Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se déclare très inquiet du retard pris dans l'organisation des élections au Mali, qui permettraient une "transition politique d'ici mars 2022", dans un rapport remis vendredi au Conseil de sécurité et obtenu par l'AFP.
"Je note avec une vive inquiétude les retards dans les préparatifs de la tenue des élections générales et l'achèvement de la transition politique d'ici mars 2022", a-t-il écrit, en rappelant que les militaires au pouvoir avaient promis il y a un an "d'appliquer l'Accord de paix, de tenir des élections transparentes et crédibles et de revenir à un ordre constitutionnel". "Les progrès ont été limités et la situation reste fragile, avec un besoin d'efforts plus déterminés pour relever les défis actuels. Une action retardée alimentera l'instabilité politique et sociale et permettra aux groupes extrémistes de continuer à étendre leur contrôle sur des pans entiers du territoire malien", avertit-il. "J'exhorte le gouvernement du Mali et les autres parties prenantes nationales à parvenir à un compromis, par le dialogue, sur les réformes et les mesures nécessaires pour conclure la transition de manière opportune et constructive", ajoute-t-il. Dimanche, dans un entretien à l'AFP, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga avait affirmé que les scrutins prévus début 2022 pourraient être reportés de quelques "semaines" ou "mois". "L'essentiel pour nous c'est moins de tenir le 27 février que de tenir des élections qui ne seront pas contestées", a-t-il dit. A propos de l'insécurité, Antonio Guterres dit encourager "le gouvernement du Mali à déployer les forces de défense et de sécurité nécessaires, et à allouer les ressources financières nécessaires pour assurer le retour des autorités civiles et la fourniture de services socio-économiques de base dans tout le pays, en particulier dans le Nord et le Centre". Il indique aussi "prendre note de la décision du gouvernement français de restructurer la présence de la force Barkhane au Sahel et de fermer trois bases dans le nord (du Mali) d'ici janvier 2022". "Je prends note aussi du retrait partiel de la zone Liptako-Gourma de troupes tchadiennes de la force conjointe G5 Sahel", ajoute-t-il. Saluant l'engagement de Paris et N'Djamena, il précise "appeler toutes les parties prenantes à continuer à se coordonner étroitement sur ces restructurations et processus de retrait afin d'éviter un vide sécuritaire qui pourrait être exploité par des groupes armés et des terroristes". Le week-end dernier, Choguel Kokalla Maïga avait vivement critiqué la France à l'Assemblée générale de l'ONU, lui reprochant de ne pas l'avoir informé des détails de la restructuration de Barkhane ni de l'unité européenne de forces spéciales Takuba en cours de constitution. Paris s'est défendu de toute mauvaise communication. En raison de cet "abandon en plein vol", le Mali a entrepris de se tourner vers "d'autres partenaires", avait précisé le Premier ministre malien, en évoquant implicitement les paramilitaires de la société privée russe Wagner.