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La religion, un fonds de commerce au Mali ? : Parti de zéro, ‘’Ya Bani’’ devenu un milliardaire !
Publié le mercredi 3 novembre 2021  |  Le démocrate
Célébration
© aBamako.com par A S
Célébration du Maouloud 2021 à Bamako
Bamako le 18 octobre 2021 le Guide Spirituel Ansar-Dine El Hadj Ousmane Cherif Madani HAIDARA a célébré au Stade du 26 Mars de Yirimadio le Maouloud 2021 à Bamako
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Parti de zéro, aujourd’hui Cherif Ousmane Madani Haïdara, le “guide spirituel” des “kounfing” (tête noire ou tout simplement ceux qui ignorent leur religion, l’islam), pardon, des ‘’ Ançar dine’’, est devenu un héros à la tête d’une fortune colossale estimée à plusieurs millions de francs CFA. En un mot, “Ya Bani” est un milliardaire !

Comme pour dire que dans ce pays, la religion est un fonds de commerce qui rapporte beaucoup d’argent. En effet, les fonds et les investissements matériels de l’association Ançar dine internationale ne proviennent ni de Dieu ni des Arabes encore moins des Organisation non gouvernementales (ONG) de l’Occident. Tout ce qu’Ousmane Chérif Haïdara possède comme avoirs provient de la poche de ses fidèles. Il s’agit très souvent des 100 FCFA ou 500 FCFA que donnent les paysans, les pêcheurs, les éleveurs, les commerçants, les ouvriers,…et même certains acteurs politiques en échange des “bénédictions” qu’ils reçoivent de la part du “puissant homme de Dieu” de Banconi, un quartier populaire de la commune I du district de Bamako.

Pourtant le Malien en général est religieux, mais n’est pas forcément musulman pratiquant. La preuve, plus des deux tiers des villages au Mali ont été fondés par des animistes et rares sont ceux qui disposent encore d’une mosquée digne de ce nom. Qu’est-ce qui pourrait alors justifier cette mobilisation de ressources financières par le mouvement associatif Ançar Dine ? Elle se justifie en partie par les mesures draconiennes imposées à l’État malien dans les années 80 par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale à travers les fameux programmes d’ajustement structurel (PAS).

En effet, l’objectif de ces programmes était le désengagement de l’État dans certains secteurs clés, comme celui de l’éducation et de la santé et la privatisation des entreprises d’État pour ne pas dire leur bradage. Les conséquences immédiates de ces PAS au plan social étaient le chômage, le manque d’eau potable, de nourriture, d’éducation et surtout de soins de qualités. Les citoyens se sont retrouvés piégés dans des contraintes budgétaires qui ne leur laissaient aucun choix que de se jeter dans les bras des charlatans, des entrepreneurs religieux ou de prendre le chemin de l’émigration clandestine à travers le désert ardent du Sahara, avant de réussir à accéder au “paradis européen” après la traversée de la Méditerranée pour les plus chanceux. Ainsi, après les évènements douloureux de mars 1991 qui ont occasionné la chute du régime autocratique du général Moussa Traoré, les marchands d’illusion ont commencé à se faire de l’argent avec la bénédiction des acteurs politiques en panne de légitimité et qui doivent s’appuyer coûte que coûte sur les “guides” spirituels ou les légitimités traditionnelles, afin de conquérir ou de conserver le pouvoir de manière “démocratique”. Maintenant que les “guides spirituels” ont de l’argent en plus de leur capacité de mobilisation, est-ce que c’est étonnant de les voir s’immiscer dans l’animation de la vie politique ? Non, car au Mali le seul Dieu qu’on vénère maintenant c’est l’argent et le chemin le plus rapide pour accéder à lui c’est d’avoir la mainmise sur l’appareil d’État.

Sambou Sissoko

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