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Sylvain ITTE ambassadeur , envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique :« Le renforcement de la relation se fera en se reparlant et lorsque les autorités maliennes auront clairement exprimé ce qu’elles veulent et attendent de la France »
Publié le mercredi 24 novembre 2021  |  Nouvel Horizon
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Conviés a un « petit déjeuner » à la Résidence de France avec d’autres confrères à l’occasion de la visite de l’Ambassadeur Sylvain ITTE, nous avons eu l’occasion d’échanger en  Aparté avec le diplomate  avant qu’il ne prenne la route pour un autre rendez-vous. Nommé en octobre 2020 envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique par le Président Emmanuel Macron, MR ITTE est le tout premier à occuper ce nouveau poste destiné à valoriser l’action française en Afrique et à établir des liens   non pas avec les dirigeants des pays africains, mais avec les sociétés civiles.En visite éclair de deux jours dans la capitale Malienne, l’ambassadeur a eu l’occasion d’échanger avec un large éventail de personnes issues de la société civile, mais aussi avec des franco-maliens venus s’installer au Mali ainsi que des jeunes maliens ayant récemment participé au nouveau Sommet Afrique France qui s’est tenu à Montpelier en octobre dernier. Cette innovation en termes de diplomatie française intervient à un moment ou les relations entre plusieurs pays d’Afrique et la France sont au plus mal et particulièrement celles avec le Mali.À notre Micro, l’Ambassadeur Sylvain ITTE nous en a dit davantage sur les missions qui lui sont assignées ainsi que les raisons de sa visite au Mali.   NOUVEL HORIZON : Bonjour Mr Sylvain ITTÉ, vous êtes ambassadeur, envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique, Pouvez-vous nous expliquer quel est votre rôle.Mr SYLVAIN ITTÉ: D’abord Bonjour, merci d’avoir accepté mon invitation avec vos collègues à cette réunion. Ma mission est une nouvelle mission qui a été décidée par le ministère des affaires étrangères et le président de la république. Elle consiste, dans le cadre de mes fonctions diplomatiques, d’avoir une vision un peu plus large dans le sens ou mon objectif premier est de dialoguer et d’aller à la rencontre des sociétés civiles africaines, en Afrique biensur mais également en France. J’ai pendant la première année dans l’exercice de mes fonctions beaucoup rencontré ce qu’on appelle communément la diaspora, et notamment la diaspora malienne avec laquelle j’entretien un dialogue constant en France. Débats au cours desquels je peux expliquer également les positions françaises et aussi entendre et écouter ce que les sociétés civiles ont à dire.NOUVEL HORIZON : Quelles sont les raisons de votre visite au Mali et quelles autorités avez-vous rencontré ?Mr SYLVAIN ITTÉ : Le premier objectif de cette mission était d’aller à la rencontre de représentants de la société civile et de la jeunesse malienne. J’ai rencontré des journalistes, mais également des franco maliens qui ont fait le choix de revenir au Mali pour créer une entreprise ou créer un business. J’ai rencontré également plusieurs jeunes maliens qui ont participé au nouveau sommet Afrique-France de Montpelier en mois d’octobre. Et puis bien sur je suis allé voir des radios, et des personnes qui m’ont parlé de la relation (Mali-France) et de la manière dont ils voient la relation avec l’Afrique et notamment entre le Mali et la France. C’était ça mon premier objectif.J’aurai un entretien cet après-midi (ndlr :hier) avec le ministre des maliens de l’extérieur, avec lequel je m’entretiendrai bien évidemment des relations entre les deux pays, mais aussi du rôle et de la place que joue la communauté malienne en France.Mon objectif n’était pas de rencontrer les autorités, nous avons un ambassadeur ici dont la mission est bien évidemment d’avoir cette relation privilégiée avec les autorités. Ma mission était plutôt d’être là pour dialoguer et rencontrer ce qu’on appelle communément la société civile pour essayer encore une fois de percevoir leur sentiment et leur appréciation de cette relation entre l’Afrique et la France et entre le Mali et la France particulièrement.  NOUVEL HORIZON : Qu’avez-vous retenu de ces échanges avec la société civile ?Mr SYLVAIN ITTÉ : Ce que je retiens principalement c’est que fondamentalement les liens entre le Mali et la France sont des liens historiques mais qui vont au-delà de l’histoire. Ce sont des liens charnels, c’est-à-dire qu’il y a plus de 300 000 maliens en France. Nous sommes ici au Mali depuis très longtemps dans le cadre d’une coopération qui reste l’une des principales coopérations étrangères au Mali. On parle des forces françaises et on parle de l’armée, mais je rappelle que la France est l’un des premiers bailleurs et un des premiers pays en termes d’aide à la société civile et au développement dans ce pays. Donc ces liens sont très forts, ils existent depuis longtemps. Et je crois ne pas me tromper en pensant et en disant que l’immense majorité des maliens que j’ai rencontré ont une relation avec la France qui est une relation de membre de la même famille. Dans les familles