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Parcours politique du Mali de 1960 à nos jours : Quand l’histoire n’est point qu’une simple répétition
Publié le mercredi 17 novembre 2021  |  Mali Tribune
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Ne dit-on pas que « celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre» ? Nous allons ici chercher à nous rappeler la première phase de la douloureuse naissance du Mali et jeter un regard critique sur ce qui apparait encore aujourd’hui comme une répétition de l’histoire à travers cette nécessaire volonté pour le Mali de naître à nouveau.
Nous allons voir, entre cette naissance et cette renaissance, que les acteurs autour du Mali sont restés exactement les mêmes qu’en 1960, sans aucun changement dans leurs objectifs initiaux de 1960, qui se trouvent aujourd’hui encore plus réaffirmés, soit avec plus de sincérité, soit avec plus de cruauté et de cynisme.



Au départ, la naissance du Mali dans la douleur

Le 22 septembre 1960, à partir du fait déclencheur de l’éclatement de la Fédération du Mali qui aura été ressenti par le peuple malien avec force émotion et perçu comme le fait d’une grande trahison, l’Union soudanaise déclare l’indépendance du Mali. Une forte adhésion populaire en soutien aux personnalités de l’US-RDA fit de celles-ci les artisans naturels de l’indépendance nationale.

Les dissensions partisanes qui avaient naturellement cours entre les différents partis politiques de l’époque et en leur sein ont cédé la place à un sentiment nationaliste aigu et éprouvé dans le contexte de la patrie en danger. Dans l’euphorie et un nationalisme retrouvé, Modibo Keita est nommé Président de la République du Mali. Ainsi, comme Assimi Goïta, aujourd’hui, il n’avait pas été élu, mais cela n’aura en rien affecté sa légitimité.

Dans ce contexte international de 1960, Modibo Kéita avait-il le choix de son option politique, lorsqu’on le sait isolé de ses voisins Sénégalais, Ivoiriens, et Voltaïques, et isolé de la France, son ancienne puissance coloniale ?

Bien évidemment, le gouvernement entrepris, avec courage et détermination la mise en place d’une structure pour l’instauration d’une économie de type socialiste dans le style des pays de l’Europe de l’Est et de la Chine.

En 2021, l’exigence de la résistance, pour un refus de disparaitre

Contrairement en 1960 où la classe politique était sollicitée comme la seule solution naturelle pour relever le défi de l’accession à l’indépendance nationale à partir du fait déclencheur qui aura été l’éclatement de la Fédération du Mali, en 2021, le fait déclencheur aura été la dérive dictatoriale d’un pouvoir mal élu, pressenti en service pour une puissance étrangère, corrompu de la pire évidence, incapable de répondre aux aspirations du peuple sur lequel il va tirer à balles réelles en faisant des dizaines de morts dans un lieu de culte et parmi des manifestants à mains nues refusant tout simplement le fait accompli de la dislocation de leur pays, le Mali.

Ainsi, pour avoir enfanté d’un monstre, le processus démocratique, tant décrié au Mali, aura donc invité des militaires patriotes à imprimer une rectification à un pouvoir, qui trainait dans la rue depuis plusieurs semaines, afin qu’il puisse continuer à traduire l’expression populaire et son accomplissement dans tous les actes posés au quotidien.

Cette rectification sera intervenue dans le contexte d’un Mali extrêmement divisé, avec des politiques frustrés de la confiscation d’un pouvoir des suites d’un tripatouillage institutionnel des résultats d’un vote, que certains autres croyaient légitimement avoir gagné par les urnes.

Vous comprenez donc, dans ce climat de frustrations généralisées, que même les perdants, quand bien mêmes ne seraient pas mécontents de la nouvelle tournure imposée aux affaires du pays, n’auront pas été prêts à apporter une quelconque caution à une quelconque fraction en charge d’exercer autrement le pouvoir sans eux.

Par ailleurs, pour la grande majorité des citoyens, malgré la multiplicité de ces groupes de partis politiques, ceux-ci restent très minoritaires, car ne dépassant guère les 5 % de la population en comptant leurs achats de votes, tout en assumant pour plus de 95 % la responsabilité de la déliquescence du pays.

