« Le mot « al-djihad », interprété faussement par « la guerre sainte » n’existe pas dans le Coran », telle est la quintessence de l’exégèse faite par le Pr Cheikh Tahirou DOUCOURE, islamologue basé à Dakar, au Sénégal. Pour sa démonstration épistémologique, il a souligné la nécessité de recourir à quatre registres de langue dans une démarche intellectuelle et lexicale à la fois synchronique (contemporanéité) et diachronique (historicité), en les combinant dans une même exégèse syntaxique, à savoir : les niveaux lexical, sémantique, symbolique et contextuel. Aussi, son affirmation-choc puise-t-elle ses racines dans le saint Coran et la Suna du Prophète Mahomet (PSL). Primo, le postulat de base est que l’islam n’autorise pas la guerre sainte dans le sens galvaudé par ceux qui ne tiennent pas compte de ces quatre niveaux de langue dans l’exégèse du Livre saint et la transmission du vécu du Prophète Mahomet (PSL). Secundo, le combat en islam est mené pour se défendre (auto-défense) contre des agresseurs mécréants. Tertio, l’islam est une religion du pardon après la victoire sur les mécréants et leurs associés, pas celle de la vengeance qui « tue et assassine » les vaincus agresseurs. Quarto, l’islam est une religion de paix, d’amour et de tolérance. Voilà les arguments de poids, preuves à l’appui, qu’apporte le Pr DOUCOURE, permettant de rabattre le caquet aux faux apprentis djihadistes qui empoisonnent la vie de paisibles populations à travers le monde, singulièrement celles des pays du Sahel.
Nous vous proposons ci-dessous la contribution du Pr DOUCOURE, intitulée « L’islam, religion de vérité », toujours d’actualité, en guise de réponse doctrinale à la « fausse guerre sainte » qui est livrée à nos pays par les obscurantistes des temps modernes. C’est en novembre 2021, à Dakar, après un large écho dans le monde musulman, singulièrement en Afrique et dans les pays arabes.
« C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la bonne direction et la religion de la vérité afin qu’elle triomphe sur toute autre religion, quelque répulsion qu’en aient les associateurs. »
Sourate 9, At -Tawbah, (le désaveu ou le repentir), V 33
Mouhamed (saws) est né en l’an 570.
Il reçut la révélation, pour la première fois, en l’an 610.
Il fut contraint à l’exil en l’an 622.
Il revint pour libérer la ville sainte, la Mecque, en l’an 630
Il fut rappelé à DIEU en l’an 632.
De l’année de sa naissance en 570 à l’année 2021, il y ‘a 1451 ans. Ce chiffre contient les quatre noms divins que voici :
KHÂLIQOU LE CREATEUR = 731
MOUQÎTOU QUI NOURRIT TOUT LE MONDE = 550
ALÎOU L’OMNISCIENT = 150
HÂDÎ LE GUIDE = 20
TOTAL = 1451
Si la bonne direction et la religion de la Vérité avaient été minimisées et accueillies avec indifférence par les mécréants, au début l’Islam, cela en est autrement, aujourd’hui, car en dépit de toute sorte de combats, la cause de l’Islam s’est avérée invincible et les lois divines qui furent à la base de cette victoire relèvent du Créateur, ALLAH (swt) qui avait déjà dit :
« En vérité, c’est Nous qui avons fait descendre le Rappel et, certes, c’est NOUS qui en sommes gardien. »
Sourate 15, Al-Hijjr, le confinement, V 9
« Dis : Dussent les hommes et les djinns s’unir pour produire un Coran pareil à cette prédication, ils n’y parviendront pas, même en se soutenant les uns les autres. »
Sourate 17, AL-Isrâ, le voyage nocturne, V 88.
« Si vous doutez de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, apportez donc une sourate qui soit semblable à ceci et citez vos témoins, en dehors de DIEU, si vous êtes véridiques. »
Sourate 2, Al-Baqarah, la génisse, V 23
« Quiconque obéit au Messager, obéit alors certainement à DIEU »
Sourate 4, An- Nisâ, les femmes, V 80
« Non ! Par ton Seigneur ! Ils ne seront de vrais croyants que lorsqu’ils te soumettront leurs différents, accepteront sans rancœur ta sentence et s’y soumettront entièrement »
Sourate 4, An- Nisâ, les femmes, V 65
A la lumière des versets coraniques ci-dessus, nous voyons que les promesses à l’effet de garantir l’Islam et ses adhérents sont tenues et les défis lancés aux grands orateurs de la langue arabe n’ont pas été relevés.
Par ailleurs, En analysant les batailles auxquelles le Messager et ses compagnons eurent à faire face, ils ne faisaient que riposter et non agresser et cela prouve que l’Islam est une religion de non-violence et de tolérance. La preuve en est que le jour de la libération de la Mecque, la ville sainte, le prophète (psl) ne dit pas à ses compagnons comme le fit ce sanguinaire qui, s’adressant à ses troupes, leur ordonna : « Tuez-les tous ! DIEU reconnaitra le siens ! » Mais plutôt, il déclara, dans sa grandeur et dans sa noblesse d’âme, l’armistice générale en ces termes : « Ize haboû fa ane toumou atoulakhâou » : «Partez ! Vous êtes les affranchis ! »
Chers frères musulmans !
