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Report des élections, mercenaires russes… Pourquoi les relations entre la France et le Mali se crispent
Publié le mardi 28 septembre 2021  |  jdd
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© aBamako.com par AS
Lancement officiel du 12è programme de stage de formation professionnelle de l`APEJ
Bamako, le 20 septembre 2021 LE Premier Ministre Choguel K Maïga a présidé le lancement officiel du 12è programme de stage de formation professionnelle de l’APEJ au CICB
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Face au retrait annoncé des troupes de l'opération Barkhane, le Mali pourrait faire appel à des mercenaires russes. Une possibilité qui crispe encore davantage ses relations avec la France, tout comme le report possible des élections de février.

Le Mali dénonce "l'abandon" de la France. "La nouvelle situation née de la fin de Barkhane [place] le Mali devant le fait accompli et [l'expose] à une espèce d'abandon en plein vol", a estimé samedi le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU. Au lendemain de la mort de Maxime Blasco, le 52e soldat français tué au Mali, cette intervention illustre les tensions grandissantes entre la France et le gouvernement local, même si Choguel Kokalla Maïga a démenti tout "discours de rupture".

Le coup d'Etat du colonel Assimi Goïta, fin mai, le deuxième en l'espace de neuf mois, a tendu les relations entre Paris et Bamako. La France reproche par ailleurs au gouvernement malien de négocier avec les djihadistes. En réponse, Emmanuel Macron avait donc annoncé en juin la fin de l'opération Barkhane pour privilégier les forces spéciales de Takuba, un groupement de plusieurs pays européens. "Nous avons un accord écrit" avec la France, "on ne peut s'en désengager sans même nous aviser", a jugé Choguel Kokalla Maïga à l'Assemblée générale de l'ONU. La France a pris sa décision "au motif que le gouvernement dialoguait avec les terroristes" alors que "c'est une demande forte du peuple malien", s'est insurgé le Premier ministre.

L'ombre de Wagner. "Lorsque des zones sont abandonnées, qu'est-ce qu'il nous reste? Chercher des alternatives", a expliqué le Premier ministre malien. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, Bamako aurait en effet approché "des sociétés privées russes" pour assurer une partie de sa défense. Tous les regards se tournent vers le groupe Wagner, qui fournit des services de maintenance d'équipements militaires et de formation, mais qui est également accusé de mercenariat. Présent, entre autres, en Libye et en Centrafrique, où il est accusé d'exactions depuis le printemps, Wagner est soupçonné, notamment par Paris, d'agir pour le compte du Kremlin là où ce dernier ne veut pas apparaître officiellement.

Pour le Mali et son gouvernement, le groupe paramilitaire russe "aurait l'avantage d'être moins regardant que d'autres" sur les questions de gouvernance, grince-t-on à Paris, selon l'AFP. "L'avantage avec Wagner, c'est l'absence de redevabilité", abonde une autre source française proche du dossier citée par l'agence de presse. "Tout ce débat autour de Wagner relève pour l'instant des rumeurs", a indiqué le Premier ministre malien.

Un gouvernement sous pression. Dans le même temps, la communauté internationale s'inquiète du peu d'empressement manifesté par les militaires maliens à organiser des élections afin de rendre le pouvoir aux civils. Alors qu'un scrutin devrait se tenir le 27 février prochain, le Premier ministre malien a évoqué un possible report "de deux semaines, de deux mois, de quelques mois, nous le dirons". "L'essentiel pour nous c'est moins de tenir le 27 février que de tenir des élections qui ne seront pas contestées", a souligné le chef du gouvernement.

Avant cela, Bamako compte organiser des Assises nationales de la Refondation afin de mettre au point "un agenda plus détaillé" de la transition. Mais une partie de la classe politique, qui a boycotté les concertations, accuse les autorités d’instrumentaliser l’organisation de ces assises à des fins politiques. "C'est un gaspillage d'énergie et de moyens qui cache une volonté claire de prolonger au forceps la transition et de se maintenir au pouvoir", a confié Yaya Sangaré, porte-parole de l'Alliance pour la démocratie au Mali, à RFI.

Et pendant ce temps, la situation sécuritaire reste délétère sur le terrain malgré la présence des forces françaises depuis huit ans et la récente "neutralisation" de plusieurs chefs djihadistes de premier rang. Le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) est "capable de se reconstituer", a récemment prévenu le commandant de l'opération Barkhane. L'Etat malien, lui, n'est pas mobilisé pour réinvestir les territoires reculés du Mali, abandonnés aux djihadistes, aux tensions intercommunautaires et aux trafics. Quant à l'armée malienne, elle peine à fournir suffisamment de troupes au groupe Takuba.

Pourquoi c'est important. Les militaires français doivent quitter d'ici à décembre les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord du Mali, et le nombre de troupes françaises déployées au Sahel devrait passer de plus de 5.000 hommes actuellement à 2.500 ou 3.000 d'ici 2023. La ministre des Armées, Florence Parly, a toutefois réaffirmé la semaine dernière à Bamako que la France ne quittait pas le Mali et qu'elle restait "déterminée" à y poursuivre la lutte antiterroriste au côté des forces maliennes. Mais sa position est de plus en plus inconfortable.

"Aujourd'hui, la France est prise au piège. Partir, c'est prendre le risque de voir la situation se dégrader encore davantage. Rester, c'est endosser la poursuite d'une politique qui ne permet pas d'enrayer l'avancée des groupes djihadistes. Dans un cas comme dans l'autre, l'armée française s'en ira sur un sentiment d'échec", écrit Marc-Antoine Pérouse de Montclos, politiste et directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), dans les colonnes du Monde.

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