Une Administration provisoire remplace désormais le bureau du Conseil malien des Chargeurs (CMC). C’est la conséquence du contentieux électoral du samedi 30 octobre 2021 relatif au vote des membres de la délégation régionale de Bamako.
Nous l’avions annoncé dans notre précédente parution. Le ministre des Transports et des Infrastructures a mis en application le mercredi 3 novembre 2021, dans l’après-midi, le décret n° 2021-0728/PM-RM du 12 octobre 2021, portant création d’une Administration provisoire du Conseil malien des Chargeurs (CMC). Le nouvel organe mis en place par arrêté n° 2021-4540/MTI-SG du 3 novembre 2021, est présidé par Souleymane Baba Traoré et comprend un collège de 7 membres à l’image du bureau du CMC. Même si sa durée n’est pas mentionnée sur le décret, nous croyons savoir qu’elle est en place au moins pour six mois, le temps de vider l’ensemble des contentieux électoraux et d’organiser de nouvelles élections consulaires.
Contrairement à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (Ccim) dont l’élection en 2021 du président Youssouf Bathily (l’unique candidat en lice pour sa propre succession) est le fruit d’un consensus entre les membres de son bureau, le CMC a préféré jouer la carte de la division. A l’orée de l’élection des délégués consulaires du district, la proposition faite par une frange du bureau sur la candidature unique du président sortant Babalaye Daou a été rejetée par une tendance du bureau. Trois candidatures en plus de celle de Babalaye Daou ont émergé. Il s’agit de celles de Bourama Mounkoro, le trésorier général sortant, de Bakissima Sylla, (secrétaire aux relations extérieures du bureau sortant) et de Souleymane Baba Traoré (membre consulaire). Ce dernier s’est désiste très tôt lorsqu’il a senti le jeu trouble qui se dessinait. Ensuite, MM Mounkoro et Sylla ont coalisé contre le président Daou.
La mise en place du Collège transitoire (Administration provisoire) qui planait depuis début octobre était devenu inéluctable vu l’imbroglio judiciaire qui a pris corps à l’issue du scrutin du 30 octobre dernier au niveau de Bamako et dans d’autres capitales régionales (Kayes et Ségou). Tout est parti du refus de la commission électorale de donner suite aux réclamations de Babalaye Daou (liste B) sur 126 inscrits suspects de Bourama Mounkoro (liste A). En réaction à cette fin de non recevoir des requêtes par le magistrat Alassane Mangara, président de ladite commission, Babalaye Daou a saisi le tribunal administration de Bamako. Le jugement en référé N°454 du vendredi 29 octobre 2021 a été rendu. Le président du tribunal administratif a ordonné « la reprise du processus électoral et l’établissement de nouvelles listes de candidatures ». La commission électorale a fait fi de ce verdict et a organisé l’élection du 30 octobre. Une l’élection qui n’avait pour électeurs que les inscrits de la liste A s’est soldée par un résulta nord coréen avec 267 voix gagnées contre 10 pour la liste B.
Selon nos sources, Kayes et Ségou connaissent les mêmes contestations électorales. C’est dans cette ambiance post électorale litigieuse devant les tribunaux, que Mme le ministre des Transports et des Infrastructures s’est référé à son décret dormant dans son tiroir, portant création d’une Administration provisoire pour nommer ses membres par arrêté.
Bien malin est qui pourra prédire la durée exacte de l’Administration provisoire. Elle reste suspendue au temps que prendront les contentieux devant les cours et tribunaux. Toutefois, avec ce fiasco électoral, la même Commission électorale avec les membres est-elle encore habilité à organiser les nouvelles élections des délégués consulaires de Bamako ? Seul le ministre des Transports et Infrastructures peut répondre à cette question en tirant les leçons de tout ce qui vient de se passer.
Souleymane Baba Traoré en terrain connu
Le président de l’Administration provisoire est en terrain connu en sa qualité de transitaire, membre consulaire du CMC regroupant des importateurs, exportateurs et transitaires. Le président de la Fédération des transitaires et commissionnaires agréés en douane du Mali (Fetram) a été candidat contre Babalaye Daou en 2015. Il était encore candidat cette année avant de faire une croix sur candidature.
Traoré est entouré d’hommes qui ne sont pas non plus des novices. Il s’agit du 1er vice-président, Salihou Guiro, qui a occupé le fauteuil de secrétaire général du CMC depuis sa création pendant 13 ans (2002-2015). Ingénieur des constructions civiles, M. Guiro exerçait jusque-là ses compétences dans un projet de l’Usaid. Le 2e vice-président Minancourou Daou, opérateur économique, occupait le même poste dans le bureau précédent. Le trésorier général Baba Tidiani Kanadji est du monde des opérateurs économiques. Il a longtemps dirigé le poste stratégique de secrétaire général du Syndicat national des Commerçants détaillants du Mali (Synacodem). Le secrétaire aux relations extérieures, Mohamed Lamine Haïdara dit Mao, n’est pas un inconnu non plus. Membre fondateur du MPR (le parti du Premier ministre Choguel K. Maïga), , il a été député de ce parti se réclamant de Moussa Traoré et maire de la Commune II. Son mandat a fini par des démêlés judiciaires au temps d’Alpha Oumar Konaré dans des affaires foncières à Bougouba. Le Secrétariat à la Communication échoit à Nouhoum Togo, communicant, président du parti USR, ancien chargé à la Communication du ministère de la Défense et des Anciens combattants sous ATT et IBK et du bureau du Chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé (paix à son âme). M. Togo est aussi du M5-RFP. Seul Abdou Agouzer Maïga, le trésorier général adjoint reste méconnu au bataillon. Nous n’avons rien obtenu sur lui concernant son profil et sa carrière.
Il reste à voir les artisans à l’œuvre avant l’avènement d’un bureau élu.
Abdrahamane Dicko
LISTE DES MEMBRES DU BUREAU
Président : Souleymane Baba Traoré
1er vice-président : Salihou Guiro
2e vice-président : Minancourou Daou
Trésorier général : Baba Tidiani Kanadji
Trésorier général adjoint : Abdou Agouzer Maïga
Secrétaire aux relations extérieures : Mohamed Lamine Haïdara