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Les emissaires de la junte en visite dans la sous-region: Les militaires ont-ils lâché Choguel ?
Publié le mardi 9 novembre 2021  |  la preuve
Séance
© aBamako.com par DR
Séance de travail entre le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, et le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, au Palais de Koulouba
Bamako, le 28 septembre 2021. Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a eu une séance de travail avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga de retour de l`Assemblée générale des Nations Unies, à New York.
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Plusieurs émissaires maliens, ces derniers temps, ont été dépêchés auprès des chefs d’Etat de la sous-région. Si rien n’a filtré autour de ce soudain ballet diplomatique de Bamako, certains observateurs n’écartent pas une probable fin de parcours pour le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, cristallisant aujourd’hui tous les récents quiproquos politico-diplomatiques que le pays a connus.
C’est un véritable ballet diplomatique qui se déploie de Bamako vers les capitales ouest-africaines : le président du CNT, le colonel Malick N’Diaw, est en visite à Ouagadougou, tandis que le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, lui, est en mission auprès du président ivoirien, Alassane Ouattara, à Abidjan.



En si peu de temps, des barons de la junte militaires sillonnent certaines capitales ouest-africaines pour porter officiellement des messages du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, à ses homologues de la sous-région. Le fait diplomatique est inhabituel pour passer inaperçu, en raison justement du contexte particulier dans lequel se déroulent ces visites diplomatiques bien ordonnées.

En effet, le contexte diplomatique est tendu entre le Mali et plusieurs pays de la sous-région, suite à l’expulsion du représentant de la Cedeao au Mali par les autorités maliennes. Si, à en croire les informations très crédibles des milieux diplomatiques, ce dossier était en voie d’un règlement pacifique entre les autorités maliennes et burkinabé (tout le processus du dénouement heureux du remplacement du diplomatique burkinabé en cause était pratiquement clos), beaucoup d’acteurs politiques de la sous-région n’ont pas apprécié la soudaine tournure, jugée brutale et extrême, qu’a prise cette affaire à Bamako.

D’où le point de départ, dans la sous-région, de plusieurs incompréhensions, ayant cristallisé les rapports entre Bamako et de nombreuses capitales ouest-africaines. A voir également que le sommet des chefs d’Etat de la Cedeao est déjà programmé pour ce dimanche, et qu’il est annoncé comme celui de la dernière chance pour la transition malienne, on comprend alors bien pourquoi les autorités maliennes dépêchent des émissaires dans la sous-région, dans le but certainement d’aplanir certains malentendus.

Une volonté d’ouverture vers la communauté des autorités de la junte qui n’est pas sans intérêt dans le contexte actuel, marqué par une certaine hostilité contre la Cedeao, entretenue dans la rue. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le ministère des Affaires étrangères, ces derniers temps, a jugé utile de publier un communiqué officiel, dans lequel il apporte un démenti cinglant sur les propos prêtés au chef de la diplomatie malienne, justifiant un retrait probable du Mali de la Cedeao.

S’il est de bon ton d’admettre que le Premier ministre Choguel K. Maïga, pour des raisons qui lui sont propres, est désigné comme étant le catalyseur de toutes ces controverses diplomatiques, nées, on le sait, depuis ses accusations en règle contre certains partenaires du Mali, comme la France, et qui se sont poursuivies avec la décision du gouvernement de la transition d’expulsion du représentant de la Cedeao au Mali, il est évident qu’il risque d’en essuyer les conséquences immédiates.

Désaveu du CNT

L’autre actualité brûlante, à l’interne, qui n’est pas sans conséquence directe sur les relations entre les institutions de la République, et qui risque d’assombrir l’aura du Premier ministre, c’est bien sûr la récente résolution prise par le CNT dans l’affaire de Kaou N’Djim, 4ème vice-président du CNT, interpellé et écroué à la prison centrale de Bamako par le juge du tribunal de la commune IV pour « atteinte au crédit de l’Etat et troubles à l’ordre public ».

A y regarder de près, cette résolution du CNT, suite aux travaux de la commission ad hoc, ayant demandé la suspension de la détention de l’intéressé, est un véritable désaveu politique vis-à-vis du gouvernement de la transition. Un acte de grande déviance que le Premier ministre doit absolument assumer les conséquences.

Dans leurs récriminations, les membres du CNT, d’une écrasante majorité de voix, ont désapprouvé la procédure judiciaire ayant conduit à l’incarcération d’un des leurs, estimant, en toute connaissance de cause, qu’il y a eu violation de la loi, en ce sens que l’intéressé, comme membre du CNT, bénéficie absolument de l’immunité. Une grosse entorse à la loi, si opportunément révélée par une institution de la transition qui reste comme une grosse épine dans le pied du chef du gouvernement.

Si ce n’est pas un nouveau bras-de-fer qui éclate ainsi au sein des institutions du pays, jetant le trouble dans la marche d’une transition qui peine à focaliser sur elle toutes les énergies politiques nationales, c’est quand même une situation bien malaisée entre cet organe législatif de la transition et le gouvernement qui aura certainement des répercussions immédiates.

Pour toutes ces raisons, et bien pour beaucoup d’autres, liées à la brûlante actualité politique se rapportant sur les conditions difficiles d’organisations des prochaines assises nationales, dont le caractère d’inclusivité est mis en mal, plusieurs analystes politiques ne vendent plus cher la peau du Premier ministre Choguel Maïga, qui a pensé un moment qu’il peut, lui, se faire une place au soleil en se mettant dans le clivage et dans la stigmatisation tous azimuts.

Il peut en faire aujourd’hui les frais d’autant que les militaires de la junte, eux, ballotés par les nombreuses menaces qui s’entassent sur la transition, pourront très rapidement opter pour une solution, toute pratique, de se décharger d’un Premier ministre, devenu encombrant et problématique, pour tenter une certaine ouverture politique, bien nécessaire en vue de mettre le cap sur une transition moins orageuse et plus consensuelle.

Oumar KONATE
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