pour faire des routes et les entretenir ! Encore au 21e siècle, l’eau est un luxe pour certains Maliens, l’électricité en est pour tous.

Et pourtant tant de milliards consentis théoriquement pour le confort de nos foyers ! Je peux continuer la liste… mais point besoin puisque le retard de développement à cause de la cupidité d’un groupuscule est une lapalissade.

Au lieu de se poser les questions vitales, en mettant à profit la Transition, non ce sont les fixations politiciennes et électoralistes qui emportent l’adhésion de ceux qui ont fait de la politique un métier. Je veux les élections pour écourter un régime d’exception mais pas à n’importe prix. A quoi bon vouloir aller aux élections de sitôt si on doit vouloir faire du neuf avec de l’ancien ?

La nature des textes en déphasage avec nos aspirations a abouti au chaos de 2020, y compris à la forte contestation postélectorale de 2018. Dès lors il n’est pas sage de vouloir encore aller aux élections avec les mêmes textes sachant pertinemment à quoi ça pourrait déboucher. Donnons-nous le temps de la pause nécessaire pour rebâtir de nouvelles fondations, car celles de 1991 se sont gravement dégradées.

L’enfant de 1991 à 30 ans cette année et ignore tout de la période de sa naissance. Il aspire à des règles qui soient de son temps, de sa génération ; toute autre alternative est un saupoudrage qu’il ne saurait tolérer.

Nous sommes un peuple qui doit s’assumer ! Craindre la longueur de la nuit suppose qu’on n’a pas suffisamment de ration et de lumière pour tenir le coup. Doit-on craindre le pire si déjà nous y avions gouté ? Puisse-t-il avoir pis que les carnages d’Ogossagou où même la terre nourricière et inoffensive n’a été épargnée ?

Nous avons touché le fond, et depuis longtemps nous continuions à nous y approcher au point que c’est devenu banal. Les villages incendiés, les corps calcinés, les récoltes en feu… voilà le lot de désolation auquel on était devenu familier malgré nous. Promettons-nous que cela demeure un triste souvenir, que plus jamais, ils ne se reproduisent. Pour cela, il nous faut nous entendre pour éviter au pays d’autres aventures.

Je soutiens la Transition pour qu’elle amène le Malien à parler au Malien sans arrière-pensée, sans haine, avec sérénité. Nous ne pouvons pas être célébrés comme terre d’hospitalité quand des Maliens perdent au Mali leurs maisons, leurs troupeaux, voire leurs vies. Que cette contradiction ne puisse prospérer !

Je soutiens la Transition pour renforcer la justice parce que son insuffisance a servi de paramètre aux inégalités qui sont la source de tous les conflits. Le pauvre ne doit pas avoir peur du riche quand la justice inhibe les statuts sociaux et ne retient qu’uniquement celui de citoyen.

Quand un engin ne fonctionne pas, on n’a pas mille solutions que de le réparer ou de le changer. Alors assumons-nous !

Je soutiens la Transition pour que demain soit meilleur.
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