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Du rififi dans les rangs des ex-putschistes : Le tandem « Sanogo-Konaré-Cheick Modibo » vole en éclats
Publié le mardi 26 juin 2012   |  Aurore


Le
© Getty Images
Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Le chef de l’ex-junte malienne, le capitaine Amadou Haya Sanogo


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Si le divorce entre le trio Cheick-Modibo – Konaré – Sanogo n’est pas totalement consommé, c’est que sa lune de miel perd considérablement de sa saveur. Des indices patents mettent en évidence, en effet, une rupture de plus en plus irréversible entre les deux hommes forts du CNRDRE d’une part, entre la soldatesque et ses ramifications gouvernementales d’autre part. En attendant le grand clash, le malaise s’approfondit et se manifeste pour l’instant par des provocations, des coups bas et manœuvres à la hussarde, ainsi que par des déballages.


En milieu de semaine dernière, les rafales nocturnes ont repris du service au ‘Camp Soundjata’ de Kati. Des tirs nourris, selon nos sources, ont retenti toute la nuit du jeudi à vendredi et perturbé pendant plusieurs heures la quiétude et le sommeil des habitants de la caserne ainsi que du voisinage. Ce n’est pas tout. Des sources concordantes affirment, par ailleurs, qu’au réveil, le lendemain, des grenades non-explosées ont été ramassées à la pelle aux abords d’un camp dont les habitants auront vite fait d’attribuer la provocation à un prolongement de l’épisode non encore éteint entre bérets rouges et bérets verts de l’armée malienne. Recoupement fait, il nous est revenu que les enquêtes de l’ex-junte ont débouché sur un élément en état d’ébriété et qui se trouve actuellement en détention.

Mais il n’est pas non plus exclu que l’épisode soit imputable à un grand malaise que traverse actuellement le camp des putschistes. De source digne de foi, en effet, le courant ne passe plus entre les composantes du CNRDRE, visiblement divisées entre partisans d’Amadou Sanogo et d’Amadou Konaré. Probablement révolté par l’opportunisme du Capitaine appelé au secours de la victoire du 22 Mars mais plus bénéficiaire de ses retombées, le Lieutenant, selon nos sources, serait engagé dans une logique de vengeance consistant à contrarier le retour à l’ordre constitutionnel par des agissements périphériques. C’est ce qui explique, confie-t-on, les arrestations extrajudiciaires et détentions arbitraires qui défient constamment l’autorité du Capitaine Sanogo et l’exposent à la déconvenue par rapport à ses engagements vis-à-vis de ses interlocuteurs de la sous-région (Cédéoa).

Dans le collimateur du second, depuis son statut d’ancien chef d’État du reste contesté au niveau international, le premier aurait choisi de découcher. Il a pris ses quartiers au Camp de Garde où il passe souvent la nuit, sans doute pour éviter d’éventuelles embuscades nocturnes. D’autres sources affirment même qu’il revient d’un long séjour à Ségou, pour laisser passer l’orage et la brouille entre lui et l’ancien porte-parole du CNRDRE. Rien n’y fit, car nos sources ajoutent, par ailleurs, que la divergence entre les deux hommes a atteint des profondeurs telles que le président du CNRDRE se livre à des déballages. Nos sources indiquent, en clair, qu’il s’est officieusement démarqué des agissements de la dissidence auquel il aurait même attribué le refus d’assistance des forces armées et de sécurité au président de la République pendant son agression à Koulouba.

Un autre malaise couve dans les mêmes rangs des putschistes. Il a trait notamment à la rupture de plus en plus évidente entre le Premier Ministre et une junte à laquelle le chef du Gouvernement est redevable de son accession à la Primature. Choisi par la soldatesque contre un engagement tacite à servir les intérêts de celle-ci en tous lieux et circonstances, le Dr. Cheick Modibo Diarra fait aujourd’hui face à un dilemme cornélien : conforter ses amis de Kati ou se battre pour conquérir la confiance et le crédit des institutions internationales. Ses dangereuses connivences avec les ex-putschistes, qui prennent les proportions d’une servitude, sont contrariées par les exigences de la communauté internationale plutôt très encline à la mise en touche de ses amis jugés trop présents sur la scène publique malienne. De quoi provoquer la brouille entre le Cheick Modibo Diarra et la junte qui partage avec lui des valeurs et non des moindres : la restauration de l’ancien régime du Général Moussa Traoré et la réhabilitation progressive de ses dignitaires.
Pour se sortir d’embarras, le Premier a choisi quant à lui la voie de l’affranchissement. Pour quitter le joug de la junte, il passe actuellement par des grandes manœuvres qui consistent à tirer discrètement les ficelles d’une fronde de jeunes activistes pour protester contre les intrusions des éléments des forces armées dans la vie publique.

A.Keïta

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