Les liens entre les forces armées estoniennes et françaises sont de plus en plus forts, tant en Europe qu’en Afrique. Une rencontre a été organisée jeudi 11 novembre pour explorer de nouveaux axes de coopération
Tallinn et Paris veulent développer leur solidarité stratégique en Europe et en Afrique. Les chefs d’état-major des deux armées se sont rencontrés jeudi 11 novembre pour explorer de nouveaux axes de coopération. À cette occasion, le lieutenant-général Martin Herem, chef d’état-major des forces de défense estoniennes depuis décembre 2018, a été fait commandeur de la Légion d’Honneur par son homologue français Thierry Burkhard
Au-delà de sa dimension protocolaire, cette distinction illustre le lien de plus en plus fort qui unit les deux institutions militaires.
La France maintient un détachement de 300 hommes en Estonie dans le cadre de la présence avancée renforcée de l’Otan (eFP – enhanced Forward Presence). Ces soldats sont intégrés à un bataillon britannique et déployés sur le camp de Tapa entre Tallinn et la frontière russe.
L’Estonie, pour sa part, participe aux forces antiterroristes Barkhane et Takuba déployées au Mali. Le premier contingent est arrivé au Mali en 2018. Les deux pays collaborent aussi en matière de cyberdéfense. Peuvent-ils faire plus ?
Du côté français, va-t-on se laisser tenter par l’offre estonienne d’accueillir davantage de militaires tricolores ? D’une part pour doper la capacité dissuasive du bataillon mécanisé franco-britannique dans le cadre de l’eFP ; d’autre part pour permettre aux forces françaises de profiter des terrains de manœuvres estoniens.
Il n’y a pas que l’infanterie française qui peut venir s’entraîner en Estonie dans un cadre bilatéral, estime le général estonien. Le camp de Tapa, entre la capitale Tallinn et la frontière russe, accueille actuellement 1 200 soldats mais il y a de la place pour 700 autres dans les infrastructures existantes et 700 soldats de plus pourraient être logés sous tentes, précise-t-il. Mais Tapa reste quand même un peu étriqué pour des exercices de grande envergure ou dans le cadre de la haute intensité. On étudie la possibilité de manœuvres en terrain libre, précise Martin Herem.
Une cinquantaine de soldats estoniens au Mali
Pour sa part, l’Estonie n’envisage pas d’augmenter ses effectifs au Mali. Elle déploie une cinquantaine de soldats : d’une part une section d’infanterie qui assure la sécurité du camp de Gao avec cinq blindés Patria Pasi et d’autre part un détachement des forces spéciales rattaché au TG 01, le Task Group historique de la force Takuba , lui équipé de blindés Jackal loués aux Britanniques. Notre présence au Mali va se poursuivre en 2022, assure le général Herem qui ne s’inquiète guère de l’issue du vote parlementaire sur la prolongation de la mission : Le soutien à notre participation à Takuba est presque total, certains continuant toutefois à dénoncer une guerre coloniale.
Pour autant, l’EMA estonien n’envisage pas de déployer davantage de soldats au Sahel mais la section de Gao pourrait bien rejoindre la force Takuba , précise Martin Herem qui avance deux raisons à ces redéploiements limités : un coût qui doit rester mesuré et une tension sur la disponibilité des troupes estoniennes. Des troupes constituées avant tout de conscrits (3 500), de réservistes (80 000) et d’un bataillon professionnel (les EESTI Scouts) auquel s’ajoutent un petit contingent de forces spéciales (ESTSOF).