Ainsi, pendant une bonne période, ces partis ne sauront point par où faire entendre de la voix, quand des voix citoyennes s’étaient retrouvées pour s’élever progressivement, suscitant une adhésion populaire de plus en plus partagée, en soutien aux jeunes militaires patriotes, qui auront sacrifié leur vie pour arrêter l’effusion de sang, malgré la pléthore de l’effectif des généraux dans un pays piteusement en guerre.

Globalement la situation semble se décanter aujourd’hui, avec d’un côté, ces groupes de partis politiques qui veulent d’un retour rapide des militaires en caserne après des élections à organiser au plus vite, et de l’autre côté, les partisans nationalistes qui estiment qu’il appartient aux Maliens et à eux seuls de fixer un calendrier en rapport avec les défis du moment, qu’il s’agira de relever pour assurer l’avenir du Mali, selon un programme de travail gouvernemental consensuel, qui puisse être de nature à ramener la paix et la stabilité sur l’ensemble du territoire national, une condition de quiétude minimale pour espérer organiser des élections qui tiennent la route.

Plus difficilement qu’en 1960, l’euphorie et le nationalisme retrouvés se dessinent progressivement en 2021 derrière le Colonel Assimi Goïta, qui, comme Modibo Keita, fait face à un contexte international qui ne lui laisse pas beaucoup de choix, en matière d’option politique, lorsqu’on sait que le Mali, encore plus qu’hier, reste isolé, pour les mêmes causes, de ses voisins Sénégalais et Ivoiriens, et isolé de la France, travaillant aujourd’hui de surcroît en soutien aux séparatistes, alimentant et entretenant ainsi une rébellion interne, tout en monopolisant l’espace aérien du Mali avec interdiction aux avions militaires maliens, et cela, avec le consentement des autorités dites démocratiquement mises en place.

La France officielle expliquera dans sa guerre de communication, qu’elle se veut être amie du Mali et des séparatistes afin de gagner sur deux tableaux selon ses calculs :

une première fois avec le Mali, car selon elle, sans elle, les djihadistes allaient envahir le Mali et par conséquent, elle mériterait un traitement de faveur, étant donné que son rôle n’est pas d’assurer le travail des autorités nationales, qui est d’assurer la sécurité de ses citoyens.
une seconde fois, avec les séparatistes rebelles, car selon elle, sans elle, ces séparatistes rebelles avaient été chassés de leur pays et c’est elle qui est allée les chercher pour les ramener autour des zones riches en hydrocarbures et autres métaux précieux pour faire de la zone symbolique de l’Aza-machin qu’ils envisageaient d’occuper, un bouclier que la France se proposerait de protéger.
N’étant pas sahélien qui le veut, nous savons que la hyène, a trop vouloir chasser deux lièvres à la fois, finit par se trouver seule à la croisée des chemins, en train de lécher ses pattes comme étant son gibier.

Bien évidemment, comme en 1960, le gouvernement entrepris avec les mêmes partenaires qu’en 1960, et avec les mêmes déterminations et un courage soudanais la mise en place d’une structure pour le rétablissement de la paix et de la sécurité, un préalable pour assurer l’unité du Mali, en annonçant sa volonté de réveiller l’ancienne amitié avec la Russie, devant le double jeu inefficace, perfide et solitaire de la France.

En réalité, la France, en enrayant l’invasion djihadiste, qu’elle va régulièrement proclamer comme une victoire personnelle, sans laquelle le Mali serait aux mains de djihadistes obscurantistes et analphabètes, aura plutôt profité de cette invasion hypothétique pour procéder à une réorganisation de l’occupation du territoire national, en ayant choisi de jeter son dévolu sur une bonne partie des riches zones en hydrocarbures et métaux rares, avec installation tout autour des terroristes indépendantistes qu’elle utilise comme bouclier en les soutenant militairement.

