Annoncées comme la boussole qui permettra aux dirigeants de la Transition malienne de trouver une thérapie de choc pour le grand malade qu’est le Mali, les assises nationales ont débuté le 25 octobre 2021, dans les cercles et communes pour une durée de 6 jours. Elles seront suivies de celles du niveau régional, du district de Bamako et des zones de concentration des Maliens établis à l’extérieur, du 1er au 7 novembre. Et au terme de celles-ci, viendra la phase de synthèse qui se déroulera du 8 au 14 novembre prochains. En attendant de voir l’évolution que prendront ces concertations nationales, l’on peut dire que le clap de départ d’un film qui risque de tourner court, est donné. En tout cas, aux yeux de nombreux Maliens, ces assises nationales dites de la refondation de l’Etat, ne sont ni plus ni moins qu’un film dont le scénario a été écrit par le colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes, pour divertir les Maliens afin de les détourner de leur préoccupation première qui n’est autre que la tenue d’élections transparentes, équitables et inclusives dans les délais, c’est-à-dire en février 2022.
Et on ne saurait leur donner entièrement tort d’autant que le Premier ministre, Chogel Maïga, qui disait ne pas accorder une minute de plus à l’équipe de son prédécesseur, Moctar Ouane, défend aujourd’hui, son bifteck, c’est-à-dire l’idée d’un report des élections. En tous les cas, plus d’un Malien est sceptique quant à la pertinence et au succès de ces assises qui, en vérité, sont loin d’être une première au Mali.
On voit venir les autorités de la transition
C’est pourquoi des voix et pas des moindres, notamment celles de partis d’opposition et de la société civile, s’élèvent pour appeler au boycott de ces assises qu’elles qualifient de budgétivores et de folkloriques. Dans ce climat de scepticisme doublé de suspicion, quels résultats peut-on attendre de ces concertations ? Cet éléphant qui est parti avec un pied cassé, arrivera-t-il à bon port ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, sans jouer les Cassandre, la montagne risque d’accoucher d’une souris. Car, on a l’impression que l’essentiel pour les initiateurs, c’est de réussir à organiser une foire au terme de laquelle ils arrêteront une date qui les arrange pour ensuite dire qu’elle est l’émanation du peuple souverain du Mali. Les Maliens qui ont opté pour le boycott de ces assises, ne resteront certainement pas les bras croisés. Toujours est-il que les hommes en kaki et leurs alliés jouent leur crédibilité ou du moins, ce qui en reste.
Car, la CEDEAO et la Communauté internationale, malgré leurs missions de bons offices dans ce pays en péril, voient les fruits de leurs efforts, se réduire comme peau de chagrin. C’est dire s’il ne faut pas donner le bon Dieu sans confession aux autorités de la Transition malienne. L’art du camouflage dont ces hommes en kaki sont devenus maîtres sur le terrain politique, n’augure rien de bon pour le Mali. Ils s’en seraient servi sur le terrain de combat contre l’hydre terroriste qui a mis le pays voire tout le Sahel sous coupe réglée, que personne n’aurait trouvé à redire. Le moins que l’on puisse affirmer, c’est qu’on les voit venir. Vont-ils tomber le masque en repoussant les élections aux calendes maliennes ? On attend de voir. En tout état de cause, si les Maliens estiment que ces assises contribueront à ramener la quiétude et la paix sur les bords du Djoliba, c’est tant mieux. Mais encore faut-il que les résultats soient tangibles. Mais, tout le mal que l’on souhaite au pays de Mobibo Kéita, c’est de réussir à renouer avec l’ordre constitutionnel normal, condition sine qua non pour amorcer le développement du pays et y asseoir une véritable démocratie.