L'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé l'ONU à faire pression sur les autorités maliennes pour l'ouverture d'enquêtes sur des exécutions et des disparitions imputées aux forces de sécurité, à quelques heures de l'arrivée d'une délégation du Conseil de sécurité.
Une délégation du Conseil de sécurité, comprenant notamment l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, est attendue samedi vers 15H00 GMT à Bamako pour pousser le Mali à revenir à un pouvoir civil après deux putschs en neuf mois, dans une région en proie aux violences jihadistes et intercommunautaires.
Elle "rencontrera les plus hautes autorités maliennes ainsi que plusieurs représentants des institutions républicaines. Le Conseil s'entretiendra aussi avec les groupes armés signataires (de l'accord de paix de 2015) et la société civile", a annoncé la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) dans un communiqué. "Les autorités maliennes devraient enquêter sur une série d'allégations d'exécutions sommaires, de disparitions forcées et de détentions au secret par les forces de sécurité gouvernementales", affirme HRW dans un communiqué publié vendredi soir, à la veille de cette visite.
"Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait profiter de sa visite pour s'assurer que le gouvernement honore ses obligations de respect des droits humains, qu'il enquête sur les abus commis par toutes les parties et engage des poursuites appropriées", ajoute l'ONG. "Depuis septembre, au moins 14 hommes, vus pour la dernière fois alors qu'ils étaient détenus par des forces de sécurité ont +disparu+ ou restent détenus au secret", selon le communiqué. "Les corps de trois hommes qui auraient été exécutés après leur arrestation par des soldats début octobre ont été retrouvés près du camp de l'armée dans la ville de Sofara", (centre), ajoute HRW.
"Le gouvernement de transition au Mali ne devrait pas rester les bras croisés pendant que ses soldats sont impliqués dans une série d'exactions", insiste l'ONG. A la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux d'images de tortures et de cadavres, l'armée malienne a affirmé dans un communiqué le 13 octobre "qu'en ce qui concerne les scènes de tortures les faits ont été renseignés et les auteurs formellement identifiés", puis sanctionnés et "mis à la disposition de la gendarmerie".
En revanche, l'armée s'inscrit "en faux contre les allégations visant à (l')incriminer dans les exécutions sommaires dont les images ont inondé la Toile", selon le texte. Après le Mali, la délégation du Conseil de sécurité se rendra dimanche au Niger voisin, dont l'ambassadeur à l'ONU codirige ce déplacement avec son homologue français.