Beaucoup de salariés redoutent de se plaindre par peur des représailles. Animés qu’ils sont du sentiment de n’être que « des robots interchangeables à la moindre occasion ».
Constat : entre maigres salaires, cadences, pression constante, brimades, et peur de licenciements non justifiés, les salariés des boulangeries sont mis à mal. Ces expériences catastrophiques sont loin d’être des cas isolés. Malgré ces conditions déplorables, la contestation peine encore à prendre de l’ampleur. En cause notamment, la faiblesse des syndicats, encore trop peu représentatifs, voire inexistants. À cela s’ajoute une réelle méconnaissance des salariés sur l’étendue du pays et une meconnaissance de leurs droits. Beaucoup redoutent de se plaindre par peur des représailles. Certains salariés craignent même qu’un témoignage à l’encontre de leur condition d’emploi puisse leur porter préjudice. Une peur de perdre son poste. « Nous sommes juste des robots interchangeables à la moindre occasion »regrette Bakary.
Les patrons démontrent une volonté de contourner la loi pour ne pas à avoir à immatriculer leurs employés à l’INPS – qui assure la protection sociale des salariés contre certains risques qui sont: les charges de famille, les accidents de travail et les maladies professionnelles, la vieillesse, l’invalidité et le décès, pas non plus d’assurance maladie obligatoire.
Dégoûté, Karim ne souhaite plus poursuivre son travail au-delà des deux prochains mois. Bouba, a de son côté l’impression « d’avoir vieilli de cinq ans après une année passée dans une boulangerie du centre-ville de Bamako. Les jeunes, particulièrement, ont beaucoup de mal à supporter le rythme très soutenu de travail, de la nuit au matin tous les jours et sans repos les jours de fête. « Nous sommes juste des robots interchangeables à la moindre occasion »
Les conditions de travail “déplorables” des salariés, parfois gagnés par un « sentiment d’abandon », ont menacé d’observer un mot de grève de 3 jours allant du 20 au 22 décembre y compris sur toute l’étendue du territoire nationale. La proposition soumise au vote, samedi, a reçu l’assentiment de la majorité des participants à la réunion d’information et de sensibilisation.
Baisse du niveau de vie
Nul ne conteste que leur pouvoir d’achat ait baissé ces derniers mois, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, des augmentations fortes du loyer des habitations. Mais à combien s’élève cette dégradation du niveau de vie ? Les comparaisons en ce domaine restent toujours délicates. Les salaires n’ont point évolué. Ils oscillent entre 30.000 et 35.000 dans la plupart des cas. Seuls quelques privilégiés se tapent 50.000 F CFA mensuels. Les deux syndicats de boulangers et pâtissiers disposent d’un levier principal pour agir sur le pouvoir d’achat : les revenus. Ce levier peut faire l’objet de différentes mesures: une hausse des salaires, la revalorisation du travail de dimanche et jours fériés chômés. Combien c’est payé ? 1.000 F CFA contre une exigence de 5.000 F CFA par temps de travail formulée par les travailleurs.
Du côté des patrons, obtenir des réponses est là aussi compliqué. Aucun n’a voulu témoigner concrètement, même de manière anonyme. Quand il s’agit de conditions de travail, le silence prime.