Si Assimi Goïta observe un silence de carpe sur le sujet, Choguel Kokalla Maïga dit qu’il ne connait pas un groupe qui s’appelle ‘’Wanger’’. Le sujet fait polémique et les commentaires vont bon train. Et en raison de l’insécurité sur quasiment toute l’étendue du territoire national et la régularité des putschs militaires au Mali ces dix dernières années, le président colonel de la transition cherche-t-il à faire assurer sa sécurité rapprochée par des mercenaires russes en échange de juteux contrats miniers en s’inspirant bien évidemment de l’exemple des Présidents centrafricains ?
Cette question vaut son pesant d’or, d’autant plus que les paramilitaires russes du groupe ‘’ Wagner’’ auront pour une double mission : la formation des forces armées maliennes et la sécurisation des hautes autorités de la Transition. Si les hautes autorités de la transition observent un silence de carpe, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré dans les couloirs de l’Assemblée générale de l’ONU à haute et intelligible voix que le Mali s’était adressé à une société militaire privée russe après que les forces françaises avaient échoué à évincer les terroristes du pays.
En effet, la coopération sécuritaire est historiquement l’un des éléments les plus importants de collaboration entre la Russie et l’Afrique. Entre 2014 et 2019, les Russes ont signé dix-neuf accords avec des chefs d’État africains dans le domaine de la coopération militaro-technique. Les accords qu’elle a conclus avec plusieurs pays africains dont le Mali sont particulièrement préoccupants pour l’Occident car, ils visent notamment à tirer parti de l’aide militaire octroyée pour obtenir en échange des droits miniers et des partenariats dans le domaine de l’énergie. La demande africaine d’armements est appelée à augmenter dans les prochaines années en raison des facteurs liés à la sécurité (terrorisme, rébellions, insurrections) et de tensions régionales qui rendent plus probable l’éclatement de conflits locaux.
En Afrique subsaharienne plus que sur d’autres parties de la planète, les États fragiles ou en faillite, à la tête desquels se trouvent des hommes dont la légitimité est contestée, font généralement appel à des sociétés paramilitaires privées comme Wagner moins par rationalité économique que par impératif politique, afin de maintenir un rapport de force favorable avec les groupes armés rivaux et les rébellions. Ainsi, en raison de l’insécurité sur quasiment toute l’étendue du territoire national et la régularité des putschs militaires au Mali ces dix dernières années, le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta cherche à faire assurer sa sécurité rapprochée par des mercenaires russes en échange de juteux contrats miniers, s’inspirant bien évidemment de l’exemple des présidents centrafricains. François Bozizé l’a fait avec les Sud-Africains, Patassé l’avait fait avec les Libyens, aujourd’hui Touadéra le fait avec les Russes.
Par ailleurs, le groupe Wagner du milliardaire Evgueni Prigozhin, surnommé le cuisinier de Poutine, apparaît comme l’un des outils préférés de la stratégie russe sur le continent africain. En effet, la diplomatie et la coopération militaro-sécuritaire demeurent les instruments privilégiés par Vladimir Poutine dans la mesure où la Russie ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour rivaliser avec l’Union européenne, les États-Unis d’Amérique et la Chine et se positionne loin derrière cette dernière en termes de volumes d’échanges commerciaux.