Ce faisant, le gâteau ainsi conçu dans l’imaginaire français et partagé à son goût, la France allait encourager l’extension de l’instabilité partout sur le territoire, tout en rappelant à satiété l’incapacité des autorités de la transition à assurer la sécurité afin de se donner bonne conscience, tout en insistant sur le fait qu’il ne lui revient pas de se substituer aux autorités nationales, comme si cela avait été une demande qui lui aurait été adressée.

Donc, la France pouvait continuer à faire ses affaires avec ses amis séparatistes rebelles, qui devraient lui rester reconnaissants pour les avoir aider à trouver un territoire, tout en ignorant qu’ils continuent de jouer pour la France un rôle bouclier. Par conséquent, ils devraient naturellement laisser la France faire tranquillement ses affaires dans les hydrocarbures et autres métaux précieux, qui ne faisaient pas partie des revendications territoriales.

Tout laisse penser que la France était toute poche de réaliser son rêve sahélien, si l’on en juge par sa tentative d’amorcer une ouverture sur l’internationale, destinée à donner un verni de crédibilité et de légitimité pour les futures autorités de l’état fantoche, qu’elle croyait avoir créé au Nord du territoire d’un Mali, dont elle est sûre de l’incapacité des autorités de se relever du piège dans lequel elles sont désormais embourbées.



Le partage prématuré d’un gâteau qui sera resté coincé à la gorge

Ce n’est donc certainement pas par hasard, que l’Italie, qui se plaint de la France pour lui avoir fait perdre son audience et ses avantages en Lybie du fait de l’intervention française ayant conduit à l’assassinat du Colonel Kadhafi et qui n’hésite plus à s’attaquer ouvertement à la France en dénonçant sa politique génocidaire en Afrique et notamment à travers le F CFA, est tout naturellement appelée au secours, pour accueillir une délégation partie du Nord du Mali, pour constituer la première étape d’un début reconnaissance pour leur entité fantoche, non viable économiquement et historiquement sans histoire notable, à part celle d’avoir été un petit lieu de passage de quelques animaux pendant une petite période très limitée de l’année, bref un point oublié de l’histoire, ne retraçant aucun fait social notable.

C’est alors que les autorités de la transition, plus qu’une annonce, amorcent une vraie reprise du Mali par les Maliens en déclenchant un vrai réveil de la coopération avec la Russie, annonçant la relecture de l’accord militaire avec la France sans en définir le contour, dénonçant le double jeu de l’amie devenue l’amie voilée qui n’hésite même plus à vous abandonner en plein vol et cela devant la tribune des Nations-Unies, le lieu même où la France avait pris la fâcheuse habitude de parler au nom de l’Afrique.

La panique aura montré la preuve que la peur a changé ce camp, quand des insultes proférées à tour de bras et toujours du même côté ont fini par étaler au grand jour un défaut évident d’éducation, dont se sont chargé de relever pour y répondre certains citoyens maliens nettement plus doués dans ce jeu.

Le rappel à l’ordre lancé par les autorités de la transition aux autorités locales du Nord du Mali fixe le contour de ce qui relève de leur compétence, pour signifier le caractère nul et non avenu de toute initiative prise avec l’extérieur, le Mali retrouve la maitrise de son espace aérien et des initiatives d’un Etat qui existe. Les preuves du sérieux de la reprise de la coopération avec la Russie ne font plus l’objet d’un doute et se sont fait savoir au-delà des actes de désinformation et de dénigrement orchestrés dans les média dans l’indifférence des autorités de la transition, visiblement très au-dessus de la mêlée.

Les enfants sortis de deux coups d’Etat confirmaient ainsi, chaque jour davantage, leur légitimité auprès de la population, tout en ayant une approche fraternelle avec tous les Maliens ainsi que l’enfant sorti de la double amitié d’infidélité Franco Mali et Franco Aza-machin.



Une transition de plus en plus portée par sa population

Les succès sur le terrain de la lutte contre le terrorisme, la débandade et l’escalade verbale provoquées chez l’amie voilée à la recherche d’expressions toujours plus acerbes que la ville pour traduire son état d’âme confrontée à une déstabilisation totale, ont fini par renforcer la légitimité de ces enfants issus de la double rectification du désordre institutionnel provoqué des pouvoirs mal élus et corrompus, des enfants aujourd’hui très sollicités comme aucun pouvoir, auparavant, n’aura jamais été au Mali depuis l’indépendance.



