Dans ce qu’il a appelé «Analyse», Nicolas Normand, ancien diplomate français, tente de faire une jonction, sinon de trouver une similitude entre la Russie et Daech qui n’auraient, selon lui, au-delà d’une cible commune qu’est l’Occident, et notamment la France, d’yeux que sur les richesses de l’Afrique qu’ils voudraient exploiter, y compris des trafics. Une manière très subtile pour l’ancien diplomate de diaboliser la Russie, devenue aujourd’hui une icône pour beaucoup de pays africains, y compris le Mali, non pas pour sa puissance militaire seulement, mais aussi pour son pragmatisme dans ses rapports avec ses partenaires. On peut certes comprendre les critiques de la France qui perd du terrain en Afrique, mais de là à aller jusqu’à mettre l’État russe et Daech dans la même enseigne, il faut dire que c’est vraiment abject. Mais décryptons ensemble les arguties de Nicolas Normand !
Bien qu’il reconnaisse que les pays occidentaux qui prétendent aider les pays sahéliens perdent beaucoup de crédibilité, puisque n’arrivant pas apporter de solutions visibles à l’insécurité comme au sous-développement, Nicolas tente en même temps de justifier cette inefficacité occidentale, disons française par les dysfonctionnements étatiques africains (l’Afrique, toujours sur le banc des accusés).
«Les anciennes puissances coloniales, en particulier la France, dont la visibilité est renforcée au Sahel par son intervention armée depuis 2013 (Serval puis Barkhane), servent alors de bouc émissaire idéal à tous ceux qui ne sont pas portés à l’autocritique», note Nicolas Normand, qui accuse en outre la Russie «d’exploiter cette situation de vulnérabilité occidentale».
Comment comprendre que des gens, qui prétendent aider l’Afrique depuis la nuit des temps (des missions d’exploration au néocolonialisme, en passant par le colonialisme), en lieu et place de nous sortir du sous-développement, exploitent plutôt nos richesses ? Et pour prendre Nicolas Normand aux mots, comment la France, imbue de sa puissance, qui aide économiquement et militairement l’Afrique, peut-elle s’avérée vulnérable au point d’ouvrir un chemin à la Russie ?
La vérité n’est-elle pas ailleurs ?
En effet, la vérité est que les pays africains que la prétende aider, y compris le Mali, ont fini par comprendre que ce pays qui se veut celui de l’égalité, fraternité et solidarité, n’est en réalité que celui qui les exploite, les pille et manipule leurs populations en sa guise pour mieux enraciner ses tentacules paternalistes et néocolonialistes !
«Les Russes se présentent enfin comme une alternative efficace aux Français en matière de coopération sécuritaire, même si ce n’est probablement pas leur intention au Sahel, faute de moyens et d’intérêt économique suffisant. Des manifestations anti-françaises parsemées de drapeaux russes ont été organisées à Bamako. Ceci ne peut que faire le jeu des djihadistes qui assaillent les régimes sahéliens, même si ce n’est qu’un effet collatéral pour la Russie», écrit Nicolas Normand, qui tente de récrire la façon dont la France, à force de manipuler et de vouloir créer un chaos en Centrafrique, a fini par y perdre son hégémonie face au pragmatisme des russes qui n’ont pas mis assez de temps pour écarter les menaces qui planaient sur ce pays du fait de la mauvaise foi de l’Elysée.
«Au Sahel (Mali et Burkina Faso), l’exploitation de l’or artisanal compte parmi les ressources des djihadistes dans les zones respectivement contrôlées par Daech ou Al-Qaïda. Mais il semble que ces ressources ne soient pas suffisantes pour intéresser la Russie, dans le contexte local en outre très difficilement maîtrisable. L’accent est en revanche mis sur la désinformation et l’influence, avec la fabrication de nombreuses vidéos anonymes mais d’origine russe attaquant la France sur les réseaux sociaux», note par ailleurs Nicolas Normand.
