Aux yeux de beaucoup de Maliens, si la grande puissance militaire qu’est la France ne vient pas à bout d’une rébellion, c’est seulement qu’elle ne le veut pas.
Il serait tentant de penser que les tensions qui déchirent depuis l’été les alliés français et maliens tiendraient seulement à l’éventualité d’une ingérence russe. L’arrivée possible de mercenaires du Groupe Wagner crispe certes les parties, Paris la qualifiant d’«incompatible» avec la présence des troupes françaises de Barkhane tandis que Bamako joue sur sa «souveraineté».
Mais derrière ces mots éclatent en fait au grand jour une mésentente bien plus ancienne, un hiatus qui date des premiers mois de l’intervention Serval au Mali: le statut de Kidal, une ville de l’extrême nord du pays, «capitale» des Touaregs avec lesquels les relations, où se mêlent commerces et trafics, dialogues et guerres, sont furieusement complexes depuis des siècles.
Le sentiment de frustration des Maliens est lié à la conviction que la France a un agenda caché
Choguel Maïga, premier ministre du Mali
Dans un entretien avec Jeune Afrique, le premier ministre Choguel Maïga le dit clairement: «La France a créé une enclave gérée par la rébellion (la Coordination des mouvements de l’Azawad, CMA), à Kidal. Quand l’opération Serval est intervenue en 2013,