Le Mali et le sursaut providentiel

C’est ainsi, que, dans un sursaut digne d’un don providentiel, dont seule l’histoire de ce pays détient le secret, les Maliens prennent leur courage, et devant l’organisation mondiale des Nations-Unies, ils décrivent, sans haine, sans crainte, avec humilité, tranquillité, simplicité et en toute amitié sincère qui caractérisent ces grandes âmes véridiques du Sahel, la situation de leur pays, tout en restituant au nom de leur peuple les reconnaissances méritées à tous les ayant droits à travers le monde, et en faisant valoir, clairement et sans ambiguïté, leur droit de pouvoir faire appel à tout partenaire, pour consolider les acquis et recouvrer la souveraineté pleine et entière de leur pays, une souveraineté qui ne saurait être une marchandise, dont les mérites seraient vantés par tierces personnes, qui ne sauraient être ni mieux placées ni plus crédibles dans ce rôle que les maliens eux-mêmes.

En 2021, les partenaires dans la confirmation de leur rôle traditionnel, comme en 1960

Ainsi, la Russie, comme à l’indépendance du pays en 1960, retrouve sa place originelle de partenaire loyal, avec le même objectif, celui d’assister le Mali, selon les intérêts bien compris des parties en présence.

Par ailleurs, comme en 1960, le Mali fait face, comme naturellement, au silence assourdissant des pays africains de la zone franc, avec en plus en 2021, un alignement aveugle et provocateur de certains responsables nigériens sur la position de la France, une France qui revendique, contrairement en 1960 quand les plaies de la deuxième guerre mondiale étaient encore ouvertes, l’alignement sur ses positions de certains pays européens, et cela selon une annonce, que les responsables de ces pays apprendront par voie de presse comme nous autres.



Conclusion

En conclusion, les défis à relever en 2021 se trouvent nettement accrus pour le Mali et encore plus rigides qu’en 1960.

Il est à espérer que l’opinion publique dans ces pays européens, dont la France revendique l’alignement, ne soit pas automatiquement acquise aux thèses des autorités françaises, qui auront engagé leur pays depuis plus de huit ans dans une guerre de plus en plus couteuse financièrement et en vies humaines, qu’il s’agisse de civils, qu’on ne compte plus, y compris par suite de bavures formellement établies contre l’armée française, et de militaires, sans jamais avoir sollicité ni obtenu de la représentation nationale de leur pays une quelconque autorisation.

De quelle démocratie ces autorités voudraient-elles parler, surtout, lorsqu’elles se livrent en spectacle pour définir les règles de la démocratie dans les pays africains, qu’elles maintiennent dans l’esclavage le plus abject, comme le relèvent à juste titre les autorités italiennes.

C’est pourquoi, il est de la plus haute importance, de comprendre, qu’aujourd’hui, tout le monde compte, pour montrer, face à l’opinion internationale que le Mali aussi le droit d’exister dignement dans le concert des nations, c’est-à-dire tel que les Maliens voudraient décider de la manière qu’il leur convient de le faire.

Ainsi, unis, rien ne pourra venir s’ingérer dans nos affaires pour vouloir nous empêcher d’exercer ce devoir de réécrire une nouvelle page victorieuse de notre histoire. Ce faisant, comme hier, le Mali fait face à un défi pour le choix de partenaires stratégiques, qui soient respectueux des intérêts des parties prenantes, quand il ne devra point se tromper cette fois-ci sur la férocité de la lutte pour la survie des peuples, une lutte qu’il faudrait avoir en permanence à l’esprit, et qu’il ne faudrait surtout jamais oublier de réaffirmer avec constante détermination, car les habitudes sont ainsi faites, qu’un ami reste un ami, et un ennemi, un ennemi, même s’il se fait voilé en ami.

Dr. Lamine Kéita

(économiste)
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