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Putschs à profusion sur le continent : Comment guérir l’Afrique du syndrome ?
Publié le mercredi 17 novembre 2021  |  Toguna
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Dans ce nouveau monde où toutes les veilles réalités sont évincées et reléguées aux calendes grecques, le coup d’état est-il opportun ? il semble bien que non, même si nous continuons à assister à une profusion de putschs sur le continent berceau de l’humanité.

Bien qu’ils fassent entorse à la démocratie et à la règle constitutionnelle, il y a quand même des coups d’état nécessaires et salutaires… Ceux qui font suite à une insurrection populaire, car le peuple a toujours raison, qui se lève pour cracher son ras-le-bol face à une situation désastreuse qui prévaut dans le pays. Ces coups de forces revêtent une légitimité qui ne dit pas son nom. Et en général, ils sont condamnés du bout des lèvres, car nul n’ose affirmer carrément son assentiment à une rupture constitutionnelle et démocratique.

Mais dans ce monde d’aujourd’hui qui apparait comme un gros village et où toutes les économies sont inter liées et interdépendantes et ou la communauté internationale, comme un seul homme, veille constamment au grain, les coups d’état apparaissent comme une hérésie antidémocratique. Et sont unanimement condamnés sans autre forme de procès. Et les putschistes risquent une déconvenue s’ils sont lâchés par tous. Et bonjour les déboires économiques qui peuvent survenir suite aux sanctions qui s’en suivent.

Dans ces conditions, opérer un putsch de nos jours apparait comme une aventure hasardeuse. Et le putschiste risque à coup sûr de s’y casser les dents.

Pour guérir l’Afrique du phénomène, des mesures draconiennes s’imposent :

Elaborer une charte constitutionnelle commune au continent ;

Charte stipulant qu’aucune entorse à la constitution ne sera permise, permettant aux chefs d’état de prolonger la durée de leurs mandats ;

Préconiser de dures sanctions en cas de manquement et même isoler le fautif.

Evidemment, ce serait l’instance communautaire sous régionale qui serait chargée de cette tâche ardue ou même mieux le comité exécutif de l’Union Africaine.

Et en dernier ressort, signifier formellement l’interdiction aux militaires de s’ingérer dans les affaires politiques. Et en cas d’entorse à cette disposition, qu’on n’y aille pas avec le dos de la cuillère, qu’on leur fasse boire le calice jusqu’à la lie.

Cela aurait pour effet de freiner, sinon, de réduire sensiblement le taux de putschs opérés sur le continent, tout en calmant les manifestations d’opposants à la prolongation des mandats. Cette solution, sans être une panacée universelle, apparait comme un garde-fou nécessaire à expérimenter et on y gagnerait sûrement.

Bref : mémoire des coups d’état sur le continent

Pour la petite histoire, jetons un regard rétrospectif sur les débuts du phénomène. Aux premières heures des indépendances, les premiers putschs opérés sur le continent ont vu l’accession de dictateurs patentés au pouvoir. Mobutu SeneSéko à l’indépendance de l’ex-Zaïre avec la complicité et l’implication des belges, Hamed Sekou Touré de Guinée qui s’autoproclama indépendant et souverain, damant le pion à la France de De Gaule, Idi Amin d’Ouganda et Bokassa de Centre-Afrique qui s’autoproclama empereur pour pérenniser et perpétuer sa descendance et sa suite au pouvoir, pour ne citer que ces derniers….

Tous, à la l’exception de Sekou, furent à leur tour destitués par un coup d’état. Qui a tué à l’épée périra par l’épée dit-on. Et quelque fois, c’est une rébellion armée qui entre en jeu compte ce fut le cas en ex-Zaïre, si ce n’est un officier supérieur ou de moindre importance.

Ces dictateurs, pour distraire leurs peuples et se maintenir au pouvoir, ont souvent eu recours à un stratagème bien connu : inventer de pseudo coups d’état et faire emprisonner dans la foulée des innocents opposés au régime traités de tous les noms. Et sur ce plan, Hamed Sekou Touré s’est fortement illustré, extorquant des aveux forcés à ses prétendus putschistes qu’on larguait dans le tristement célébré cap Boiro de Guinée où ils buvaient le calice jusqu’à la lie.

Certains de ces despotes se sont illustrés par leurs frasques et des comportements indigènes d’un homme d’état. Mais aussi par les lubies de leur cerveau. Comme Bokassa dont le couronnement et l’intronisation sur son siège d’empereur furent grotesques. Et l’ancien boxeur qu’était Idi Amin Dada ne manquait pas une occasion pour exhiber ses talents de boxeur en public. Si le ridicule tuait…

L’époque était le printemps des putschistes qui y furent la pluie et le beau temps, sans être nullement inquiètes, paradant sur leurs trônes, et écrasant le peuple sous la férule impitoyable de la dictature.

Aujourd’hui, finie la récréation… mais il urge de revoir notre système de gouvernance en érigeant des garde-fous, car les séquelles du passé persistent encore sur le territoire du continent avec des coups de force sporadiques.

Il n’est guère aisé de guérir d’une plaie chronique. L’Afrique n’a que trop longtemps souffert du syndrome des coups d’état. Elle doit en guérir…

Ben Diakité Ladji de Balzac
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