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Transition politique au Mali : Les acquis démocratiques en péril
Publié le mardi 28 septembre 2021  |  L'Alerte
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Dans la suite logique de mes écrits du 04 juin et du 16 août, la transition est une période d’exception par essence budgétivore et opaque. Par conséquent, plus elle est courte, mieux ça vaut comme le résumait si bien notre Zoro national, ancien PM de transition et patriote émérite.
C’est avec fierté que je dresse chandelle à la majorité de la classe politique qui s’insurge de plus en plus contre les mesures « particides et démocraticides» telle la tentative vaine de prorogation de la durée de transition ou encore l’autre tentative de priver les partis de la manne financière leur permettant de jouer pleinement leur rôle démocratique. Toute velléité de transition infinie sera combattue. Celui ou celle qui veut le pouvoir doit passer par l’urne et non par la ruse ou les armes. Rien ni personne ne nous fera fléchir, pas même les conclusions tronquées des Assises parcellaires ou Levées nationales.



En septembre 2013, avec l’élection d’IBK à la tête du pays, l’espoir du peuple était grand en termes d’affirmation de l’autorité de l’Etat en déliquescence, de répression de la corruption et de l’insécurité, d’allègement du fardeau de la ménagère…

Mais, tout cela a été superbement ignoré par notre cher IBK. Beaucoup de ses ministres ne répondaient jamais aux courriers des citoyens car occupés à leurs propres affaires dans les départements ministériels, oubliant que c’est l’argent public qui alimente ces départements. Voilà en gros ce qui était servi au peuple qui s’est majoritairement mobilisé pour le sauveur IBK à la suite de la débâcle sécuritaire du Général Président, grand bâtisseur devant l’Eternel, j’ai nommé ATT (Que son âme repose en paix éternelle ! Amen).

Et lBK chuta pour faute de résultats tangibles. Voilà la transition à laquelle une seule question s’adresse : les maliens vivent –t-ils mieux actuellement par rapport à l’ère IBK en dépit des déboires de ce dernier ?

La réponse est assurément non et non. Raison : le navire transition est conduit par des amateurs et calculateurs politiques qui savent qu’ils sont au sommet par la force de la contestation et non par la volonté du peuple mûr et responsable qui confie son destin par le truchement d’élections., d’où leur refus d’élections dans le temps convenu des 18 mois ; ce qui est une insulte grave au peuple malien.

Souvenez-vous que Laurent Gbagbo a privé dix ans durant le peuple ivoirien de son droit électoral en allant de report en report. Et quand il s’est résolu à organiser les élections, les attentes étaient allées crescendo et la crise éclata à la première manipulation électorale comme pour dire que la petite étincelle qui s’allume à force de privation électorale se transforme en incendie incontrôlable. Que Dieu guide le pas des politiques assoiffés de pouvoir, surtout de pouvoir frauduleux (sans élections) afin de préserver le Mali ! Amen.

Pour revenir à la durée de la transition, des gens qui trainent les pieds sciemment pensant se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible dans la tricherie (sans élections) se trompent. Ni la classe politique ni la CEDEAO ne laisseront faire. Et même la société civile qui a son nom frauduleusement associé à la manœuvre des tenants à la prorogation qui financent et jettent dans la rue des organisations bidons ne répondant à aucun critère de société civile. A force de ruse, manipulation et mauvaise foi, ils perdront le pouvoir avant les 18 mois pour être remplacés par des filles et fils valables sincères dédiés à l’organisation d’élections en février 2022 pour le BONHEUR DES MALIENS lassés du temps d’exception.

La sinistre volonté du groupuscule de tagnininaw (citoyens et associations) ne prospèrera point sous le ciel malien, pays aux pratiques démocratiques avérées depuis 1991 n’en déplaise aux critiques cyniques et atteints de cécité intellectuelle qui ont oublié la dictature mortelle de GMT et sa bande 23 ans durant.

Coup d’Etat ou putsch : crime imprescriptible contre le peuple malien
Disposition constitutionnelle valable et durable pour l’ancrage irréversible des principes et valeurs démocratiques, la majorité des maliens, citoyens éclairés, démocrates et patriotes tient à cette valeur universelle quelque répulsion que puissent avoir les politiciens véreux, incapables de réaliser le fameux score de 5% de mobilisation électorale et qui excellent dans les manifestations de rue pour se faire entendre. Seulement, savoir haranguer des foules touchées par la crise multidimensionnelle (sécuritaire, économique) est différent de pouvoir gouverner en comblant les attentes populaires. Chacun est pris à son propre piège tendu.

Et ce ne sont pas les lois scélérates et circonstancielles qui vont faire oublier cette interdiction constitutionnelle de perpétrer un putsch car il y a là un principe fondateur de l’Etat démocratique et républicain

Quand on aime son pays, on ne peut guère, même en rêve, souhaiter la transition au détriment de la normalité car une transition, c’est le festival des vautours qui n’ont pas pu s’affirmer dans la gouvernance normale et qui tiennent coûte que coûte au temps d’exception pour sortir la tête de l’eau ; en termes crus : manger dans la sauce publique frauduleusement.