Laissez les mécréants et leurs acolytes aboyer, notre Islam, religion de paix, de tolérance, de concordance et de compassion sociale sera, peut-être, toujours et toujours combattu, attaqué, dénigré mais jamais il ne sera battu.
Le mot « Al-djihad » interprété faussement par « la guerre sainte » n’existe pas dans le Coran. On n’y trouve, plutôt, que le verbe au passé « djâhada » qui signifie « il lutta » ou « youdjâhidou » : « il va lutter » et encore « djihâdane » : « une lutte » qui est la source du verbe.
L’illustration en est que les principales sourates dans lesquelles sont cités les verbes et leurs sources sont toutes révélées à la Mecque avant l’immigration. Pour le démontrer cela, citons les trois versets mecquois suivants :
« Fala touti al khéfirina. Wa djâhidi houme djihâdane kabirane » : « N’obéis donc pas aux infidèles ; et avec ceci (le Coran), lutte contre eux vigoureusement. »
Sourate 25, Al-furqâne, le discernement, V 52
« Wa mane djâhada fa inenama you djahîdou li nafsihî inena lâha lakhanîyoune anile alamina » : « […] quiconque lutte ne lutte que pour lui-même, car Allah peut se passer de tout l’univers. »
Sourate 28, Al-Qasas, le récit, V 6.
« Wal lazina djahâdoû fîna la nakhdiyane nahoume soubou lanâ wa inama lâha lamâ al moussinîna. » :« […] Ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons sur Notre sentier. Allah est en vérité avec les bienfaisants.»
Sourate 29, Al-Ankabût, l’araignée, V 69.
A travers ces versets ci-dessus, Allah ne s’adresse, plutôt, qu’aux musulmans quotidiennement persécutés à la Mecque. Persécution contraignant certains à s’expatrier et d’autres à se cacher. Comment alors peut-on qualifier cela d’une guerre sainte ? Ce n’est que, plus tard, après l’immigration, que l’autorisation fut donnée aux musulmans de riposter aux escarmouches perpétrées par les mecquois qui, ayant échoué dans leur tentative d’assassiner le prophète (psl), ne pouvaient tolérer que Mouhamed (saws) et les musulmans de fonder un état à Médine.
Voici comment la nouvelle situation fut décrite dans le Coran :
V 38 « Allah prend la défense de ceux qui croient. Allah n’aime aucun traître ingrat. »
V39 « Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre)-parce que vraiment ils sont lésés ; et Allah est certes Capable de les secourir. »
V 40 « Ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, – contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Allah est notre Seigneur […]. »
Sourate 22, Al-Hajj, le pèlerinage, V38 ; 39 ; 40.
Ici, nous voyons que « Al-djihad » qui, d’ailleurs, n’existe pas dans le Coran est déformé par les mal intentionnés qui le traduisent par « guerre sainte ». C’est est un terme polysémique que, seules des indications linguistiques permettent d’en saisir la réelle signification. On y trouve, plutôt, le mot « Al-khital » qui signifie « combattre pour se défendre » parce qu’il y’a agression.
Les dénigreurs de l’Islam qui ont méthodiquement étudié la langue arabe dans l’intention de combattre l’Islam, en partant de leur propre source, savent que les textes théologiques et juridiques ne peuvent être valablement et justement expliqués sans la maîtrise des quatre niveaux linguistiques suivants :
1 Ibaratou nassi : le niveau lexical
2 Icharatou nassi : le niveau sémantique
3 Dilâlatou nassi : le niveau symbolique
4 Ikhtidâhou nassi : le niveau contextuel
Ils savent aussi que le mot « Al-islam » dont le fondement est la paix est un nom indénombrable dont le contenant est immuable, par contre, ses contenus (les musulmans) peuvent être des variables. Là, également, le Coran nous apporte la solution dans le verset suivant :
« Walâ tazirou wâziratoune wisra oukhrâ » :
« […] Personne ne portera le fardeau d’autrui. […]»
Sourate 3, Al-An’Am, les bestiaux, V 164.
En conclusion, il est dit, d’une part, dans la sourate 49, verset 9 pour expliquer comment les musulmans doivent vivre entre eux :
V 9 « Si deux groupes de croyants se combattent, faîtes la réconciliation entre eux. Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe qui se rebelle jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre d’ALLAH. Puis, s’il s’y conforme, réconciliez-les avec justice. Et soyez équitables car ALLAH aime les gens équitables. »
Sourate 49, Hu jurât, les appartements, V9
D’autre part, il est dit, dans la sourate 60, versets 8 et 9, comment les musulmans et les non- musulmans doivent cohabiter :
V 8 « ALLAH ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car ALLAH aime les équitables. »
V 9 « ALLAH vous défend, seulement, de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. »
Sourate 60, Al- Mumtahanah, l’éprouvée, V 8 et 9
Par conséquent, les responsabilités sont bien situées et bien définies.
Voici l’authenticité, tout le reste n’est qu’additif.