Le secrétaire général du parti Adema-PAJS de Sikasso, Adama N. Diarra est candidat à la présidence du parti pour le 6ème congrès. Depuis janvier, M. Diarra a lancé sa candidature. Dans cette interview, il dévoile ses ambitions pour le parti, la Jeunesse et les femmes du 2ème du plus grand parti politique de l’Afrique, après l’ANC du Sud-Afrique.
Mali Tribune : Comment se porte le parti Adema aujourd’hui ?
Adama Noupounou Diarra : Le parti Adema se porte un peu moins bien comparé à l’histoire de la formation. L’Adema est une composante essentielle du mouvement démocratique pour avoir joué un rôle prépondérant dans l’avènement de la démocratie au Mali et avoir posé les jalons des grands principes et d’Etat de Droit dans notre pays. Nous avons également géré le pays pendant un mandat de 10 ans qui a été fondamental pour la poursuite de la démocratie au Mali. Historiquement, l’Adema est un grand parti qui a joué un rôle très important dans notre pays.
Mali Tribune : Qu’est-ce qui justifie ce peu de recul de l’Adema jadis à celle d’aujourd’hui ?
A N. D. : Les acteurs majeurs du mouvement démocrate, d’âge ou personnelles ont dû se mettre en retrait. La prise en main de la jeunesse n’a pas été à hauteur de souhait. La relève n’a pas été préparée. Le problème qui se pose, est qu’il faut absolument que le parti revienne aux fondamentaux dans l’esprit, le comportement, l’engagement politique qui ont prévalu à la création du parti. Etre réhabilité et revitalisée. C’est pourquoi, j’ai dit que le parti se porte un peu moins par rapport au passé.
Mal Tribune : Quelle est la place de l’Adema aujourd’hui, sur l’échiquier politique malien ?
A N. D. : Ce n’est pas pour nous jeter des fleurs ou nous flatter. L’Adema est le seul parti au Mali qui n’est pas lié à une personne. Quand vous visiter les différentes formations politiques. On ajoute toujours le nom du leader à l’appellation du part. L’Adema est l’un des partis qui couvrent le territoire malien. Certains partis issus de l’Adema ont pu s’appuyer sur des branches du parti. L’Adema est intrinsèquement l’un des partis le mieux implanté.
Mali tribune : En janvier, on a entendu échos de votre candidature à la présidence du parti, qu’est-ce qui vous a poussé à cette candidature ?
A N. D. : Ma candidature a une histoire. En 2008 lors du congrès, il a été constaté que les cadres du parti ministre dans le gouvernement ou chefs d’institution, ont été directement positionnés comme vice-président dans le parti. Cela n’a pas paru assez démocratique pour moi. Pour bénéficier d’un poste dans le parti, le cadre doit disposer d’une certaine base politique solide. Pour être devant, il faut avoir des gens derrière toi. Cette situation m’a inspiré et m’a conduit à prendre la décision d’aller briguer un mandat de maire dans ma localité, la Commune rurale de Kourouma. Fort heureusement, cela ne fut pas un grand défi. J’étais en connexion avec la population. Très facilement, j’ai pu me faire élire haut les mains. Je ne regrette pas d’avoir été élu maire dans la mesure où j’ai pu réaliser des projets. J’ai posé des actes politiques à ce niveau qui prouvent à suffisance une autre façon de gérer la cité, une autre manière de faire la politique. Ce que j’ai démontré en ma qualité de maire. Honnêtement je ne regrette pas. Aujourd’hui, je représente 18 000 personnes. Ma commune compte 18 000 personnes. Indépendamment j’ai une influence des communes voisines ou des communes du cercle ou de la région de Sikasso. La seconde raison tient à un fait plus récent. Lors des dernières législatives, le traitement réservé à notre liste à la section de Sikasso, suite à la proclamation des résultats et la mise en cause de notre victoire par le parti Adema, n’a pas été du goût non seulement des militants, mais aussi de la population de Sikasso. Les résultats ont été renversés, c’est vrai il y a eu des démarches certes, jusqu’à ce que des forces de sécurité veinent à réprimer une manifestation de jeunes qui militaient pour le soutien à notre liste pour protester contre la remise en cause de notre victoire. Il y a une répression jusqu’à ce que nous ayons enregistré mort d’homme. Nous n’avons pas enregistré de réactions officielles du parti. Le parti n’a pas réagi officiellement et c’est bien plus tard qu’une délégation a affait le déplacement à Sikasso. Le mal était déjà fait. Ce traitement réservé à la section de Sikasso a fait que les militants et la population, ont dit qu’il faudrait prendre nos responsabilités pour compter dans le dispositif. C’est la seconde raison de l’introduction de ma candidature à la présidence du parti. C’est une candidature qui appartient à la section.
