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Avenir de la transition : Chronique d’une décapitation ratée de l’exécutif
Publié le mercredi 24 novembre 2021  |  national
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Le piège mortel n’a pas fonctionné, pas du tout. De toute évidence, des grains de sable inattendus ont contrarié les intentions sournoises et perfides. Sinon, tout avait été manigancé, quelque peu même savamment orchestré, pour casser la transition. L’échec de la tentative a accouché d’une mise en scène hilarante. Chronique.
Difficile d’affirmer que l’ancien ministre des Mines, de l’Energie et l’Eau, Hamed Sow, cadre de haut vol et d’une compétence que nul ne dispute, qui a produit en 2013 un projet de société mirobolant en tant que candidat à l’élection présidentielle, a trempé dans la mise en œuvre d’un complot. L’homme est habitué à donner son opinion sur la marche de l’Etat, on l’a régulièrement vu sur les plateaux de communication à cet effet. Mais la chronologie de certains faits ayant précédé le fameux sommet extraordinaire du dimanche, 07 novembre 2021, des chefs d’Etat de la Cedeao consacré aux transitions malienne et guinéenne, exige qu’il soit cité. Quelques jours auparavant, il avait en effet soutenu sur sa page Facebook qu’il avait mûrement réfléchi au devenir de la transition en cours dans notre pays et que, après avoir discuté avec des partenaires extérieurs et des acteurs de l’intérieur, il lui est apparu qu’il est illusoire que le Mali se tienne sur la position de tenir tête à la communauté internationale, Cedeao et Nations-Unies notamment. Son analyse, destinée à l’opinion publique nationale, mais pas que, a été diversement interprétée. Normal puisque l’homme n’est pas n’importe qui, il a été, outre d’avoir occupé un poste ministériel important, conseiller spécial du président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré en l’occurrence, chargé du suivi de grands chantiers stratégiques de l’Etat. On ne peut raisonnablement pas lui chercher noise d’opiner sur la marche du pays en prenant langue avec des joueurs nationaux et internationaux.



En revanche, les choses se précisent à sa suite. Surfant sur les menaces et les rodomontades des décideurs français, Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, Florence Parly, entre autres, des mousquetaires maliens du « Cadre d’échanges des partis politiques et regroupements de partis politiques pour une transition réussie » ont repris du poil de la bête. Leurs maîtres dans l’Hexagone ayant montré sans nuances qu’ils voulaient la fin rapide de la transition malienne afin que leurs valets reprennent les rênes du Mali dans l’intérêt géostratégique supérieur de la France et pour les conforts personnels des mercenaires nationaux, ils ont cru l’heure venue de pousser fort les pions pour acculer le Président de la Transition, le Premier ministre et tout le gouvernement de sorte que nul ne puisse reprendre le souffle. Harcèlement à chauffer tant les nerfs que l’esprit ne peut fonctionner normalement et que l’intelligence patriotique en vienne à ne pas être sereine. Dr. Hamidou Boly, représentant spécial de la Cedeao au Mali et petit pion de la France, et déclaré persona non grata depuis, avait joué en amont en prenant langue avec la cinquième colonne, politiciens et acteurs de la société civile pressés d’en finir avec la transition, au nom de Tonton Macron pour qui tous les délinquants financiers traqués par la justice malienne sont des politiciens d’envergure, potentiels repreneurs de l’Etat malien, que l’on élimine systématiquement. On comprend aisément que si les conjurés maliens de la macronie, ennemis de l’intérieur si sûrs d’eux-mêmes subitement qu’ils ont sans précaution découvert leur front avaient réussi leur coup de décapiter la transition, les desperados seraient sortis de la prison et des mailles des filets de la justice, puis célébrés comme des héros. Le Parena, oubliant qu’il a rejoint IBK sans pouvoir empêcher sa chute, se fend d’une analyse de la situation en douze points (décrivant un état des lieux apocalyptiques) qui se résument en deux fausses dribbles : faute de volonté politique, la transition est dans l’impasse ; pour l’en sortir, il faut ouvrir le gouvernement à ceux qui ont justement causé la chienlit dans laquelle se trouve le Mali parce que ce sont ces derniers qui détiennent les remèdes de cheval ! Une scélératesse politico-sociale que Machiavel récusera.

Entre temps, alors président du Cadre d’échanges des partis qui ont échoué avec IBK, Housseyni Amion Guindo dit Poulo demande à rencontrer le Président de la Transition, mais nuitamment à Kati. Au cours de cette audience nocturne, il se laisse aller à des confidences, promettant de ne jamais s’inscrire dans la logique de déstabilisation souhaitée par l’ambassadeur de France qui pousse l’opposition, qu’il sait bien faible, à occuper le boulevard de l’indépendance, des nervis au service de la France étant prêts à faire le reste du sale boulot : saisir l’occasion pour décapiter pour de bon la transition. N’empêche va présider, le samedi, 06 novembre, à 24 heures près du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cedeao à Accra, le meeting du Cadre d’échanges au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba, comme pour galvaniser ces derniers, à l’issue duquel meeting dit géant il proclame : « Nous serons bientôt sur le boulevard de l’indépendance ». Sans trop y croire puisqu’il sait pertinemment que la foule accourue au palais de la culture n’était pas un foudre de guerre car les Maliens, dans leur écrasante majorité, sont de cœur avec les autorités de la Transition et contre les suppôts de la France. D’ailleurs, une simple opération de division des spectateurs du Palais de la culture entre les différents partis politiques et les regroupements de partis politiques du Cadre d’échanges aura vite fait de démontrer que, prises individuellement, chacune de ces formations politiques ne pourrait pas intrinsèquement remplir une cabine téléphonique. L’idée d’occuper bientôt le boulevard de l’indépendance est une prétention mal placée, un leurre grandeur nature.

Il fallait trouver une parade. Poulo, mauvais magicien, sort de son chapeau le jeudi, 11 novembre, le lapin de son enlèvement raté. Tout en assurant être en lieu sûr, il dit continuer la lutte, fusse au prix de son sang, pour ce Mali, sa seule patrie. Vendredi, il peste sur RFI contre la transition, la traitant de fascisme de nouvelle génération. Par la même RFI, on apprendra dimanche qu’il a rejoint chez lui, après avoir obtenu des garanties du ministre de la Sécurité et de la Protection civile. Etait-il donc si caché ? Le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des Sceaux, a vite fait d’ouvrir une enquête sur ses allégations d’enlèvement. A la suite de cette décision du garde des sceaux, il a porté plainte au niveau de la justice en précisant qu’il a remis des éléments de preuve de son présumé enlèvement. Les Maliens attendent impatiemment la suite.

Al-Hassan Bah

Luc Sidibé
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