Entre nous, pensez-vous que tout est rose dans d’autres pays ? qu’il n’y a pas de problèmes politico-institutionnels et sécuritaires épineux sous d’autres cieux ?

Certes il y en a partout mais les autres préfèrent résoudre leur équation de façon rationnelle (Sénégal et Côte d’Ivoire par exemple) et non par l’émotion et le sentiment (Mali et Guinée) ; ce qui fait que nous sommes à la traine sur tous les plans derrière ces deux pays frères et à cette allure, l’on risque de rester à la traine pour longtemps. Constat objectif.

De quoi a-t-on peur avec l’installation dans la forme et dans le fonds d’un pouvoir constitutionnel normal (issu des urnes) pour faire évoluer irréversiblement la situation critique vers des lendemains meilleurs ? Réponse : du poste que l’on occupe et des largesses de l’Etat.

Toute cette infraction à la Constitution se fait au nom de notre armée. Mais non ! Notre armée n’a pas l’âme putschiste dans sa majorité. Cela est une REALITE depuis le premier putsch perpétré par les 14 officiers dirigés par Moussa Traoré le 19 novembre 1968.

En son temps, le Chef d’Etat major de l’Armée Sékou Traoré a fait preuve de laxisme envers les conjurés dont il se démarqua simplement au lieu de les mettre aux arrêts et les condamner pour tentative. Il en a payé les frais car les putschistes l’ont incarcéré après leur forfait national.

Outre le CEM Sékou Traoré, de nombreuses autres valeurs militaires ont manifesté leur désapprobation du putsch et voulaient simplement amener le Président Modibo à changer de cap en favorisant la croissance économique devant soulager ses compatriotes tant la faim régnait au Mali et la liberté individuelle confisquée par la milice auteur de tous les excès.

Parmi ces militaires loyalistes : l’intrépide Diby Sylas DIARRA mort en détention sous les coups de cravache à Taoudéni, Jean Bolon Samaké, Tiécoura Sogodogo, Guédiouma Samaké, Samba Gaïné Sangaré pour ne citer qu’eux, sinon la liste est loin d’être exhaustive.

A l’image de ceux-ci, notre cher ATT national, soldat bosseur et démocrate dans l’âme et dans l’esprit n’a pas fait le putsch pour l’amour du pouvoir. Il a débarrassé les maliens d’une dictature étouffante, voire mortelle. N’est-ce pas ATT qui disait « le mot putschiste est un qualificatif dont on ne peut être fier » comme pour dire qu’il a agi par contrainte et par amour de son pays.

La classe politique malienne et la CEDEAO en sentinelle des acquis démocratiques
Depuis la chute d’IBK, l’on ne peut nier la volonté manifeste de la classe politique à contribuer activement à la réussite de la transition, pas pour le visage des tenants du pouvoir transitoire mais pour l’intérêt du pays.

Cependant, cette posture de mansuétude n’est guère assimilable à un blanc-seing donné aux autorités de la transition de transgresser la Convention des 18 mois établie de commun accord, délai même qui a tordu la main à la CEDEAO qui réclamait 12 mois, et la société civile qui réclamait majoritairement 9 à 12 mois. Une transition longue est un gouffre auquel le Mali ne saurait se payer le luxe d’aboutir. On aurait dû s’en tenir à un délai de 9 mois. On a eu le double, ça suffit pour réaliser l’essentiel. Un gouvernement de transition ne peut se substituer à un gouvernement normal qui planifie des actes dans le temps de son mandat. Quand on ne peut pas, on doit avoir l’honnêteté de démissionner et de laisser la place à d’autres maliens qui vont s’assumer dans le délai convenu sans trompette ni murmure.

La Convention des 18 mois établie pour la durée de la transition est un élément clé qui va inéluctablement casser le consensus de gestion publique en ces temps d’exception et provoquer une vilaine bagarre dont le Mali n’a que faire mais qui a lieu par devoir patriotique et républicain.

Nous sommes tous des maliens, le forcing ne fait qu’aggraver l’équation posée au lieu de la résoudre. Personne n’a l’apanage ou le monopole de la contestation et de la rue. C’est un droit constitutionnel qu’une frange de la société ou classe politique peut utiliser aujourd’hui et une autre demain. CLAIR ET NET. Ce ne sont pas les menaces et invectives qui peuvent prévaloir. Ce qui prévaut, c’est le souci du pays.

A la lumière de tout ce qui précède, j’invite la classe politique à mettre en œuvre son plan d’action anti prorogation et la CEDEAO à ne jamais se dédire pour sa crédibilité.

Vive le Mali démocratique, un et indivisible !

Bamako, le 23 septembre 2021

Mamadou Fadiala KEITA, Juriste

Coordonnateur de l’ONG AJCAD

Président de COMED :

Président de COPER

Organisateur en chef et Conseiller Permanent Cri-2002
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