La salle Thierno Bocar de la Bibliothèque nationale du Mali a abrité le vendredi 27 septembre la cérémonie de lancement d’un dictionnaire monolingue en bamanankan. C’était sous la coprésidence du ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Ondogoly Guindo, et de celui de l’Education nationale, Mme Sidibé Dédéou Ousmane.
Cette réalisation, qui marque un grand pas dans la promotion des langues nationales, est le fruit de 16 années d’efforts de deux grands chercheurs sur les langues nationales, Dr. Issiaka Ballo et Mamadou Doucouré dit Vzéro.
Le représentant de la ministre de l’Education nationale, Pr. Abou Diarra, qui est aussi un linguiste-chercheur, a soutenu que ce dictionnaire monolingue qui vient de voir le jour est un élément extrêmement important pour le Mali.
Parce que, poursuit-il, «c’est un acte de refondation de notre Etat. Vous ne pouvez pas envisager le Mali refondé sans nos langues nationales qui sont le principal support de notre culture. On ne peut pas envisager notre politique de développement dans tous les secteurs en dehors de ces langues nationales. Mais pour que ces langues puissent nous servir, pour que ces langues soient de véritables outils de développement, il faut la recherche et il faut la recherche fondamentale». Ce dictionnaire, enchaîne le représentant du département de l’Education nationale, est le fruit de la recherche fondamentale.
Ces deux chercheurs, ajoute Pr. Abou Diarra, ouvrent la voie sur la nécessité d’aller vers la recherche fondamentale pour instrumenter les langues nationales, doter les langues nationales de tous les instruments qui permettront de gérer toutes les questions de la vie nationale dans les langues nationales. Et cela n’est pas, selon le Pr. Diarra, possible sans des travaux de ce genre, des dictionnaires monolingues, des dictionnaires spécialisés dans tous les domaines et c’est cela l’avenir du Mali.
Le Pr. Abou Diarra a terminé son intervention en félicitant les deux chercheurs qui viennent, selon lui, de marquer l’histoire des langues nationales du Mali avant de lancer un vibrant appel à d’autres chercheurs pour poursuivre ce travail de recherche, pour amplifier ce travail de recherche fondamentale sur les langues nationales.
Le chef du département de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Ondogoly Guindo, a d’abord salué l’effort intellectuel, la recherche qui a abouti à l’élaboration de cet ouvrage unique. «Oui, un dictionnaire monolingue en bamanankan, je crois bien que c’est une première même si nous avons souvenance d’autres productions ayant trait aux dictionnaires bilingues» dit-il.
Le bamanankan, selon M. Ondogoly Guindo, est la langue la plus partagée au Mali, d’autant qu’il est la langue la plus pratiquée sur toute l’étendue du territoire national. «Il n’est pas un point du territoire national où on ne trouve pas des personnes qui parlent cette langue», poursuit-il.
C’est pourquoi, affirme le ministre Guindo, cet ouvrage vient à point nommé, vient à son heure d’autant qu’il est une vérité aussi qu’une langue quand elle n’est pas entretenue, elle se meurt tout lentement parce qu’elle peut être facilement embrigadée par les emprunts. Et quand les emprunts, ajoute-t-il, prennent le dessus sur le socle d’une langue, sur la racine, cette langue est appelée à disparaître.
Pour M. Ondogoly Guindo, ce travail, qui participe au développement de la langue bamanan, est également un travail de sauvegarde, sinon de sauvetage de cette langue. Car, continue-t-il, «sans cette fixation, les mots, les expressions pourraient être équipollés de leur sens».
Il pense également que ce travail va permettre justement de fixer le vocabulaire du bamanankan dans toute son authenticité. Ce dictionnaire monolingue, selon le ministre Guindo, est non seulement une contribution précieuse pour le Mali mais c’est aussi un apport significatif justement au développement des langues nationales, particulièrement du bamanankan.
«Je voudrais dire à l’attention des populations que la langue est essentielle pour la culture, d’autant qu’elle en est le socle mais aussi le facteur et le vecteur puissant. Sans sa langue, il est difficile voire impossible de vivre sa culture. La culture en grande partie se manifeste par la langue», estime-t-il.
C’est pourquoi, ajoute-t-il, ce travail de préservation est à saluer. M. Ondogoly Guindo a terminé son allocution en invitant tous les Maliens à s’approprier le contenu de ce dictionnaire monolingue, «puisque nous parlons quotidiennement le bamanankan mais très souvent des mots de façon incorrectement donc l’exploitation de ce livre permettra à chacun de ceux ayant le bamanankan comme langue maternelle d’améliorer leur vocabulaire dans cette langue».
Ce dictionnaire est constitué de 13 mille entrées. La cérémonie de lancement a enregistré la présence de plusieurs personnalités s’intéressant aux questions de culture et de langue dont Magma Gabriel Konaté, le Secrétaire exécutif de l’Académie africaine des langues (ACALAN), Diadié Samassekou, Pr. Bougoutié Coulibaly, l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr. Bintou Founé Samaké, etc.