Vous savez, depuis le 1er juillet 2013, l’Edm Gao a repris du service de façon officielle. Permettez-moi de faire un rappel des faits. Depuis l’occupation de la zone en fin mars 2012, c’est le Cicr qui a assuré l’approvisionnement en combustible uniquement pour qu’il y ait une continuité des services en faveur de la station de pompage d’eau potable et de l’hôpital régional. En plus du Cicr, l’Energie du Mali (Edm) n’est pas restée en marge et notre concours a été d’aider nos agents qui sont restés sur place, à travers une politique de motivation. Ainsi, nous avons remis à chacun la somme de 150 000 Fcfa pendant 4 mois. Durant l’occupation, l’électricité était donnée à la population de 18h à 23h. Et souvent, par souci de charges, nous avons procédé à un système tournant. De ce fait, pendant la journée, la fourniture d’électricité a concerné quelques sites.
Je précise que depuis la reprise le 1er juillet dernier, une première équipe est venue faire des travaux de réhabilitation du réseau de distribution d’eau et d’électricité. Car, il faut le dire, nos installations ont été détériorées à plus de 70%. Et dès que nous avons reçu notre première dotation en combustible et en lubrifiant, notre rôle a été d’approvisionner la population en électricité de 18H à 23h. Et nous avons continué à fournir de l’électricité et cela, à travers un système de rotation entre les quartiers. Ensuite, pour la première équipe, nous avons suivi tout le long du processus. Quant à la deuxième équipe, elle a réussi à faire l’entretien de 3 groupes sur les 7 dont dispose l’Edm-Gao. Et l’électricité était fournie de 18 h à 5 h du matin. Au mois de septembre, le Cicr a réduit son aide, car au lieu de 9000 litres par jour, il est descendu à 3000 litres et nous a informés qu’en fin septembre, il ne pourra plus continuer.
Vu le retour progressif de la population, naturellement la charge a augmenté. L’équipe de dépannage a réussi à mettre en marche certains groupes. Nous avons appris que les jeunes s’apprêtent à organiser une marche de protestation contre le délestage. Ainsi, avec l’exploit de nos techniciens, le mardi dernier, nous sommes parvenus à prendre l’ensemble de la ville en charge et il n’y a pas eu de coupures.
Quelles sont les dispositions prises par l’Edm- Gao pour mettre fin aux délestages ?
Cette situation est due à un parc un peu vieillissant de nos installations et nous sommes en train de voir comment nous pouvons aller vers le système solaire. Il y a d’autres dispositions qui sont en cours, soit pour renouveler un ou quelques groupes, mais aussi, aller plus loin. Il faut souligner qu’il y avait d’autres dispositions qui ont été prises avant même la crise et qui consistaient à renforcer le système thermique par l’implantation du système solaire à l’image de la centrale thermique de Ouélessébougou.
Actuellement, vu que nous mettons deux groupes pendant toute la nuit et un autre groupe durant la journée, nous sommes à 6000 litres de consommation par jour, avec l’arrêt de l’aide du Cicr. L’Edm-Gao aura des difficultés à faire face à une forte demande et les 500 millions de Fcfa qui ont été mobilisés par les autorités de la transition pour l’aider, ont concerné l’ensemble des stations Edm du Nord. Vu la charge, à compter de ce mois de septembre, un service minimum pour favoriser la reprise, sera assuré pour fournir de l’électricité au quartier commercial et à certains services publics et structures bancaires dont la configuration géographique le permet durant la journée. Et déjà, à compter du mois de septembre, nous comptons facturer les structures privées. Et nous comptons fournir de l’électricité de 18 h à 6h du matin. Donc, ce n’est plus un délestage, mais un arrêt disponible pour un souci économique et financier.
Quel message avez-vous à lancer à la population de Gao ?
Je demande à l’ensemble de la population de Gao un élan de solidarité, car nous avons assisté à beaucoup de branchements clandestins durant l’occupation. Plus de 120 cas ont été constatés. Et nous avons constaté la forte charge due au manque de solidarité et au mauvais comportement d’utilisation abusive de l’électricité. Actuellement, malgré les branchements clandestins, personne n’est facturé. Ce qui rend la charge assez forte, car personne n’a plus souci de la facture, car on utilise gratuitement l’électricité et l’eau. J’invite donc la population à un élan de solidarité envers l’Edm de Gao, notamment la société civile, les Ong ainsi que les bonnes volontés.
Entretien réalisé par Seyni TOURE à Gao
Gao : Le retour timide de l’administration
Il n’est un secret pour personne. Durant l’occupation des grandes villes du Nord par les groupes rebelles et islamistes, les installations de l’administration au niveau régional ont été saccagées et pillées par les occupants.
Huit mois après l’offensive militaire malienne, française et d’autres forces, a permis de chasser les bandits armés de l’ensemble des grandes villes du Nord. Malgré les efforts des autorités de la transition malienne et de la communauté internationale, à Gao, on constate un retour timide de l’administration. Quelles en sont les raisons ?
Un agent du gouvernorat de Gao que nous avons rencontré, révèle que cette lenteur est due à plusieurs raisons que le gouverneur et ses collaborateurs sont en train de régler, au fur et à mesure. Parmi ces raisons, on peut noter, le manque d’infrastructures pour l’administration, d’électricité, d’installations…
Les locaux complètement détruits du Gouvernorat de Gao, de la sous-préfecture, du palais de justice, du Trésor, du Budget, de la Douane, de l’Ortm, de la Police nationale, de la Gendarmerie, du Service de la protection civile … sont à réhabiliter. Néanmoins, on note la présence de plusieurs directeurs régionaux dans la ville. Mais, avec les primes d’installation que l’Etat a décidées d’octroyer aux fonctionnaires du Nord, beaucoup d’agents ont accepté de retourner, même s’ils restent invisibles pour le moment à leurs lieux de service.
Au niveau de l’enseignement, plusieurs fonctionnaires des collectivités territoriales restés sur place que nous avons rencontrés, se plaignent d’être écartés par cette mesure. Même son de cloche du côté des infirmiers qui se plaignent de leur situation. Une chose est sûre, malgré la bonne volonté et le patriotisme des uns des autres, le manque d’électricité de façon permanente pourra sérieusement compromettre la tâche à une administration dont le retour reste encore timide.