Le dossier des contrats des équipements militaires a connu de nouveaux rebondissements cette semaine avec la mise sous mandat de dépôt de cinq autres personnalités militaires et civile.
Les incarcérations se poursuivent dans le cadre des équipements militaires. Après l’ancien ministre Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Mme Fily Bouaré, et Mahamadou Camara, ex-directeur de cabinet et ministre de de la Communication, c’est au tour des colonels Abdoul Wahab Touré et Mohamed Lamine Diakité, du commandant Adama Kaba, du lieutenant Tio Konaté et du contrôleur financier Mme Sangho Fatoumata Bocoum d’être visés. A l’issue de leur audition devant un juge du pôle économique et financier de Bamako, ces cinq personnes ont été mises sous mandat de dépôt pour atteinte aux biens sociaux.
Ces dernières semaines, l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et celle portant sur l’achat de matériel militaire avaient été relancées au Mali. Classés sans suite en 2018, ces deux dossiers ont fait l’objet d’une nouvelle information judiciaire.
La nouvelle a provoqué une onde de choc à Bamako. Dans un communiqué diffusé le 27 mars, Mamoudou Kassogué, procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III de Bamako, a annoncé la réouverture sur ces deux dossiers emblématiques
Récréer la confiance
Depuis décembre 2019, les enquêteurs ont entendu des personnes visées. Les investigations menées par le pôle économique et financier de Bamako « ont permis de conforter les graves manquements à l’orthodoxie financière et comptable, relevés par le bureau du Vérificateur Général », a précisé le procureur, qui a évoqué « des faits de détournements de deniers publics sur fond d’opérations frauduleuses pour un montant de 9 350 120 750 F CFA et de surfacturation par faux et usage de faux pour un montant de 29 311 069 068 F CFA ». L’affaire a eu d’autant plus de retentissement, depuis 2014, qu’elle implique des personnalités ayant occupé de hautes fonctions dont certaines considérées intouchables. Fodie Tandjigora, maître de conférences et chef du département sociologie- anthropologie à l’université de Bamako, interrogé par la Deutsche Welle, a estimé que pour gagner la confiance du peuple “il faut insérer le dossier de la lutte contre la corruption dans un élan de récupération de la confiance entre les dirigeants et le peuple, une confiance qui avait été rompue durant tout le régime de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita qui avait fait une gestion domestique avec les gens qui entourent la famille et aussi le lignage parental.”
De 2013 à 2017, l’État malien a perdu plus de 300 milliards de francs CFA à cause de la fraude et de la mauvaise gouvernance, selon les rapports présentés chaque année par le Bureau du vérificateur général (BVG). En 2019, selon le classement réalisé par Transparency International sur la perception que les populations ont de la corruption dans leur pays, le Mali arrivait en queue de peloton, à la 130e place sur 180.