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Le Mali au plus mal : Choguel tance Paris
Publié le mercredi 29 septembre 2021  |  L’Informateur
Séance
© aBamako.com par DR
Séance de travail entre le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, et le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, au Palais de Koulouba
Bamako, le 28 septembre 2021. Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a eu une séance de travail avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga de retour de l`Assemblée générale des Nations Unies, à New York.
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Sans fards, ni poudre aux yeux, le Premier ministre a justifié la recherche de partenaire fiable dans la lutte contre le terrorisme par l’abandon du Mali au milieu du gué.
Le Mali est au plus mal. Le pays est embourbé dans d’inextricables problèmes, notamment sécuritaires. Les groupes jihadistes constituent une menace rampante. Et ces dernières semaines, le spectre du chaos, conséquence de l’annonce du retrait de la force Barkhane, a alimenté de nouvelles craintes. L’annonce, de la fermeture de plusieurs bases au Mali d’ici à la fin de l’année a engendré une peur généralisée de la montée de la violence, de l’impunité, d’un renforcement de l’influence des jihadistes. « La situation de mon pays ne s’est guère améliorée, malgré le soutien international et la présence sur notre sol d’une opération de paix de l’ONU, la Minusma, et des forces internationales : l’Opération française Barkhane, la Force européenne Takuba et la Force conjointe du G5 Sahel.



La situation continue progressivement de se détériorer, au point que des pans entiers du territoire national échappent au contrôle du Gouvernement. Mes concitoyens vivent sous l’emprise des Groupes armés terroristes dans le déni de leurs droits les plus élémentaires. Leur accès aux services de base demeure hypothétique en raison de la faible présence des services de l’Etat, consécutive à l’insécurité grandissante », un tableau sombre brossé par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations-Unies.



Paris a joué en solo



Face à ces signaux d’alarme, comment éviter à terme un chaos généralisé au Mali ? La question est sur toutes les lèvres. Le chef du gouvernement a voulu faire passer un message fort aux Français quant au poids de leur responsabilité dans la déstabilisation sécuritaire actuelle. « L’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation n’ont pas tenu compte du lien tripartite qui nous lie, c’est-à-dire l’ONU et le Mali en tant que partenaires engagés avec la France sur le front de la lutte contre les facteurs de déstabilisation. Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation qui doit être la règle entre partenaires privilégiés n’ait pas été observé en amont de la décision du Gouvernement français.

Aussi, la nouvelle situation née de la fin de l’Opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autre partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer par la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le Nord de notre pays. Cette situation doit également inciter les Nations Unies à avoir désormais une posture plus offensive sur le terrain ».

Avec cet espoir qu’il reste encore une petite porte ouverte pour un infléchissement de la position de Paris. L’initiative, sans avoir débouché sur de grandes annonces, a tout de même confirmé la recherche de nouveaux partenaires dans la lutte contre le terrorisme. « La nouvelle situation née de la fin de l’Opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autre partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer par la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le Nord de notre pays. Cette situation doit également inciter les Nations Unies à avoir désormais une posture plus offensive sur le terrain ».

En juin 2015, le gouvernement malien et deux coalitions de groupes armés issus du Nord du pays, la Plateforme, alliée au gouvernement, et la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA), fédération de mouvements entrés en rébellion contre l’Etat, signaient à Bamako un accord pour restaurer la paix et la réconciliation au Mali. Après moins d’un an de négociations souvent indirectes, le texte définitif a été largement imposé aux acteurs, sous la pression d’une équipe de médiation internationale dont l’Algérie était chef de file et qui comprenait, entre autres, la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union africaine, l’Union européenne, ainsi que les Etats-Unis et la France, initialement inclus comme « amis de la médiation ».



Nécessaire relecture de l’accord



L’accord prévoit notamment de rétablir la paix au Mali par une décentralisation soutenue (dite « régionalisation »), la création d’une armée reconstituée intégrant les anciens groupes armés signataires, et des mesures de développement économique spécifiques au Nord du pays, le tout appuyé par un effort de dialogue, de justice et de réconciliation nationale.

Le processus de mise en œuvre de l’accord ne progresse quasiment pas. Avec près de 85 000 combattants enregistrés par les groupes signataires, le DDR reste un dossier inachevé et toujours sensible. Quant aux unités mixtes du mécanisme opérationnel de concertation (MOC), composées à la fois de soldats maliens et de combattants issus des groupes armés signataires et pour partie reversés au sein de l’armée reconstituée, elles étaient censées ramener de la sécurité dans les grandes villes du Nord, mais elles circulent peu et ont été victimes d’assassinats ciblés et d’un attentat dévastateur à Gao en 2017. Par ailleurs, certains anciens combattants, membres du MOC ou de l’armée reconstituée, sont impliqués dans des actes de banditisme ou de trafic.

L’opposition des populations à l’accord a paralysé les gouvernements successifs et l’a empêché d’avancer dans sa mise en œuvre. Depuis 2017, le gouvernement a été contraint de repousser l’échéance du référendum concernant une révision constitutionnelle. Cette réforme est destinée à faire évoluer la constitution malienne afin qu’elle soit compatible avec l’application de l’accord, notamment par la création d’un sénat et d’assemblées régionales dont les présidents seraient élus au suffrage universel direct. Les populations du sud et du centre du pays représentent en effet près de 90 pour cent de l’électorat, et la méfiance dont elles manifestent envers l’accord entrainerait inéluctablement un rejet du projet de réforme constitutionnelle. « Nous poursuivons la mise en œuvre intelligente et la relecture consensuelle de l’Accord, aux fins de son parachèvement. L’objectif recherché étant de favoriser son appropriation nationale et de renforcer son caractère inclusif, tout en veillant aux conditions politiques et sociales du consensus nécessaire à la relecture de certaines dispositions, conformément au mécanisme prévu par l’Accord.

Concernant les questions de défense et de sécurité de l’accord, un programme de DDR accéléré (désarmement, démobilisation et de réinsertion) portant sur l’intégration de 3000 ex-combattants issus des mouvements signataires et de l’inclusivité a été mis en place, sur lesquels 1840 ex-combattants ont déjà été intégrés. Le Gouvernement a également exprimé sa volonté d’intégrer les 1160 restants au plus tard le 21 août 2021 n’eut été la lenteur accusée par la Coordination des Mouvements de l’Azawad dans la fourniture de la liste de ses représentants.

Par ailleurs, le Gouvernement du Mali est disposé à l’intégration prochaine des ex-combattants au sein des Forces armées et de sécurité, de la Fonction publique de l’Etat et d’autres corps paras militaires du pays, dès lors que les quotas compatibles avec les capacités du budget national sont fixés.

Le Gouvernement est déterminé à surmonter les obstacles techniques qui émanent des autres parties à l’Accord, en particulier les Mouvements signataires dont l’adhésion au DDR doit être sans réserve.

Le volet réinsertion socioéconomique entamera les activités d’ici fin septembre 2021 avec l’appui de la MINUSMA et de la Banque mondiale » a annoncé Choguel Kokalla Maïga.

Elites politiques et organisations de la société civile n’ont pas été associées aux discussions ayant abouti à la signature de l’accord de 2015 et beaucoup s’opposent à un texte négocié sans eux. A ce jour, davantage de campagnes d’actions citoyennes ont été menées contre l’accord de paix qu’en sa faveur. En vérité, la communauté internationale doit comprendre que la situation actuelle démontre les limites évidentes d’une paix imposée de l’extérieur.

Georges François Traoré
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