De 2012 à maintenant, la guerre de protection des intérêts occidentaux au Mali et dans le Sahel a fait de nombreuses victimes et plusieurs déplacés dont la plupart sont des femmes et des enfants.
Le paradoxe dans tout ça c’est le silence assourdissant des braves femmes maliennes face aux atrocités commises sur leurs époux, leurs frères et leurs enfants par des groupes extrémistes violents qui sont à la solde des puissances engagées dans notre pays pour la protection desdits intérêts. En effet, selon l’épopée mandingue de l’écrivain guinéen Djibril TamsirNiane, c’est grâce à la sorcellerie de sa mère Sogolon Kédjou et la ruse de sa sœur Nana Triban, que Soundjata Keita, futur empereur du Mandé, a pu vaincre le roi du SossoSoumaoro Kanté. Comme pour signifier que dans l’imaginaire collectif du Mandé la femme symbolise deux choses : la sorcellerie (sciences) et la ruse (stratégie). Qu’est-ce que nos filles, nos sœurs, nos épouses, nos mamans attendent pour mettre au service de la défense de la patrie leur sorcellerie et leur ruse ?
Par ailleurs, dans l’histoire récente de l’Afrique, face à la conquête coloniale, les femmes ont joué un rôle déterminant dans presque toutes les contrées. En guise d’illustration, entre autres nous pouvons dresser succinctement le portrait de trois braves femmes résistantes du continent qui ont accepté le sacrifice ultime à la capitulation face à l’envahisseur :
La première nous parle d’Aline Sitoé Diatta (1920-1944) qui fut l’une des premières résistantes casamançaises contre la domination française. Elle a notamment incité son peuple à ne pas participer à la seconde guerre mondiale. Elle n’a que 24 ans quand elle meurt en prison en 1944. Aujourd’hui, un quartier de Dakar porte son nom.
La seconde est celle de l’Angolaise Anne Zingha (1564-1664) qui a eu, au contraire, une très longue vie puisqu’elle est morte à l’âge de 81 ans. Elle devient Reine de Matamba, alors qu’elle a quarante ans et va lutter sans fatigue contre les envahisseurs portugais pendant près de trente ans ! La paix sera enfin signée après que l’Angola a accepté de se reconnaître catholique et que le Portugal a accepté de ne pas recevoir d’impôt de cette colonie… Aujourd’hui, le nom de la Reine Zingha est connu de tous les Angolais et une rue de la capitale Luanda porte son nom.
Le troisième portrait nous entraîne au nord de l’Afrique, en Kabylie, avec Lalla Fatma N’Soumer (1830-1863). Là encore, cette histoire nous parle de résistance face à la colonisation française. Lalla se fait connaître en Kabylie grâce à sa victoire avec sa troupe de femmes qui fait fuir l’armée ennemie… elle n’a que vingt-quatre ans ! Malheureusement, Randon, devenu Maréchal de France, lève une armée de 45 000 hommes pour « pacifier la Kabylie »… Lalla est faite prisonnière et meurt en prison. Elle a trente-trois ans.