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Entre Nous : Un pays très fragile !
Publié le jeudi 4 novembre 2021  |  Le challenger
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«Votre avenir dépend de vous-mêmes. Vous avez beau dire à la France et à la Minusma de s’en aller, tant que vous ne décidez pas ce qui est bon pour vous, les autres vont faire ce qu’ils ont besoin de faire. Donc, j’espère que les Maliens vont se retrouver et décider ensemble comment faire face à tout ce qui arrivera.
Sincèrement, je pense que cela passera par une réflexion autour de l’Etat, parce que cet Etat est un produit colonial et postcolonial, qui a été posé sur une société. Cet Etat est en train de s’effriter depuis l’indépendance et la société devient de plus en plus forte. Le fait que cet Etat est en train de s’effondrer, détruira finalement la nation. Tous ces conflits qui sont là auraient pu être réglés dans le passé entre les communautés. Aujourd’hui, il y a l’Etat, surtout les représentants de l’Etat, qui exploitent ces conflits pour gagner… Mais, je ne sais pas pour quelle raison. Cela aggrave la situation au lieu de la résoudre. C’est aux Maliens de très vite se ressaisir, de dire voilà ce qu’ils veulent, ce qui est bon pour eux. Ce n’est pas évident. En tout cas, il doit passer par là ».



Ces propos sont extraits de la grande interview que Mme Mirjam Tjassing, représentante pour le Sahel de l’Institut néerlandais pour la démocratie et le multipartisme en fin de mission a accordé à Le Challenger (voir le numéro 1534 du 12 juillet 2021). Cette diplomate néerlandaise qui vivait en Afrique depuis 2007 est l’auteure du livre : « Le Mali, château de cartes. Témoignage d’une crise ».

Le Mali apparaît chaque jour davantage fragilisé dans un environnement très difficile. Cette situation n’est guère rassurante et expose la nation à tous les dangers. Des signaux ne sont pas du tout bon pour la République assiégée de toutes parts. Au-dedans comme au dehors ! L’extrême gravité de la situation devra conduire les uns et les autres à parler d’une seule et unique voix. Mais hélas ! À ce rythme, des fortes inquiétudes planent sur l’existence du Mali un et indivisible.

Il faut arrêter la politique de fuite en avant et la démagogie qui caractérisent certaines déclarations officielles et d’acteurs politiques afin de faire face à l’essentiel. L’essentiel aujourd’hui est de former une union sacrée autour du pays. Du général Amadou Toumani Touré à Ibrahim Boubacar Kéïta en passant par Pr Dioncounda Traoré, aucun dirigeant n’a réussi à construire ce bloc homogène des différentes composantes de la société malienne pour faire face aux crises qui nous ébranlent depuis presque une décennie. Et malheureusement, les actuelles autorités ne sont pas parvenues jusque-là à relever ce challenge en rassemblant les uns et les autres. Le contexte dans lequel est intervenu le coup de force militaire du 18 août 2020, après plusieurs mois de manifestations du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) a contribué à accentuer le clivage.

C’est à l’unisson que le pays peut faire face aux défis de l’heure, lesquels constituent une menace pour toute la sous-région ouest africaine, voire au delà. Il est clair que certains acteurs de la communauté internationale ont des visés contraires aux intérêts maliens. Il faut donc beaucoup d’intelligence et de tact pour nous permettre de nous repositionner. Ce repositionnement ne se fera pas dans l’escalade verbale ou un bras de fer avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), suivie par l’Union africaine, l’Union européenne et l’Organisation des Nations unies (ONU) dans ses actions de trouver une solution à la situation malienne. Ce repositionnement ne se fera pas non plus dans l’instrumentalisation d’une partie de l’opinion publique, galvanisée par des discours populistes sans lendemain. L’isolement quasi-diplomatique qui guette le Mali n’augure rien de bon pour un pays en guerre et confronté à des difficultés économiques.

Par Chiaka Doumbia
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