parfois il arrive qu’on se dispute, mais en tout cas je n’ai pas perçu de la part de toutes les personnes que j’ai rencontrées autre chose qu’un sentiment d’appartenance et de relation avec la France, comme étant un partenaire. Mais au-delà d’un partenaire, comme étant un membre encore une fois de la même famille.NOUVEL HORIZON : Ne pensez vous pas qu’échanger avec la société civile risque d’exacerber le manque de dialogue avec les autorités de la transition ?Mr SYLVAIN ITTÉ: Chacun à sa fonction. Encore une fois, le dialogue avec les autorités maliennes existe localement à travers l’ambassadeur de France, dont c’est la mission première. L’ambassadeur et ses collaborateurs ont des relations quotidiennes, et avec les autorités, et avec les administrations, mais également avec la société civile. Mon humble objectif était de pouvoir rencontrer et me faire une opinion moi-même et me faire un sentiment sur la réalité, ou en tout cas, une partie de la réalité de ce qu’est la relation entre le Mali et la France. Ça n’avait pas d’autre objectif ni d’autre ambition.NOUVEL HORIZON : Au termes des échanges que vous avez eu, comment pensez-vous que la relation entre le Mali et la France peut être améliorée ?Mr SYLVAIN ITTÉ : En matière sécuritaire je rappelle que la force Barkhane et la France sont au Mali et y resterons. Il n’a jamais été question d’abandonner le Mali au plan sécuritaire et au plan militaire. Sur le plan global, notre relation est une relation extrêmement étroite. La France reste un des principaux pays partenaire en termes de coopération dans tous les domaines et pas seulement le domaine sécuritaire avec le Mali. Nous sommes de très loin le premier bailleur. Il y a plusieurs centaines de projets de coopération et d’aide au développement. Il y a plusieurs centaines de techniciens et d’experts qui sont aujourd’hui sur des projets au Mali, et ça c’est plus fort que tout le reste. Donc il n’y a, à mon avis, aucune raison que sur le court ou le moyen terme ceci change, à moins que les autorités maliennes en décident autrement. La souveraineté du Mali est une assurance. C’est aux autorités maliennes de décider de ce qu’elles veulent également construire et continuer à construire avec la France, qui elle-même est un état souverain et qui a décidé jusqu’à présent volontairement de coopérer et d’aider le Mali et sur le plan sécuritaire et sur le plan du développement. Chacun dans le cadre de ses prérogatives et de sa souveraineté a le droit de continuer cette coopération et moi je la souhaite bien évidemment, soit de la reformer ou pas.L’amélioration ne se décrète pas d’un trait de plume. Il y a nécessité je crois, dans cette affaire et dans cette « crispation » des relations entre le Mali été la France, au cœur des questions sécuritaires.  La France a exprimé clairement son positionnement et ses vus en la matière. Je crois que c’est aux autorités maliennes de décider exactement ce qu’elles veulent à l’avenir en la matière. Nous sommes au Mali, c’est les autorités maliennes qui décident souverainement de ce quelles veulent. Le renforcement de cette relation se fera également au fil du temps en se reparlant et lorsque les autorités maliennes auront clairement exprimé ce qu’elles veulent également et ce qu’elles attendent de la France.QUI EST SYLVAIN ITTÉ ?Diplomate chevronné, avec plus de 35 ans d’expérience dans ce domaine, Sylvain ITTE est né au Mali à Bamako. Ayant exercé la majeure partie de sa carrière hors de la France, il a su acquérir une riche expérience diplomatique.  Il a entre autres occupé diverses fonctions, notamment conseiller technique auprès du Cabinet du Ministre de la Défense , consul General adjoint  de France à Sao Paulo (Bresil), Chef de cabinet du ministre de la coopération ,Consul général adjoint de France à Madrid, Ministre conseiller au Cameroun,  Directeur général France Coopération International ,consul général de France à Sao Paulo, Directeur de cabinet de la ministre chargée des Français de l’étranger; Ambassadeur de France en Uruguay , Ambassadeur de France en Angola et dernièrement envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique.  Cette innovation en termes de diplomatie publique destinée à l’Afrique constitue une lourde tâche en cette période ou les relations entre la France et plusieurs pays d’Afrique se dégradent. Sylvain ITTE a d’ailleurs récemment été à Bangui, en république centre africaine pour selon plusieurs médias « dresser le bilan » et tenter de « reprendre un dialogue constructif » avec les autorités centre africaines , alors que la relation entre les deux pays était au plus bas. Il a aussi activement participé à l’organisation du nouveau sommet Afrique France qui a mobilisé près de 3000 participants issus de la société civile et de la jeunesse africaine. Maillon fort de la nouvelle politique Africaine d’Emmanuel Macron, il est celui qui aujourd’hui se rend directement à la source pour échanger avec les populations africaines, acteurs de la société civile et jeunes afin de s’imprégner sans filtre, des réalités du pays et du ressenti qu’ont les locaux de la politique africaine appliquée par la France
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