Assis sur d’importants gisements aurifères, les Maliens continuent de mourir de faim après 61 années d’indépendance. Quel paradoxe ! Et c’est une illusion de croire que c’est la France ou la Russie qui viendra sauver le Mali à la place des Maliens.
De prime à bord, cette malédiction provient de nous-mêmes qui continuons à croire que le Mali est un pays pauvre qui ne peut s’affranchir de l’aide extérieure. Faux et archifaux! Notre incapacité à pouvoir tirer profit de nos ressources naturelles et minières n’est pas une fatalité, mais c’est le résultat du gaspillage et du manque d’organisation qui nous caractérisent. En effet, la couleur ‘’or’’ de notre drapeau national, donnée à la deuxième bande verticale, représente l’or que recèle le sous-sol du Mali, en plus d’autres ressources minières potentielles.
La couleur or témoigne donc de la conscience qu’avaient les premiers décideurs politiques maliens de ce patrimoine qui est la nôtre et qu’ils entendaient défendre à tout prix. Que s’est-il passé ? Ils ont tout simplement été éliminés, physiquement ou politiquement, par l’ex-métropole. Et depuis ce temps, c’est le “festival des brigands” caractérisé par le bradage de nos entreprises étatiques et des biens publics pouvant assurer notre développement. Si nous sommes incapables de développer des initiatives afin d’exploiter nos ressources aurifères à l’instar des pays comme la Tanzanie, le Botswana, le Ghana, l’Afrique du Sud,… dans les prochaines décennies les enfants des pays politiquement bien gouvernés viendront, de gré ou de force, les exploiter à leur profit. Car au 21ème siècle, « il n’est plus possible que des matières premières continuent à dormir, sous prétexte que leur exploitation bouleverserait le mode de vie de ceux qui ont la chance de vivre où elles se trouvent ».
Les ressources naturelles/minières ne sont que des potentialités qu’il faut transformer pour en faire des richesses mais ces richesses ne peuvent être facteurs de développement que par l’usage que l’on en fait. Il est important de souligner qu’avant l’usage, il y a la participation des populations dans le processus de production. Cet aspect capital échappe aujourd’hui aux Maliens qui ne disposent d’aucune information par rapport à la quantité d’or exploitée annuellement. Cette situation s’explique par le fait que nous avons des entreprises de production d’or ou de construction des infrastructures “clés en main” à la place des entreprises “clés en tête”.
Après 61 ans d’indépendance, où sont les entreprises maliennes de BTP, d’exploitation industrielle de l’or, du ciment et autres matériaux de construction, de transformation de nos produits agricoles,… ? Il y en a très peu ou pas du tout. Celles qui existent arrivent à peine à fonctionner du fait de la mauvaise gestion.
Ainsi, au niveau étatique, le secteur minier malien se caractérise par l’absence de vision et de stratégie. Sinon comment expliquer que depuis plus d’un quart de siècle :
1- l’État se contente de 20% de participation dans le capital des sociétés aurifères. Ce taux a été imposé au Mali par la SFI au montage de la Semos (Sadiola). Si cela pouvait être tolérable il y a 20 ans, il n’est pas admissible que cela puisse continuer dans les 20 prochaines années.
2- l’absence d’impact sur le développement local :
– Manque d’infrastructures routières.
– Mauvais état des infrastructures sanitaires, d’éducation, etc.
– Mauvaise affectation des recettes prélevées sur les sociétés minières. Prenons un seul exemple : le Mali aurait boosté la prospection minière si la dime (2,5%) des 250 à 350 milliards de recettes sur les sociétés minières par an soit 6,250 à 7,500 milliards étaient affectée à la DNGM (Direction nationale de la géologie et des mines) pour la recherche minière. Pour cela, les fonds seront débloqués en fonction de la qualité des projets de recherches soumis à l’approbation des décideurs et renouvelés en fonction des résultats obtenus.
Aucune nation ne peut prospérer en comptant sur l’aide des autres. Si nous voulons que le Mali soit un pays indépendant nous devons faire en sorte que nos matières premières stratégiques soient exploitées en notre faveur. Les contrats léonins qui ont été signés sous la pression des Institutions financières de Bretton Woods doivent être revisités et même si possible résiliés dans l’immédiat. C’est par ce chemin que se fera la construction du nouveau Mali. Serions-nous assez courageux pour revoir nos différents contrats et nos différents accords de partenariats en vue de pouvoir défendre l’intérêt du Mali et des Maliens ? Le temps nous le dira…