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Gestion de la transition : Assimi Goïta, désormais seul maître du jeu ?
Publié le mardi 23 novembre 2021  |  la preuve
Célébration
© aBamako.com par AS
Célébration du 61ème anniversaire de l`indépendance du Mali
Bamako, le 22 septembre 2021. Le Chef de l`État, le Colonel Assimi Goita, Président de la Transition, a assisté au défilé militaire à la place d`armes de Kati
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La sanction ciblée de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre les autorités de la Transition porte désormais des noms. La quasi-totalité des personnalités connues de la transition sont dans la trappe. Seul le colonel Assimi Goïta, pour l’instant épargné, et le ministre des Affaires étrangères peuvent souffler. Un statut particulier que peut mettre à profit le chef de la junte militaire pour renforcer son emprise…
Le fait est trop gros pour passer inaperçu : quand la liste des sanctions de la Cedeao contre les autorités de la Transition, trop longtemps attendue ces derniers temps, a été rendue publique, personne ne pouvait raisonnablement penser (excepté les initiés de la chose diplomatique) qu’elle ne mentionnerait pas, en bonne place, le colonel Assimi Goïta, président de la Transition. Celui-là même qui a pris les rênes du pouvoir après avoir mis à l’écart l’ancien président de la Transition, le colonel-major à la retraite Bah N’Daw, et son Premier ministre, Moctar Ouane.



Eh bien ! C’est bien le cas : sur la liste des personnalités sanctionnées par la Cedeao ne figure pas le maître à bord, le colonel Assimi Goïta. Un fait qui a provoqué beaucoup d’interrogations au sein de l’opinion publique qui, profondément divisée sur le régime de ces sanctions décidées par les chefs d’Etat de la sous-région, n’a pas bien compris comment le nom du chef de la junte avait été omis.

Et cela, du fait qu’à priori, l’organisation sous-régionale, qui a rendu publique la liste des sanctions, n’a même pas daigné avancer la moindre justification à son geste à l’égard de l’homme fort de Bamako. Et cela, d’autant qu’il n’est pas le seul absent parmi les autorités sanctionnées.

Déjà, du fait que le chef des chefs est, pour l’instant, épargné par les sanctions, on se demande dans plusieurs chapelles politiques si une telle opportunité politique ne sera pas mise à profit par l’intéressé pour étendre son emprise sur l’ensemble de l’architecture politico-administrative du pays, voire de la transition, y compris sur la mouvance militaire, au sein de laquelle, il est clair que même désigné autorité suprême, il était contraint, avant cette situation, lui le colonel Assimi Goïta, à une sorte de jeu d’équilibrisme avec les autres composantes militaires au pouvoir.

Désormais seul maître à bord en raison du fait qu’il est l’une des rares personnalités nationales à garder son attribut de représentant du pays, en compagnie de son ministre des Affaires étrangères, également personnalité malienne épargnée par les sanctions, le colonel Assimi Goïta est dans une bien meilleure posture lui permettant de peser sans encombre dans la balance.

Dans une junte militaire, de surcroit de jeunes officiers, ayant jusqu’ici, sans histoires, partagé les attributs au pouvoir, cela n’est pas rien pour lui d’autant qu’il aura les coudées franches pour redistribuer, à son entendement, les cartes entre les différents segments.

En dehors de lui, au milieu de tous les autres compagnons, toutes les autres têtes d’affiche connues de la junte militaire au pouvoir, sont concernées par les sanctions décidées par la Cedeao. Etant ministres ou membres du CNT, organe législatif de la Transition, tous les jeunes officiers au pouvoir sont à ce titre pris dans la nasse de la communauté sous-régionale.

C’est bien un statut singulier qu’aurait bénéficié le colonel Assimi Goïta de la part de l’organisation sous-régionale qui a durci ses sanctions contre les autres compagnons militaires du président de la transition.

Beaucoup d’observateurs y voient la possibilité, plus subtile, pour lui d’élargir sa marge de manœuvre politique ; histoire de passer à la vitesse supérieure dans la perspective de fixer un nouveau cap pour la transition. Il en aura désormais la pleine capacité d’en décider ainsi d’autant qu’il gardera, par dévers lui, les fils conducteurs de tout le mécanisme du jeu politique et institutionnel de la transition.

Va-t-il en profiter pour revoir la copie de la transition ?

C’est là toute l’énigme politique de la chose. Le fait que le ministre des Affaires étrangères, en l’état actuel des choses, puisse être épargné par les sanctions renforce toujours la main mise du colonel Assimi Goïta sur ses compagnons militaires, en ce sens que ce dernier, le très agissant Abdoulaye Diop, est considéré comme un homme clef du président de la transition, avec lequel il a toujours su compter pour pousser les pions.

De cette posture, plusieurs opportunités s’offrent désormais au colonel Assimi Goïta qui sait bien qu’il doit obligatoirement desserrer l’étau des pénalités et des sanctions sur son pays, déjà en proie à de gros périls existentiels.

Tout d’abord, à l’évidence, le président Assimi Goïta serait bien inspiré de profiter de cette nouvelle posture pour tenter d’opérer un nouveau cap sur la conduite des affaires publiques. La transition, qui a du mal à créer une dynamique de cohésion en son sein, en a fort besoin pour se donner très rapidement un nouveau souffle.

De plus, le colonel Assimi Goïta, qui a beaucoup tergiversé sur le sort de la transition, a lui aussi besoin d’un meilleur cadrage des objectifs et des priorités de la transition. Pour y parvenir, il lui faut prendre l’initiative des choses. Il en a alors aujourd’hui l’opportunité avec le fait qu’au-delà des intrigues de pouvoir, imaginables ou non, il est devenu le seul capitaine à bord du bateau, capable d’orienter, de ce fait, les choses autour de la transition. Et cela, avant que les choses se ne corsent avec la Cedeao qui pourrait envisager de nouvelles sanctions. Si la situation intérieure du pays ne s’améliorait pas.



Oumar KONATE
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