Le Président du Faso, Blaise Compaoré, assistera, en principe, ce jeudi 19 septembre 2013, à l’intronisation en grande pompe, du nouveau président malien élu, Ibrahim Boubacar Kéita. C’est devenu presque une tradition pour les chefs d’Etat de la sous-région de participer à l’investiture de leurs pairs. Mais, au-delà de ces salamalecs de bon voisinage, force est de reconnaître que les relations au sommet entre le Mali et le Burkina ne sont vraiment pas au beau fixe.
En tout cas, pas comme au temps du pouvoir du président Amadou Toumani Touré (ATT), où les chefs d’Etats malien et burkinabè se rendaient souvent visite, participaient régulièrement à des événements dans l’un ou l’autre pays.
Aujourd’hui, avec la présence attendue du président Compaoré à l’investiture d’IBK, l’on ne peut pas dire que c’est toujours le même parfait amour entre Bamako et Ouagadougou. Certes, le présent déplacement du chef de l’Etat burkinabè intervient après la visite que lui a rendue IBK le 31 août dernier afin de le remercier pour sa médiation sur la crise malienne ; toute chose qui a permis la tenue de la présidentielle du 28 juillet 2013, suite notamment à la conclusion de l’accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin. Mieux, le président de la transition malienne avait fait le déplacement du palais de Kossyam pour décorer le médiateur burkinabè de la CEDEAO pour les énormes services rendus à son pays.
Les apparences peuvent tromper
Mais, ce ne sont là que des apparences qui ne disent pas tout sur les relations malo-burkinabè.
La preuve, ce 17 septembre 2013, le nouvel ambassadeur de la République du Mali Drissa Coulibaly était attendue à Kossyam pour la présentation de sa lettre de créance au président Compaoré. Finalement, il ne s’est pas présenté à la cérémonie. Drissa Coulibaly a été nommé ambassadeur par le président de la transition en fin de mission, en remplacement de l’ambassadeur Mamadou Traoré qui a passé moins de deux ans en poste à Ouaga. Cette absence de l’ambassadeur Coulibaly à la cérémonie de présentation des lettres de créances ce 17 septembre à la Présidence burkinabè témoigne, si besoin en est, les persistantes brouilles diplomatiques entre le Mali et le Faso.
Crainte du nouvel ambassadeur malien
Tout se passe comme si l’ambassadeur Coulibaly craignait d’être rappelé par le nouveau président. Cela d’autant plus que l’arrivée de Coulibaly à Ouagadougou n’aurait pas été bien accueilli par son prédécesseur Traoré qui, apparemment, n’avait pas encore fini de faire ses valises pour le vol retour sur Bamako.
Ces difficultés dans les relations malo-burkinabè, remontent au putsh du 22 mars 2012. Les militaires putshistes étant foncièrement anti- ATT, ils ne pouvaient pas de prime à bord garder les mêmes rapports bilatéraux avec le Faso. Le dicton est bien connu, « l’ami de ton ennemi est ton ennemi ». Et l’embargo sous régional imposé au pouvoir de Sanogo et auquel les autorités burkinabè ont souscrit, ne pouvait que contribuer à dégrader l’axe Bamako – Ouaga. Même avec l’entrée en fonction de Dioncoundé Traoré, les relations bilatérales n’ont pas beaucoup bougé. Le président intérimaire semblait plus proche de Paris ou de N’Djamena que de Ouaga, ne serait-ce que du fait de l’action des forces françaises et tchadiennes, qui ont permis de libérer le Mali du joug des djihadistes.
Aujourd’hui, encore, le ciel entre Bamako et Ouagadougou est loin d’être totalement dégagé. Même avec l’installation d’IBK, que l’on dit proche du Capitaine, pardon du Général Sanogo, au palais de Koulouba. En cela, l’on peut souhaiter que les retrouvailles ce 19 septembre au sommet entre Maliens et Burkinabé contribuent à renforcer davantage les liens de bon voisinage qu’ont souvent entretenus le Burkina Faso et le Mali. Grégoire B. BAZIE