Ce projet, initié par le président déchu, et confié au patron de l'ANICT, Mohamed Ag Erlaf, ancien ministre, est dans les oubliettes, depuis le coup d'État du 22 mars dernier.
Il est pourtant de notoriété publique que ce vaste programme, en partie financé, était en chantier. Où en sommes nous aujourd'hui avec le PSPSDN? La récente visite d'Ag Erlaf à Dakar a-t-il un lien avec le sort du projet? Ces derniers temps, suite au coup d'État militaire du 22 mars, ayant conduit au renversement du régime d'ATT, on n'entend plus exactement parler du PSPSDN.
Ce projet phare, conçu pour la sécurité et le développement des régions nord-Mali, au temps du président déchu, financé par les bailleurs de fonds à hauteur de 34 milliards de nos francs, est dans les oubliettes.
Au-delà de la polémique tenace, qui avait éclaté à sa naissance, et qui concernait justement le choix du dirigeant (celui-là même qui contrôlait déjà l'ANICT), le PSPSDN, qui avait une durée de vie formatée à deux ans, était uniquement planifiée comme une réponse de l'État au manque d'infrastructures étatiques et surtout de sécurité dans les régions nord du pays.
De ce fait, le programme devait survivre à la chute du régime.
Mais, il n'en sera pas le cas: bien qu'ayant initialement démarré ses activités (les pouvoirs publics ont organisé en grande pompe en son temps le lancement officiel de l'opération), tout semble aujourd'hui s'arrêter autour de ce programme qui ne fait plus parler de lui.
Pourtant, le contexte sécuritaire brûlant que connaît la partie septentrionale du pays, avec en toile de fond la mainmise des groupes terroristes de toutes sortes, fait que l'approche PSPSDN, au-delà des soubresauts politiques, est plus que jamais d'actualité.
S'il a été conçu, de cette manière, par l'ancien président, ATT, et qui a imposé à sa tête l'actuel DG de l'ANICT (avec un budget de plus de 20 milliards de nos francs), c'est pour que la structure concernée, en dehors de la polémique liée au cumul de fonction à ce niveau, puisse éteindre les foyers de tensions, susceptibles d'embraser le nord-Mali du fait de l'absence des réalisations étatiques dans cette partie du pays.
On ne comprend pas alors, dans l'opinion, qu'un projet aussi crucial pour la sécurité et le développement de cette partie du pays, financé à coup des dizaines de milliards de nos francs, puisse simplement dormir dans les placards du seul fait du coup d'État militaire.
Pour beaucoup d'observateurs de la scène nationale, pour le crédit de gestion de cette structure, il est vrai restée très longtemps opaque entre l'ANICT et Koulouba, du temps d'ATT, il est impératif aujourd'hui que l'actuel dirigeant puisse faire le point sur le niveau des financements accordés et surtout des réalisations jusqu'ici concrétisées par le PSPSDN.
Ag Erlaf, de sources crédibles, a effectué récemment une visite éclaire à Dakar.
Dans l'entourage des responsables du PSPSDN, on est persuadé que cette sortie surprise du patron de l'ANICT au Sénégal, dans un tel contexte de crise sécuritaire aiguë dans le pays, n'est pas sans rapport avec le président déchu, ATT, qui y vit en exil avec les siens, depuis qu'il a officiellement démissionné du poste de la présidence de la république, suite à l'accord-cadre signé entre le chef de la junte, le capitaine Sanogo, et le médiateur de la Cedeao pour le retour à la normalité constitutionnelle dans le pays.
Dans la probabilité d'une reprise du PSPSDN, certains de l'ancien staff surtout les militaires, qui avaient à l'époque émis des réserves quant au choix du dirigeant( la structure étant à leurs yeux à vocation sécuritaire), estiment que l'avenir immédiat de ce projet ne peut être envisagé sans un clin d'œil à l'ancien président déchu qui serait, pour les mêmes motifs évoqués plus haut, l'un des maillons essentiels du dispositif de financement de ce programme, pour l'avoir initié et mis en route avec l'intelligence d'Ag Erlaf.
Ce dernier, en mission à Dakar, a-t-il rencontré le président déchu?
Nul ne le sait.
Mais, dans les coulisses du PSPSDN, aujourd'hui nonchalant et presque agonissant, même si l'on ne s'attarde pas sur l'opportunité d'une telle rencontre, l'on estime néanmoins que tout changement d'approche du PSPSDN demande beaucoup de souplesse de la part d'Ag Erlaf que l'on soupçonne de faire apparaître présentement la structure sous une nouvelle formule.
En somme, dit-on, concevoir autour du PSPSDN du nouveau avec de l'ancien.
Quoi qu'il en soit, selon certaines indiscrétions, il semble que le patron de l'ANICT, qui rêve toujours de faire revivre le PSPSDN, ne manque pas d'atouts pour ce faire: profitant du contexte actuel de la crise politique et sécuritaire que connaît le Mali, Ag Erlaf semble être fixé sur la prochaine loi portant orientation et programmation militaire pour les besoins d'organisation et d'équipement de l'armée, qui doit être bientôt votée par l'Assemblée nationale, pour parvenir à ses fins.
C'est d'ailleurs pour cela, dans le milieu militaire, que beaucoup interprètent le rapprochement entre le patron du PSPSDN et le chef de l'ex-junte militaire, le capitaine Sanogo, lequel, on le sait, en son temps, avait expliqué le coup d'État du 22 mars par le souci de l'armée de se doter de moyens adéquats pour faire face à la progression des rebelles dans le nord-Mali.
En fait, dès le lendemain du coup d'État, le capitaine Sanogo, chef de la junte, avait dépêché le patron de l'ANICT, Mohamed Ag Erlaf, comme émissaire de la junte militaire auprès des troupes rebelles touaregs.
Même si rien n'a absolument filtré de cette mission qu'il a effectuée à Tombouctou, auprès des chefs militaires de la rébellion, Erlaf aura néanmoins réussi auprès des militaires à mieux faire progresser l'idée d'une reprise des activités du PSPSDN dont certaines, comme celles relatives au développement des infrastructures, ont trait aux besoins d'équipement de l'armée, tel qu'il a été évoqué dans l'accord-cadre.
Tout n'est pas pour autant gagné pour Ag Erlaf dans sa volonté de ressusciter le PSPSDN.
Pour cela, dit-on, il lui reste de gagner la prouesse d'étendre le PSPSDN à tout le pays (ce qui n'est son objet initial) et de faire le point sur l'état des financements réels et actuels du projet.
Ce qui n'est pas, semble-t-il, une mince affaire.
A suivre donc...