À croire que ce Monsieur s’est mué en espion au service de la France Macronienne ! Sauf qu’il devra comprendre que ces tentatives de manipulation de l’opinion africaine portée sur la Russie ne sauraient passer !
Et il croit être dans les secrets des dieux, lorsqu’il affirme que le régime de transition malien a cherché à négocier à Moscou, en septembre 2021, le remplacement du dispositif d’aide militaire français Barkhane par un engagement sur le terrain de la Russie, comme le souhaiterait une partie de l’opinion publique malienne. Mais Moscou n’a guère donné suite, en dehors de formations d’officiers maliens en Russie, de ventes d’armements (quatre hélicoptères militaires ont été vendus au Mali et livrés, début octobre 2021), se limitant à renvoyer sur sa Société privée de mercenaires Wagner.
Aussi, trouve-t-il que les négociations menées par le Mali pour faire venir un millier de mercenaires russes Wagner, au prix de 9 millions d’euros par mois, ont été un élément important de la crise franco-malienne de fin septembre 2021. Et d’indiquer: «L’Allemagne puis l’Union européenne ainsi que les autres pays sahéliens (Niger et Mauritanie) ont également mis en garde la transition malienne contre les risques induits par l’éventuelle arrivée de Wagner au Mali. Il est probable que le Mali y renoncera pour éviter son isolement diplomatique et financier et le retrait de l’aide militaire française». Le diable est dans les détails, dit-on. Ainsi, et c’est bien un sale dessein pour ancien diplomate, que de limiter le Sahel, en dehors du Mali, au Niger et à la Mauritanie.
Mais Nicolas Normand se plante complètement, quant il pense le Mali va renoncer à son projet pour «éviter son isolement diplomatique et financier et le retrait de l’aide militaire française» ! En effet, il n’a rien compris des enjeux de ce qui se passe en ce moment. Il n’a pas compris que la France a perdu à jamais au Mali. Il n’a pas compris que rien, ni même personne, qui qu’elle soit, ne peut arrêter le Mali dans sa marche vers la reconquête de sa souveraineté, de sa sécurité, de son intégrité territoriale, gage de construction du «Mali-Kura» en refondation !
Quand Normand tente de coller des «méthodes purement françaises» à la Russie
«Le point commun entre Daech et une partie des activités de la Russie en Afrique subsaharienne est d’abord l’opportunisme exploitant les failles d’États affaiblis et ne parvenant pas à contrôler leur territoire. Il s’agit alors, pour la Russie, de chercher à tirer parti d’avantages économiques peu transparents et de trafics mafieux en visant principalement les pays riches en ressources minérales, à ce stade principalement la République centrafricaine (RCA) et le Mozambique. Avançant avec une certaine prudence et là où la Russie peut apporter un changement, combinant l’intérêt économique privé d’oligarques russes avec une stratégie géopolitique de l’État russe, Moscou propose une panoplie combinant des ventes d’armes, une coopération militaire officielle et des sociétés privées associant la fourniture de mercenaires et l’exploitation des ressources minières dans un contexte trouble.
Il s’y ajoute parfois, comme en RCA et en Guinée Conakry, une aide en matière de communication et de propagande électorale par Internet pour les élections présidentielles. Le second point commun entre Daech et la Russie est la recherche de la déstabilisation de l’influence et des intérêts occidentaux, dans un affrontement idéologique qui ne peut qu’affaiblir encore certains pays subsahariens menacés, et donc profiter aux djihadistes. Mais l’intérêt russe passe avant celui de ces pays africains qui sont instrumentalisés».
Contrairement à ce que Nicolas Normand exprime ici, nous, tout comme nos lecteurs certainement, voyons plutôt une description sommaire de ce qu’est la politique française en Afrique ! Alors, le désormais plus «espion» qu’ancien diplomate français doit garder ses réflexions pour lui-même, dès lors qu’elles n’ont d’autres buts que de défendre la France, car pour nous Maliens, «jamais rien ne sera plus comme avant entre Bamako et l’Elysée». Que ceux qui en doutent se réveillent donc !
Par Moussa DIARRA