Dans la nouvelle répartition de l’administration territoriale, la Commune rurale de Safo disparaît et se trouve répartie entre la Commune rurale de Yélékébougou et le district de Bamako. La population de Safo s’oppose à ce projet. La semaine dernière, les autochtones des 14 villages étaient réunis dans la cour de la mairie pour en parler. La cérémonie était présidée par le maire intérimaire, Dotigui Niaré.
La Commune rurale Safo composée de 14 villages se voit disparaître de la carte avec le nouveau projet de découpage administratif publié en septembre dernier. Avec environs 22 000 habitants, la Commune de Safo dit non à ce projet qui rattache Safo et Falayan à la Commune 1 du district de Bamako, appelé 1er arrondissement et les 12 autres villages, N’Zorokoro, Tassan, Torodo, Sirababougou, Donéguebougou, Sériwala, Dognoumana, Kodialani, Dabani, Kôla, Chôdo et Somabougou seront rattachés à la Commune rurale de Yélékébougou située à 55 kilomètres de Safo.
Lors de la rencontre, le maire par intérim, Dotigui Niaré a rappelé l’historique du problème. Il a restitué la rencontré effectuée entre les maires et le préfet du cercle de Kati qui était basée sur la présentation du projet de découpage. Après ses explications, le représentant du chef de village de Safo, Facko Coulibaly, a catégoriquement rejeté le projet et a averti que « le séjour d’un pied d’arbre dans le fleuve, ne peut le transformer en crocodile ». Ils disent être prêts à se sacrifier pour éviter le partage de ce vieux site ancestral dont ils sont heureux de vivre ensemble et en communion depuis 1593 date de la création du village de Torodo.
Avec son homologue, représentant du chef de village de Falayan, Siaka Coulibaly, ils rejettent tous en bloc ce projet de découpage. Selon eux, tous les villages de la Commune de Safo sont liés à l’histoire et à la géographie. Ils sont aussi liés à la tradition, aux mœurs et aux coutumes laissées par leurs ancêtres. Nos valeurs sociétales sont les mêmes qu’il y a de cela plusieurs décennies.
Poursuivant dans leurs propos, les représentants de Safo et de Falayan précisent : « nous n’accepterons jamais d’aller du côté de Bamako pour plusieurs raisons. D’abord, nous ne sommes que des cultivateurs, des jardiniers et des éleveurs. Nous ne voulons pas perdre nos champs. Il y a des liens ancestraux et de mariages qui nous unissent »
Les femmes, les jeunes aussi bien que les leaders religieux présents à la rencontre ont tous abondé dans la même direction. D’un autre côté, les 12 autres villages qui doivent être rattachés à la Commune rurale de Yélékébougou, n’approuvent pas aussi cette décision. « Nous trouvons cette décision des autorités unilatérales. Nous devrions être consultés et écoutés en prélude. Cela dénote que ces autorités n’ont pas de respect envers nous. Nous vivons ensemble depuis plus de 500 ans. Nous ne voulons pas reculer à un centimètre. Dès le début de la décentralisation, nous avons choisi la Commune rurale de Safo. Ce n’est pas maintenant qu’on veut nous faire partir aux cotés de Yélékébougou », a évoqué Sadio Niaré de Zorokoro. « Ce sont des liens familiaux qui nous unissent. Des liens de mariages, de dignité, de loyauté existent entre nous depuis belle lurette. Nous ne voulons pas perdre nos champs car nous vivons dans l’activité agricole avec beaucoup d’espace cultivable et très fertile. C’est cela notre souhait et notre vocation. Nous n’irons pas à Yélékébougou sauf s’ils marchent sur nos tombes », a juré l’une des représentantes des femmes des 12 villages.
Les participants à la rencontre proposent aux autorités d’ériger la Commune rurale de Safo à un arrondissement, de maintenir la Commune de Safo en tant que telle avec les villages qui s’y rattachent et de préserver l’entité culturelle socio-économique et éducative par la sécurisation, la création d’usines, d’infrastructures routières, de sanitaire, etc.