Mali Tribune : Quels sont les buts de cette candidature et quels seront vos principaux actes ?
A N. D. : C’est pour améliorer la gestion et la gouvernance du parti. Ceux qui nous ont précédés ont fait ce qu’ils pouvaient. Si nous étions élus président du parti, c’est pour contribuer à améliorer les performances et la gouvernance du parti. De faire en sorte que nous ayons un parti de militant. On ne peut pas venir dans un parti pour avoir un poste ou faire ceci non, c’est pour servir.
Mali Tribune : Qu’est ce que vous allez faire concrètement pour atteindre ces objectifs ?
A N. D. : Je vais m’engager que les militants s’approprient de leur parti, de participer aux activités, en terme de contribution financière, parce qu’un parti doit être entretenu par ses militants et en terme de relation internationale. Nous sommes dans un univers, un environnement international qui fait que seul, on ne peut rien. Seul, on ne peut réaliser de très grandes choses. Il faudrait des connexions à l’international. Je vais beaucoup m’appesantir sur ce plan. Surtout la prise en charge de la jeunesse et des femmes du parti. Faire en sorte qu’après nous, que les jeunes puissent trouvent un parti de militants et bâtisseurs pour construire l’avenir du pays.
Mali Tribune : Quel est votre regard sur le Mali aujourd’hui ?
A N. D. : Le Mali va mal. Il y a plusieurs problèmes, économiques, sociopolitiques, sécuritaire et situation géopolitique. Il faut aujourd’hui un positionnement géostratégique efficace de manière à ce que nous puissions conduire les destinées du pays efficacement. Le Mali doit parler avec tous ses partenaires avec une démarche en isolant et en ne blessant aucun partenaire. Il faut diversifier les partenaires. Il ne faut pas non plus s’agripper à un seul partenaire. Il faut multiplier les opportunités.
Mali tribune : Etes-vous optimiste pour une sortie de crise pour le Mali ?
A N. D. : Il faut que le Mali sorte de cette situation. Nous sommes obligés de trouver la solution. Il faut dialoguer entre les Maliens. Avoir des démarches incisives. Je suis optimiste. La sortie de crise peut être très difficile mais je suis persuadé que nous trouverons la solution.
Mali Tribune : Comment voyez-vous le Mali et l’Adema dans le futur ?
A N. D. : Le parti Adema est obligé d’épouser les attentes et les aspirations des Malien s’il veut continuer à exister et diriger encore ce pays. Il est obligé de tenir en compte des aspirations et des attentes des populations sur tous les plans. La gouvernance, la lutte contre la corruption, la sécurité. Il faut que le parti dans l’organisation et ses prises de position et actions, puisse répondre efficacement à ces volets. Autrement l’Adema mourra.
Oui, j’ai un seul appel à lancer : Que les militants, lors du prochain congrès choisissent, élisent les leaders en fonction de leurs valeurs intrinsèques, leur parcours politique, professionnels et profil social. Si les gens doivent être élus en fonction de leur capacité financière ou position stratégique du moment, ce serait un éternel retour au point de départ. Même par rapport à la candidature, les gens qui pensent que je ne suis pas à la hauteur pour diriger l’Adema, cela ne me fait aucun problème. Pour l’histoire et la survie de l’Adema que les militants choisissent en toute indépendante et objectivité, ceux qui objectivement peuvent diriger ce parti. J’en profite pour souhaiter un très bon congrès à la jeunesse de l’Adema.