Le Fonds de Garantie du Secteur Privé (FGSP) n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres, en vue de sa privatisation. Du moins, pas à notre connaissance. Mais tout porte à croire que dans la lutte contre la pandémie du Covid-19 au Mali en 2020, il a été victime d’une OPA (Offre publique d’achat) qui ne dit pas son nom : il a été au service exclusif de son Directeur, M. Moustapha Adrien Saar qui n’a pas respecté les dispositions conventionnelles relatives à la reddition des comptes conformément à ces engagements avec l’État du Mali. Depuis, le FGSP porte les germes de sa propre destruction.
Le Directeur Général du Fonds de Garantie du Secteur Privé, Moustapha Adrien Saar n’a pas géré le fonds COVID-19, conformément aux dispositions de la convention. Du coup, il doit répondre d’une délinquance qui frise le dol et le détournement du denier public.
D’embrouilles en magouilles
À en croire le rapport du Vérificateur général, sur un montant total de 20 milliards FCFA destiné au financement de la garantie des crédits bancaires en faveur des PME/PMI pour une durée de deux ans, le Dg Moustapha Adrien Saar n’a traité que les dossiers de garantie de trois entreprises sur 2 000 prévues. Non plus, il n’a pas justifié l’utilisation du reliquat de 6,5 milliards FCFA (6 500 000 000F) n’ayant pas fait l’objet de Dépôt à terme (DAT) dans des banques commerciales pour conforter leur trésorerie comme l’exige ladite convention.
L’Article 1er de l’Avenant N°1 portant sur les engagements des parties à la Convention de Financement N°06/2020 entre le Ministère de l’Économie et des Finances et le Fonds de Garantie pour le Secteur Privé (FGSP-SA) du 1er Octobre 2020, dans le cadre de la riposte à la crise liée à la COVID-19, est clair :
L’État du Mali s’engage à mettre à la disposition du FGSP-SA, un montant de vingt milliards FCFA, pour garantir principalement les crédits bancaires en faveur des PME/PMI, de certaines grandes entreprises et des Systèmes Financiers Décentralisés.
Le FGSP-SA s’engage à accepter la gestion des fonds confiés sous forme de « gestion pour le compte de tiers » ; à faire une gestion transparente et professionnelle des fonds selon le manuel de procédure du FGSP-SA ; à fournir un rapport trimestriel d’utilisation détaillé des fonds accordés, (…).
Suivant l’Article 2 de la même convention portant sur la mise en place d’un suivi et d’évaluation « dans le cadre du suivi du Programme d’Urgence Présidentiel, de la riposte à la crise liée au Covid-19, il est mis en place un comité qui aura à la charge de suivre mensuellement l’utilisation de la dotation, d’effectuer un reporting pour le département de l’Économie et des Finances, d’informer les partenaires financiers de l’impact sur la crise ». Tout cela pour une durée initiale d’utilisation de deux (2) ans à compter de leur date de déblocage.
Cette dotation de l’État Malien pour le FGSP vient donc considérablement renforcer les capacités d’intervention de cette structure et devrait permettre de mobiliser jusqu’à 100 milliards de FCFA en faveur de plus de 2 000 entreprises pour plus de 12 000 emplois directs sauvegardés/créés. Pour le reste de l’année 2020, la priorité sera donnée aux mesures conjoncturelles d’urgence. Mais ce fût du leurre.
Les pourboires du dirlo
Pour s’assurer de la conformité des opérations sur le fonds COVID-19 mis à la disposition du FGSP pendant l’exercice 2020, l’équipe de vérification a examiné les relevés bancaires, les conventions, les contrats et correspondances. Du coup, il ressort que le Directeur du FGSP, Moustapha Adrien Saar, n’a pas respecté les exigences de reddition des comptes contrairement aux engagements des parties. Plus grave, il n’a pas fourni les rapports trimestriels d’utilisations détaillées des fonds accordés et les reporting pour le département de l’Économie et des Finances.
Par ailleurs, entre le 17 Décembre 2020 et le 10 Mai 2021, le Directeur du FGSP a reçu de l’État, un montant total de 20 milliards FCFA destiné au financement de la garantie des crédits bancaires en faveur des PME/PMI pour une durée de deux ans au cours de laquelle, il n’a traité que les dossiers de garantie de trois entreprises sur les 2 000 prévues.
Il a accordé respectivement des garanties de 40 millions FCFA, 106 millions FCFA (106 106 250F) et 450 millions FCFA, soit un total de plus de 596 millions FCFA (596106 250 F) sur une garantie de 100 milliards FCFA prévue.
En bloc, le non-respect des dispositions de la convention ne permet pas une traçabilité dans la gestion des ressources mises à disposition.
En effet, le Dg Moustapha Adrien Saar, a signé des conventions de Dépôts à terme (DAT) à hauteur de 13,5 milliards FCFA (13 500 000 000F) avec les établissements financiers dont les revenus reviennent au FGSP. Au même moment, l’utilisation du reliquat de 6,5 milliards FCFA (6 500 000 000F) n’est toujours pas justifiée. Envolés !
La situation de ces DAT se présente ainsi qu’il suit : à la date du 30/12/2020, il y a 1 milliard FCFA à la BCS ; 1 milliards à la Banque Atlantique a partir du 18/01/2021 ; 500 millions auprès de CFREDITKASH à la date du 01/02/2021 ; 2 milliards à la BNDA à partir du 04/02/2021 ; 1 milliard à la BDM à la date du 09/02/2021 ; 500 millions à COFINA à partir du 13/04/2021 ; 500 millions à la BOA ; 4 milliards à la BMS à la date du 28/04/2021 ; 1 milliards à Kafo Jiginew à partir du 29/04/2021 et 2 milliards à la BNDA le 04/05/2021. Soit au total, la somme de 13,5 milliards FCFA (13 500 000 000F).
Décidément, de nombreuses anomalies affectent la gestion du Fonds de Garantie du Secteur Privé. Du coup, le détournement de fonds est érigé en système. Et le mot d’ordre de cette « mangecratie » reste : « bouffe et tais-toi, s’il en reste la nation pourra en bénéficier ».
En chiffre, le Dg du FGSP, Moustapha Adrien Saar n’arrive toujours pas à justifié l’utilisation du reliquat de 6,5 milliards de nos francs non déposé dans les banques.
D’où une dénonciation de faits du Vérificateur général à la section des Comptes de la Cour Suprême et au Procureur en charge du Pôle Économique et Financier par rapport aux sous non déposés en banque par le Directeur du FGSP, M. Moustapha Adrien Saar. Depuis, l’homme se trouve dans une situation inconfortable.