Six jours après l’ouverture des travaux de la 76e session de l’Assemblée générale de l’ONU, entamée le 21 septembre à New York, le Premier ministre malien, Choguel K Maiga, a fait son apparition sur La Tribune. Populisme ou offensive de charme en direction de ses concitoyens, il a eu l’audace de dire haut et fort ce que beaucoup d’entre eux murmurent, le cœur meurtri par la situation de leur pays. Rarement un représentant du Mali s’est exprimé de telle façon, depuis le déclenchement des hostilités. En effet, devant l’assemblée général de l’ONU et en présence des représentants des 193 pays membres de cette organisation, le Premier ministre malien a vertement accusé la France d’un «abandon en plein vol», suite à sa décision de retirer partiellement la force Barkhane, justifiant ainsi la nécessité pour son pays de «chercher d’autres partenaires». Il y a eu un «manque de concertation», a martelé le PM en déplorant au passage une annonce subite et «unilatérale» sans coordination tripartite avec l’ONU et le gouvernement malien. «La nouvelle situation née de la fin de Barkhane plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le nord du Mali», a argumenté Choguel Maïga sans clairement clarification sur ses contacts avec Wagner. En revanche, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, l’avait confirmé, quelques minutes auparavant, mais en niant toute implication officielle de Moscou.
Parlant de la situation malienne depuis mars 2012, le Premier ministre soutient qu’elle ne s’est guère améliorée, en dépit du soutien international, de la présence de la Minusma ainsi que d’autres forces étrangères telles que l’Opération française Barkhane, la Force européenne Takuba et la Force conjointe du G5 Sahel. La situation, a-t-il déploré, comme pour souligner l’inefficacité de ces forces, continue de se détériorer progressivement, allusion faite à une bonne partie du territoire national qui échappe au contrôle du Gouvernement. Et en appui à son argumentaire, le PM malien insiste sur les pressions exercées sur les autorités maliennes par les concitoyens vivant sous le joug des groupes terroristes dans la privation de leurs droits et libertés les plus élémentaires. Pire, ajoute-t-il, ils sont privés des services de base en raison de la faible présence des services de l’Etat, consécutive à l’insécurité grandissante. «Le gouvernement est régulièrement et fortement interpellé par les populations maliennes, de plus en plus exigeantes vis-à-vis des pouvoirs publics et des partenaires internationaux», a-t-il mentionné.
Huit ans après le déploiement de la Minusma, la situation s’est dégradée et même métastasée car les groupes terroristes, qui contrôlent près des deux tiers de notre territoire depuis 2012, se sont dispersés sans jamais être anéantis, a soutenu Choguel Maïga, remettant ainsi en cause l’utilité de la MINUSMA.
«Les Nations Unies doivent aider le Mali à lutter plus efficacement contre la criminalité transnationale organisée afin d’asseoir les conditions véritables de sa stabilisation, gage de la réussite des actions de soutien politique, humanitaire, de développement et de protection des droits de l’homme», a suggéré le Premier ministre en plaidant pour un mandat «plus élargi et plus robuste» afin que la force onusienne soit plus offensive.