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Lutte contre la corruption : Ces dossiers sulfureux dont l’épilogue est attendu
Publié le samedi 9 octobre 2021  |  Aujourd`hui
Journée
© aBamako.com par AS
Journée d`échanges Presse-Justice
Bamako, le 05 octobre 2021. À l`occasion de la 2è édition des Journées Presse et Justice, la Maison de la Presse a abrité la journée d`échanges entre la presse et la justice sous la présidence du ministre Mamadou Kassougué, Garde des Sceaux, ministre de la Justice.
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C’est une vraie opération mains propres que les autorités de la Transition ont déclenchée, donnant ainsi un contenu à la lutte contre la corruption et la délinquance financière qui avait bien du mal à sortir des discours de déclaration de foi et d’intentions, malgré les montagnes de dossiers produits par les différents corps de l’Etat, en charge des missions de contrôle et de vérification de la gestion des services publics. Au rythme où vont actuellement les choses, il y a lieu d’espérer que les nombreux dossiers sulfureux actuellement dans les méandres de la justice, après avoir fait couler beaucoup d’encre et de salive, connaîtront enfin un épilogue marqué par une décision de justice.
Les interpellations de ces derniers temps ont donné l’espoir au peuple malien que désormais rien ne sera plus comme avant en matière de lutte contre la corruption et la délinquance financière. En d’autres termes, il n’y a plus d’intouchables et chacun devra donc répondre de ses actes, voire de ses responsabilités.



Les réformes entreprises dans le secteur de la justice dont la création d’un unique Pôle économique et financier de compétence nationale, doté de tous les pouvoirs et moyens nécessaires (matériels, financiers comme humains) pour traiter les dossiers, renforce l’engagement des autorités publiques actuelles à rendre plus fluide et diligent le traitement des affaires de corruption et de délinquance financière.

Cette réforme majeure permettra certainement aux nombreux dossiers en cours d’instruction de pouvoir passer en phase de jugement quand c’est nécessaire pour certains ou d’être classés suite à un non-lieu des juges d’instruction, pour d’autres. Mais dans tous les cas, le souci de l’information des populations doit être de mise, elles qui suivent avec beaucoup d’attention les dossiers relatifs à divers scandales financiers qui ont tant fait jaser.

C’est le cas du marché des engrais frelatés de 2015 où il était question de plus de 60 milliards de nos francs. Un dossier qui n’est pas sans rappeler celui qui a fait séjourner Bakary Togola en prison. Pour cette affaire, on disait en son temps, que la Compagnie malienne de développement de textile (Cmdt) a octroyé, entre 2013 et 2019, 13,431 milliards Fcfa à la Confédération des sociétés coopératives de producteurs de coton (C-Scpc). Seul le montant 8,854 milliards est traçable dans les comptabilités de la Confédération et en plus, sur ce montant comptabilisé, 4,886 milliards seraient introuvables. Un total “non justifié” de 9,462 milliards Fcfa nécessitait donc l’ouverture d’enquêtes avec ce que cela comporte comme interpellations et embastillements. Mais où en est-on actuellement ?

De la Cmdt, nous passons à l’Office du Niger avec le tollé entretenu autour d”un marché de gré à gré de plusieurs dizaines de millions de Fcfa, donné sur un plateau doré à un bonze du régime du président IBK.

Par ailleurs, on attend toujours la suite réservée aux dénonciations du Bureau du vérificateur général, avec des affaires ayant alimenté la chronique, comme celles contenues dans son rapport 2018 mentionnant 10 vérifications effectuées, dont 7 dossiers transmis à la justice et portant sur des irrégularités financières constatées : 1 836 065 838 Fcfa à l’Ambassade du Mali à Ouagadougou (Burkina Faso) ; 166 287 446 Fcfa à l’Ambassade du Mali à Abidjan (Côte-d’Ivoire) ; 51 047 885 Fcfa à l’Ambassade du Mali à Madrid (Espagne) ; 133 687 909 Fcfa au Consulat général du Mali à Douala ; 284 151 956 Fcfa à l’Ambassade du Mali à Rome (Italie) ; 77,4 millions Fcfa d’achats de carburant non justifiés à la Direction nationale de la Santé.

A cela il faut ajouter que la justice doit se mettre sur les traces de plus de 2 milliards Fcfa délestés des caisses des Aéroports du Mali où il y a eu 550 dollars US versés, par jour, à MAE (Mali Air Express) dont la convention est résiliée depuis 2013 ; 72,4 millions Fcfa payés à la société de gardiennage Aérosec, sans contrat ; 711 millions Fcfa d’écarts de passation de service entre les Pdg ; 891,6 millions Fcfa de créances non recouvrées ; 147,6 millions Fcfa de dépenses fractionnées et 60,8 millions Fcfa, indûment payés à un cabinet de conseil fiscal.

Par ailleurs, il y a l’audit des 1230 milliards destinés à la Loi d’orientation et de programmation militaire (Lopm) dont les échos sont toujours attendus. Et pendant que nous sommes dans les dossiers concernant l’armée, c’est bon de rappeler les marchés des aéronefs de l’armée acquis puis cloués au sol (avions de transport et hélicos), en plus des deux dossiers qui ont secoué le Mali ces derniers temps : le marché des équipements militaires donné en gré à gré à Guo Star pour près 70 milliards de Fcfa dont l’exécution, à travers une garantie de l’Etat dans une banque de la place, est allée à une centaine de milliards Fcfa. S’y ajoute l’acquisition de l’avion de commandement facturé à 20 milliards Fcfa alors qu’il aurait coûté 7,4 milliards de nos francs, selon un aveu d’un des acteurs, recueilli par le Bureau du vérificateur général lors de l’audit du processus d’achat de cet avion.

A ce tableau déjà sombre, il faut pourtant ajouter un grand scandale financier à l’Institut national de prévoyance sociale (Inps) avant l’arrivée de l’actuelle directrice générale ; le marché de la rénovation et de l’équipement de l’hôpital Gabriel Touré; les 3 milliards volatilisés au Ministère de l’Economie et des Finances; le bradage du patrimoine bâti de l’Etat ; le projet Soundjata où le promoteur se déclare floué par une haute autorité de l’Etat, alors qu’il voulait investir 50 milliards Fcfa dans l’énergie solaire et last but not least, le dossier de 741 milliards Fcfa prétendument détournés et qui a provoqué la colère des partenaires techniques et financiers.

Que de milliards mis en cause ! Raison pour laquelle, toutes ces affaires doivent avoir un épilogue connu car les citoyens attendent avec impatience de savoir : Qui a fait quoi ? Comment ? Avec quels complices ? Autant de questions dont les réponses restent suspendues aux décisions de justice.

Amadou Bamba NIANG
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